La société nationale de sauvetage en mer (SNSM) est un service entièrement composé de bénévoles. L’association, qui fête ses 50 ans cette année, compte 10 stations en Corse.
Volet 1 : exercice avec un nouveau canot de sauvetage
Au pied de la citadelle de Calvi, le canot de sauvetage de la SNSM se prépare à sortir en mer. Marius, c'est son nom, est arrivé cet hiver en Balagne.
Sa coque est verte, le signe distinctif des « canots tout temps », les plus grosses embarcations de la société nationale des sauveteurs en mer.
« C'est du matériel espéré depuis quelques années parce que c'est un matériel qui est adapté à la Méditerranée. Et surtout à notre zone de recherche, qui est tout de même assez large. La caractéristique de ce canot c'est que c'est un canot qui est tout temps, qui mesure 18m et qui est surmotorisé donc du coup on peut arriver très vite dans de très mauvaises conditions », précise Nicolas Lavigne, président SNSM à Calvi.
La zone de recherche de la SNSM Calvi s'étend du nord du golfe d'Ile Rousse au sud du golfe de Porto. C'est le secteur le plus étendu de France. Et selon les missions, les sauveteurs peuvent même aller au-delà.
Des exercices en mer sont organisés pour que les sauveteurs se familiarisent avec le nouveau canot. Mais les sauveteurs peuvent être mobilisés à tout moment par le CROSS, le centre régional opérationnel surveillance et sauvetage.
Premier scenario du jour : une explosion a déclenché un incendie dans un bateau qui a sombré. Le couple de plaisanciers s'est réfugié dans un radeau de survie. Les plongeurs de la SNSM doivent les rejoindre. Les deux nageurs orange sécurisent les victimes, jusqu'à l'arrivée du PUMA, l'hélicoptère de l'armée de l'air, qui treuille ensuite ses plongeurs.
Le vol sera de courte durée. Les victimes sont immédiatement débarquées sur le canot. L'opération est technique, car l'hélicoptère et le canot doivent être tout à fait synchrones. Premier exercice réussi.
Les sauveteurs s'entraînent ensuite au remorquage. Une opération classique, mais qu'il faut répéter. Car le jour J, le vent, la houle et la circulation maritime peuvent compliquer la tâche.
D'autant que les bénévoles de la SNSM n'ont pas tous les automatismes liés à la pratique de la mer. « Quand je suis entré à la SNSM j'étais jeune, il y avait environ 80 à 90% de marins. Maintenant il y a 3 à 4% de marins dans les populations SNSM donc on a complétement changé nos formations et on est obligés de passer par une période d'amarinage », précise François Guettard, patron du Marius.
L'autre difficulté, c'est d'apprendre à connaître le nouveau canot. Et les occasions sont rares. Car il faut jongler avec les emplois du temps des membres d'équipage. Si certains sont retraités, d'autres ont une activité professionnelle.
« C'est pas du tout notre boulot donc tout l'hiver on l'a passé à remettre en état le canot et maintenant il va falloir se mettre à pied d'œuvre pour apprendre à l'utiliser et à ce que l'opération se passe sans encombre », précise Nicolas Lavigne, président SNSM à Calvi.
Petit rappel aux plaisanciers : en cas de problème, le canal d'urgence est le 16 pour joindre le CROSS par radio, 196 par téléphone.
Au centre hospitalier de Bastia, internes et étudiants pour renforcer les effectifs
Dans un des couloirs de l’hôpital, une femme a du mal à respirer. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle n’est pas une patiente, mais la maman d’un petit garçon qui s’est cassé le bras à l’école. Dans le box voisin, une jeune femme, enceinte, souffre de douleurs dans le bas-ventre. Elle est prise en charge par un étudiant en médecine sous le contrôle du chef de service.
L'été, aux urgences de Bastia, quatre internes et deux étudiants faisant fonction d'internes viennent renforcer l'effectif. Geoffroy Groussard, un étudiant rennais a déjà fait plusieurs stages. Il aurait pu profiter de ses vacances, mais il a préféré postuler au centre hospitalier de Bastia.
« J'ai fait tous les services d'urgence, que ce soit gynécologie, pédiatrie, adulte, psychiatrie… C'est vrai que c'est très spécialisé, il y a des supers équipes. Mais on ne voit pas tout en même temps donc je voulais aller plutôt dans un hôpital de périphérie. Et là avec l'affluence des estivants, c'était l'occasion rêvée pour moi de venir là, pour voir plus de choses », précise-t-il.
Passer des vacances studieuses au cœur des urgences bastiaises. C'est ce qui a décidé Serena Guerrini à devenir médecin urgentiste. Cette année, elle revient en tant qu'interne, et à force, elle connaît le service comme sa poche. « Moi, j'ai appris à suturer ici en deuxième année, avec tous les petits tracas de la vie quotidienne, quand on fait le barbecue qu'on se coupe en coupant la viande, mes premiers hameçons je les ai sortis ici aussi, tout ce genre de chose quoi », sourit-elle.
C'est gagnant-gagnant. D'un côté, les étudiants apprennent, de l'autre, ils soulagent les médecins seniors, qui peuvent se consacrer aux cas les plus graves.
