Au chapitre justice l'année 2018 en Corse a été marquée par de nombreux procès et l'apparition de deux repentis. Le premier dans le procès de l'assassinat d'Antoine Nivaggioni, le second dans l'affaire du double meurtre de Poretta.
Le 19 février 2018, s’ouvre à Aix-en-Provence le procès de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni. Et fait inédit, le premier repenti de France arrive sous haute surveillance.
Patrick Giovannoni, l'ancienne petite main du « Petit bar », a changé d'identité. Il témoigne contre ses anciens amis. Le chef présumé du « Petit Bar », Jacques Santoni, accusé d'avoir commandité l'assassinat est absent pour raison médicale.
Après quinze jours de procès, Eric Coppolani, présenté comme le tireur, est condamné à 30 ans de prison. Antoine Mondoloni à 20 ans.
Suite à de nombreux acquittements essuyés par la Juridiction régionale de Marseille, le témoignage du collaborateur de justice semble avoir pesé dans la décision. « C’est une décision qui manifestement est faite pour valider le statut du repenti, et imprégner dans la mémoire des gens que les repentis sont utiles », estimait, le 4 mars 2018, Me Patrice Reviron, avocat d'Eric Coppolani.
Progression dans l’enquête d’Antoine Sollacaro
Ce même repenti a parlé dans un autre dossier sensible de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) : l'assassinat d'Antoine Sollacaro. Sur la base des déclarations de Giovannoni, l'enquête a progressé.
En septembre, un juge d'instruction ordonne le renvoi de trois membres du « Petit Bar » pour le meurtre de l'ancien bâtonnier devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence.
Un deuxième repenti apparaît
Un deuxième repenti apparaît. Cette fois dans l'affaire du double meurtre de Jean-Luc Codaccioni et Tony Quilichini à Poretta. Ses révélations vont fournir des informations importantes. D'après ce témoin précieux, Jacques Mariani se serait allié aux frères Guazzelli pour venger leurs pères respectifs.
Une pure vendetta à l'ancienne. Écoutes, filatures, une vingtaine de personnes st interpellées. Une dizaine mises en examen.
Le procès des frères Pantalacci
La justice a parfois du mal à rendre ses décisions. Le procès des frères Pantalacci accusés d'avoir tenté d'assassiner Yves Manunta, sa femme et sa fille est interrompu. Incidents à répétition, absence des parties civiles, des principaux témoins, et d'une enquêtrice, le procès est interrompu et renvoyé à une date ultérieure.
« Ce dossier est ce qu’il est : un montage pur et simple, fait de manipulations, notamment de manipulations policières, c’est ce que nous sommes parvenus à établir en 2016, d’où la décision d’acquittement », indique Me Paul Sollacaro, avocat des frères Pantalacci.
Ajaccio replonge dans les tensions
Une terrible erreur et Ajaccio replonge dans les tensions. Jean Livrelli, un retraité de 67 ans, sans histoires est tué par un tir de chevrotines, près de Bastelica.
C'est le meurtre de la honte. Les tireurs se sont trompés de cible. Une figure du banditisme, habitant du village possède le même 4X4 que la victime.
Une semaine plus tard, sur les hauteurs de la ville, Guy Orsoni, plusieurs fois poursuivi par la justice, est pris pour cible par une rafale de tirs de fusil d'assaut. Il doit sa survie à sa Mercedes blindée.
Il se savait menacé. « Dans sa fuite, il a été poursuivi par les personnes qui étaient à ses trousses et qui venaient de tirer sur lui. Il a pu leur échapper et il est fort heureusement très légèrement blessé », déclare le procureur de la République d’Ajaccio, Éric Bouillard.
Un mois plus tard, Guy Orsoni circule sur une moto volée avec un ami. Il est interpellé. Dans un sac, les policiers trouvent un fusil de précision et trois armes.
Selon les enquêteurs, il se préparait à cibler une personne du clan adverse, un membre éminent du Petit Bar. Guy Orsoni et Anto Moretti sont incarcérés.
Violences politiques
C'est l'un des derniers procès du FLNC. Pierre Paoli, présenté comme de l’ancienne organisation clandestine, et huit militants comparaissent devant la cour d'assises pour une vague d'attentats contre des villas secondaires.
Pierre Paoli est acquitté. Six nationalistes sont condamnés à trois à six ans de prison dont deux avec sursis. « Je pensais que nos frères allaient tous rentrer à la maison. Ça n’a pas été le cas. Il y a d’autres procès, j’espère que le gouvernement, l’État prendra toute la mesure pour aller vers la paix », soutient Pierre Paoli, accusé lors de ce procès.
Détournements
Cette décision mettra un terme à sa carrière politique. Paul Giacobbi, ancien président de l’exécutif de Corse, est condamné à trois ans de prison avec sursis. Il échappe à la détention, mais la cour d'appel a considéré que des fonds publics ont bien été détournés.
Paul Giacobbi a toujours clamé son innocence. Il forme un pourvoi devant la Cour de cassation qui rendra sa décision au printemps.