Vingt-sept personnes sont renvoyées devant la justice marseillaise, soupçonnées d'avoir participé à des réseaux internationaux de blanchiments de fonds attribués à la bande criminelle corse du "Petit Bar". Elles sont poursuivies pour des faits notamment de blanchiment, de racket ou encore d'association de malfaiteurs. Une audience relais, prévue le 27 septembre, fixera les dates du procès.
Lourde de 934 pages, l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de Marseille rédigée par deux juges d'instruction et datée du 8 août, suit donc les réquisitions du parquet de Marseille fin juin.
Vingt-sept personnes comparaîtront en 2025 dans le cadre du volet financier de l'enquête visant la bande criminelle du Petit Bar, connue pour trafic de drogue, extorsions et assassinats, pour des faits de blanchiment, racket ou encore d'association de malfaiteurs. Une audience relais, prévue le 27 septembre, fixera les dates du procès.
Il viendra conclure une vaste et longue enquête diligentée par la JIRS, la Juridiction Interrégionale Spécialisée de Marseille. Une procédure qualifiée de "tentaculaire" par nos confrères du Nouvel Obs, qui ont eu accès au document :
“L’enquête allait permettre de s’immiscer dans le quotidien d’un clan particulièrement actif, ayant à sa disposition des fonds particulièrement importants qu'il faisait circuler entre Paris et la Corse, servant à assurer des trains de vie d’envergure et avait réussi à infiltrer le monde économique, de la finance internationale, de grands groupes économiques nationaux mais aussi les plus hautes instances de l’État”, écrivent les magistrats marseillais en charge du dossier.
Les précisions de Jean-Philippe Mattei :
Parmi les 27 prévenus, figurent Jacques Santoni, Pascal Porri et André Bacchiolelli. Tous trois sont présentés par les services d'enquête comme faisant partie de l'équipe du "Petit Bar". Idem pour Mickaël Ettori. Actuellement en fuite, il est également concerné par la procédure.
"Acharnement et emballement"
Avocat de Pascal Porri, Me Emmanuel Molina avait réagi à ce réquisitoire : "Au prix de raccourcis et d’extrapolations particulièrement contestables, et alors que la cour d’appel d’Aix-en-Provence et la cour de cassation restent saisies de plusieurs recours dans ce dossier, et que plusieurs demandes d’actes doivent encore être traitées et examinées, le parquet a précipitamment requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Monsieur Porri et d’une dizaine d’autres personnes pour des délits essentiellement financiers."
Pour le pénaliste marseillais, "la disproportion manifeste - pour ne pas dire la démesure - existante entre la réalité des faits et le fatras des infractions alléguées soulève des difficultés juridiques non purgées et traduit une forme d’acharnement et d’emballement que nous dénonçons depuis le début de cette procédure d’ores et déjà invalidée sous plusieurs aspects".
Observations jusqu'au 11 juillet
Certaines personnes présentées comme des proches des membres présumés du Petit Bar - épouses et compagnes - seront elles aussi appelées à comparaître devant le tribunal.
Il en va de même pour d'autres mis en cause dans ce dossier, présentés dans le réquisitoire comme des soutiens financiers de la bande criminelle ajaccienne. C’est le cas d’Antony Perrino. Dans ce même dossier, l’entrepreneur insulaire avait été incarcéré pendant neuf mois avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire en octobre 2021.
"Nous allons, parce que la procédure nous y autorise, fournir à notre tour des éléments d'explication sous forme de mémoire adressés aux deux juges qui vont nous permettre de fixer la position qui est celle d'Antony Perrino à l'égard de l'ensemble de ces faits, explique son avocat Me Julien Pinelli. Suite à cela, le magistrat instructeur, reprenant les éléments de ce réquisitoire définitif et reprenant nos observations, décidera ce qu'il y a lieu de faire, à savoir ordonner, nous l’espérons en tout cas, des non-lieux pour une partie des faits. Et puis ordonner, s'il l’estime nécessaire, le renvoi des différents mis en examen devant la juridiction de jugement."
Le pénaliste corse inscrit au barreau d'Aix-en-Provence ajoute :
"Nous sommes à une phase de la procédure où doit s'enclencher justement une argumentation. J'imagine assez mal que les juges d'instruction, compte tenu du travail qu'ils ont accompli dans cette procédure, puissent en quelque sorte se laisser convaincre par sept pages d'argumentation qui viennent ponctuer plus de 750 pages de résumé. J'ose espérer qu'il en faut un peu plus tout de même pour acquérir la conviction de ce qu’Anthony Perrino mérite d'être renvoyé devant une juridiction de jugement sous les qualifications qui sont proposées."
D'autres personnes poursuivies dans cette affaire se trouvent actuellement toujours en détention.
Contacté samedi 6 juillet, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, ne souhaite pas, pour l'instant, commenter le renvoi demandé par le parquet.
avec AFP