Mais pour le médecin-chef des urgences, les personnels qui, comme Serena, reviennent chaque été, ont un autre avantage. « Quand on appelle pour une urgence réelle, il ne faut pas qu'il y ait de discussion. Il faut que la confiance soit de part et d'autre et donc il faut se connaître. Faut avoir l'habitude de travailler ensemble, connaître les mêmes protocoles, et connaître les circuits dans l'hôpital, voire même sur la région corse, voire même les évacuations sanitaires » explique le docteur André de Caffarelli, directeur du service des urgences du centre hospitalier de Bastia.
Voilà pourquoi, en prévision des remplacements estivaux, le service tient à jour une liste des médecins urgentistes qui connaissent bien la maison. C'est le cas du docteur Delbosco, en charge du circuit court ce jour-là. Son rôle ? Prendre en charge les patients les moins graves. Parfois, c'est à se demander pourquoi ils sont venus à l'hôpital.
« Quand c'est de la traumatologie où là il y a des suspicions d'entorses graves, de fractures, bien évidemment de la suture, là la case urgence est presque indispensable parce qu'il y a peu de médecins de ville qui font ça. Après, c'est vrai qu'il y a beaucoup de ce qu'on appelle la ‘bobologie’ alors ce n'est pas par mépris, mais c'est pour dire que ça reste de l'urgence ressentie, plus que d'urgence vitale », estime Marion Delbosco, médecin contractuelle au centre hospitalier de Bastia.
Ce jour-là, il n'y avait pas foule, 88 admissions seulement, alors qu'en cette saison, plus d'une centaine de patients transitent par le service chaque jour. Pourtant, les box sont pleins et certains brancards sont dans le couloir.
Le manque de place est la difficulté pour les soignants. Mais ils devront continuer à faire avec, car pour l'instant, aucune date n'est avancée pour les travaux de modernisation des urgences. Son coût est estimé à deux millions d'euros.
Jour d'entraînement pour les pompiers de la Haute-Corse
Ce jour-là, départ en exercice pour les pompiers. Scénario de la manœuvre concoctée par leurs chefs : une voiture est tombée dans un ravin entre Vescovato et Venzolasca. Des victimes sont à bord.
Sur place, sont rassemblés les hommes de la caserne de Lucciana, les équipes médicales du service d'incendie et de secours et les secouristes du GRIMP, le groupe de recherche et d'intervention en milieu périlleux.
Plusieurs unités, sous le commandement d'un chef de groupe. « C'est important que tous les protagonistes communiquent entre eux parce que chacun dans leur partie, le médical dans le domaine médical, le secourisme dans le domaine secourisme, il faut qu'il y ait une personne à un moment donné qui décide sur les idées de manœuvres à prioriser. Et en fonction de cette priorisation, chaque intervenant, chaque technicien sait très bien ce qu'il a à faire », explique Jacques Bonavita, le chef de centre de Cervioni.
De leur côté, les secouristes du GRIMP installent le dispositif qui permettra d'extraire les victimes du ravin. Au même moment, l'équipe de secours routier procède à leur désincarcération grâce au nouveau matériel acquis par le service d'incendie et de secours de la Haute-Corse (SDIS 2B). Lors de la découpe, il faut éviter de toucher la cartouche de gaz qui déclenche les airbags de la voiture.
L'exercice permet d'acquérir des réflexes et des automatismes. « Avec les véhicules dernière génération, c'est vrai qu'on est confrontés parfois à des soucis, comme vous avez pu le voir au niveau des airbags. On a quand même sur le véhicule de désincarcération une fiche d'aide avec une tablette tactile qui nous permet de voir les différents véhicules », précise l’adjudant Jean-Baptiste Toth, référent secours routier.
Une fois les victimes accessibles et médicalisées, elles sont placées dans la civière et remontées sur la route. Une manœuvre courante pour le GRIMP. « Vu la configuration du terrain en Corse avec des ravins et un peu de tout, on est souvent appelés à bien sûr être amenés à extraire des victimes suite à des accidents ou des chutes dans des ravins ou des puits ou des grandes hauteurs bien sûr. On est habilités à faire des travaux comme ça dans le département », indique Adjudant Laurent Risterucci, spécialiste GRIMP.
Cette fois-ci, c'est un exercice, mais tous les ans, les pompiers de la Haute-Corse font une cinquantaine d'interventions de ce type, avec désincarcération. À chaque fois, les appels arrivent au centre opérationnel de Furiani.
C’est là qu’arrivent 132 000 alertes par an. « Le centre de traitement des appels reçoit les appels et ensuite organise, donc envoie les secours, éventuellement traite avec les services partenaires et gère in fine l'ensemble des opérations, de la prise d'appel jusqu'à la fin d'intervention. L'été, ce qui passe au niveau du centre opérationnel, c'est qu'on scinde l'activité feu de forêt du reste de l'activité. Donc la salle où nous nous trouvons est dédiée aux feux de forêt », raconte le Lieutenant-Colonel Octavien Meschini, chef du Groupement des opérations du SDIS 2B.
