Le Comité international de la Croix Rouge n'était en 1914 qu'une association philanthropique genevoise de quelques personnes, coordonnant les comités nationaux. Il va prendre avec la première guerre mondiale une tout autre dimension : juridique, humanitaire et diplomatique.
En créant dès 1914 l'Agence Internationale des Prisonniers de guerre.
Lorsque la guerre éclate, le droit international humanitaire est naissant. Il existe des conventions, mais aucun texte de droit n’oblige les belligérants en matière de prisonniers de guerre. La Croix-Rouge internationale est rapidement submergée par des milliers de lettres de familles inquiètes. Un temps déconcertée, elle crée dès août 14 l’agence internationale des prisonniers de guerre. Elle s’installe dans le Musée Rath de Genève, et recrute rapidement 1 200 collaborateurs. Ce sont principalement des femmes, dactylographes, mais aussi des traducteurs. Car il faut lire, voire déchiffrer les courriers et répondre aux familles dans toutes les langues européennes. Les membres de l’agence seront jusqu’à 3 000, bénévoles puis salariés.
La Croix-Rouge obtient des belligérants, sur la base de la réciprocité, l’identité et le lieu de détention des hommes tombés en leur pouvoir. En quatre ans, l’agence reçoit ainsi 400 000 pages d’avis de capture, de transfert de camp ou de décès en captivité. Sur le front occidental, roumain puis serbe. L’agence recense aussi les civils déportés, otages ou en zone occupée. Ces données sont mises en fiche, par pays, armée et ordre alphabétique. 6 millions au total ! qui répondent aux interrogations des familles et garantissent la correspondance et la livraison de colis.
Parallèlement la Croix-Rouge mène une diplomatie humanitaire. Ses délégués visitent les camps de prisonniers et publient photos et rapports. Le comité a tout compris du pouvoir de la communication. Il n’hésite plus d’ailleurs à faire des rappels publics au droit lorsque surviennent des torpillages de navires hôpitaux, l’emploi de gaz vénéneux ou des représailles contre des prisonniers. Entre 1914 et 1918, le statut du comité international de la Croix-Rouge passe ainsi d’association philanthropique locale à celui d’acteur opérationnel mondial, force de proposition juridique qui amènera en 1929 à la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre.
Le Musée International de la Croix Rouge retrace l’histoire de l’institution de manière très moderne et interactive. Il consacre une salle entière de son installation à ces fiches de militaires dactylographiées et rédigées à la main, témoignages émouvants d’une entreprise humanitaire d’envergure inédite.
Sources et remerciements :
- Le CICR
- Le Musée International de la Croix Rouge, Alessia Barbezat