Dans l'esprit du public, la lutte contre les incendies est le rôle principal des pompiers, que l'on appelle les « soldats du feu ». Pourtant, sur les 16 000 interventions qu'ils assurent chaque année en Haute-Corse, 75 % relèvent du secours à la personne.
En haute saison, le PGHM sur tous les fronts
De loin, sur une falaise dans la Restonica, on aperçoit que de petits points rouges au milieu des arbres. Ce sont les secouristes du PGHM, le peloton de gendarmerie de haute montagne de Corte.
Une semaine sur deux, les semaines paires, ils assurent le secours en montagne. Les semaines impaires, c'est le groupement montagne des sapeurs-pompiers qui s'en charge. Du coup, les gendarmes en profitent pour s'entraîner. « Là, on travaille nos exercices d'évacuation en paroi. On a travaillé l'évacuation d'une victime par le bas. Et sécurisation sur une plateforme pour une évacuation ensuite par l'hélico », explique Adjudant Antoine Troussel, PGHM Corse.
Secouristes et civière sont reliés à la paroi rocheuse. Lors de l'évacuation, ils devront aussi s'accrocher à l'hélicoptère. Pour palier tout risque, ils utilisent un matériel adapté, développé par le PGHM. « L'hélicoptère a été envoyé sur une opération urgente, une évacuation sanitaire pour un accident cardiaque, donc du coup on va devoir s'adapter et redescendre par nos propres moyens en portant le matériel. Ce n’est pas une chose qui est rare, puisque même en opération de secours, c'est des phénomènes qui arrivent et donc les secouristes sur le terrain doivent s'adapter à la situation », indique le Major Patrice Bonissone, PGHM Corse
L'année dernière, les gendarmes du PGHM ont effectué 210 secours, dont 181 à la belle saison. « On commence à avoir une grosse activité à partir de fin mai, fin mai début juin jusqu'à fin septembre et des fois même début octobre. Mais là, c'est vrai que c'est notre pic d'activité, le reste de l'année, c'est vraiment beaucoup plus calme. C'est la randonnée pédestre qui est la plus pratiquée donc nos interventions se font majoritairement sur cette activité sportive. Après, c'est le canyoning qui vient en deuxième position. Et après, c'est toute une multitude d'activités qui sont liées à la montagne : parapente, VTT, via ferrata. C'est vraiment très varié », complète le Major Patrice Bonissone.
Les conseils aux amoureux de la montagne ? Pratiquer des sports d'endurance, se renseigner sur la météo et avoir toujours dans son sac le matériel nécessaire pour faire face aux intempéries et aux petits bobos.
Le dragon 2B vole à tous les secours
On l'appelle Dragon 2B. En Corse, tout le monde connaît l'hélicoptère rouge et jaune de la sécurité civile.L'hiver, il vient au secours d’une dizaine de personnes en moyenne chaque semaine. Trois fois plus entre juillet et août.
L'hélicoptère n'est pas dédié qu’au SAMU. C'est une machine d'Etat qui peut être déclenchée par tous les services de secours. Comme les pompiers, ou le CROSS - qui gère le secours en mer.
Il peut intervenir sur l'ensemble du territoire, voire même, de façon exceptionnelle, traverser la mer pour remplacer l'avion sanitaire.
Les équipes basées en Corse ont un niveau de compétences supplémentaire à ceux du Continent, et s'entraînent souvent.
« Au niveau des instructions les pilotes et les mécaniciens doivent s'entraîner régulièrement pour voler en mer, pour voler en montagne, pour voler de jour, pour voler de nuit et pour voler dans toutes les conditions y compris les plus mauvaises et savoir voler dans les nuages ou se sortir de situations difficiles en repassant éventuellement dans les nuages », précise Christophe Sauli, pilote instructeur de la sécurité civile.
L'été, ce type de vols d'entraînement est plus rare car les équipages sont soumis aux règles de l'aviation civile. Leur temps de vol est donc rigoureusement encadré. Du coup, ils essaient au maximum d'optimiser leurs déplacements. Ca n'a l'air de rien, mais un aller-retour à l'hôpital pour aller chercher des secouristes, c'est 12 minutes de perdues.
« On est limités à 8 heures de vol par jour, 20 heures de vol sur trois jours. En été effectivement il arrive que l'on arrive à ces butées, donc on évite de faire ces heures qui pourraient nous empêcher d'aller jusqu'à la fin de la journée. », explique Xavier Roy, chef de base de la .sécurité civile
Autre contrainte majeure : la maintenance. Dragon 2B est contrôlé tous les jours. Mais ce modèle d'hélicoptère, le EC-145, est soumis à un planning de révision très strict, toutes les 50 heures de vol, les mécaniciens doivent l'immobiliser pendant deux heures.
À bord de l'hélicoptère, un stock de matériel médical permet de porter secours en toute occasion… et de prendre en charge tous les types d'urgences.
Autre équipement primordial : des lunettes de vision nocturne. Car le Dragon 2B part aussi sur des missions de recherches, souvent, la nuit.
Si vous êtes perdus ou blessés, sachez qu'une simple lumière de téléphone leur permettra de vous retrouver. Pensez à garder de la batterie.