La République en marche en tête dans la plupart des circonscriptions, les socialistes à la peine, le pari perdu du Front national,.. Comment ce premier tour des élections législatives vient-il changer la donne en Alsace ?
Difficile d'oser la comparaison avec 2012... Les Alsaciens ont, eux aussi, rompu avec leurs vieilles habitudes dans les urnes.
Un changement de cap en faveur du nouveau président qui vient ébranler le paysage politique local.
Un changement de cap en faveur du nouveau président qui vient ébranler le paysage politique local.
- La vague En marche !
Suivant la tendance nationale, les marcheurs ont tout emporté sur leur passage en Alsace...
Les quatorze candidats La République en marche s'invitent tous au second tour.
La candidate de la 4e circonscription du Bas-Rhin décroche la palme du meilleur score avec 41,52% des suffrages. Une victoire quasiment acquise pour Martine Wonner qui brigue son premier mandat politique.
Cette habitante de Truchtersheim et médecin psychiatre vient défier la député sortante Sophie Rohfritsch (LR).
Un visage encore inconnu il y a quelques semaines, à l'image de la plupart des candidats REM...
Bruno Studer commence, lui, à être connu... et reconnu.
Le référent En marche ! dans le Bas-Rhin devance largement Georges Schuler (LR) au premier tour totalisant 39,5% des voix contre 16,6% pour son adversaire. Georges Schuler, ancien suppléant du député sortant André Schneider, bénéficie pourtant d'un ancrage local fort.
C'est sans compter sur les bouleversements politiques récents.
Le professeur d'Histoire-géographie à Cronenbourg de 39 ans semble incarner le renouveau prôné par Emmanuel Macron. Une double victoire pour Bruno Studer qui a coordonné les actions de terrain du mouvement pour la présidentielle.
Les pronostics laissent peu de place au doute quant à sa victoire dimanche prochain.
Même constat dans les autres circonscriptions strasbourgeoises.
Les candidatures REM menacent les deux seuls sièges socialistes en Alsace, dont aucun ne devrait résister à la vague macroniste du second tour.
Dans la première circonscription du Bas-Rhin, Thierry Michels obtient 35,31% des voix contre 13,90% pour le député sortant Eric Elkouby. Sylvain Waserman devance largement Philippe Bies dans sa circonscription totalisant 35,06%. Le député sortant est mis en ballottage très défavorable avec 12,79% des suffrages.
Vincent Thiébaut balaye les autres candidats de la 9e circonscription du Bas-Rhin (35,87%). Ce novice en politique met en ballotage le maire de Brumath, Etienne Wolf (23,26%).
Le duel est plus serré dans la 8e circonscription du Bas-Rhin. Frédéric Reiss (LR) voit ses chances de l'emporter fragilisées par la majorité présidentielle. Le député sortant talonne le candidat REM et maire de Wissembourg, Christian Gleich arrivé en tête (32,98%).
Le renouveau l'a emporté sur l'ancrage local dans beaucoup de circonscriptions alsaciennes. Une tendance à confirmer dimanche prochain pour accéder, pour la première fois, aux bancs de l'Assemblée nationale.
- La droite en net recul
La droite locale est bousculée jusque dans ses bastions par la majorité présidentielle.
Seuls quatre candidats arrivent en tête en Alsace. Laurent Furst, Eric Straumann et Patrick Hetzel devancent des candidats REM à plus de 30%. Aucun n'est élu dès le premier tour.
Antoine Herth s'impose également, mais sans candidat REM face à lui...
L'Alsace devrait envoyer au moins quatre candidats de droite (entendre LR ou UDI) au Palais-Bourbon. Loin, très loin des treize sièges actuels.
- La défaite annoncée du Parti socialiste
Une défaite annoncée face aux candidats de La République en marche et un parti affaibli après la défaite à la présidentielle.
Des échéances électorales qui laissent la fédération locale divisée et à l'avenir incertain.
Une défaite historique
"Pour le PS et ses alliés, c'est une défaite historique et sans ambiguïté qui doit marquer le début de la refondation d'une gauche social-démocrate, responsable et réformiste, fidèle aux valeurs de justice sociale et d’égalité", déclare la Première secrétaire du PS dans le Bas-Rhin.
Le premier adjoint, Alain Fontanel, vient d'officialiser son ralliement à En marche !
©France 3 Alsace
Dans les deux circonscriptions strasbourgeoises où le Parti socialiste se maintient, la France insoumise a menacé les chances des députés sortants jusqu'à la fin du dépouillement.
Dans la première circonscription, Jean-Marie Brom (13,49%) talonne Eric Elkouby (13,9%) soit 123 voix d'écart.
Christine Kaidi (12,28%) est au coude-à-coude avec Philippe Bies (12,79%) dans la deuxième circonscription. Là-aussi, dans un mouchoir de poche : 169 voix d'écart.
©France 3 Alsace
- Le pari perdu du Front national
Sylvain Marcelli s'est qualifié dans la 6e du Haut-Rhin en recueillant 17,31% des suffrages, loin derrière La République en marche de Bruno Fuchs (32,36%). Une victoire en demi-teinte donc pour le candidat frontiste mis en ballottage défavorable.
Dans la plupart des circonscriptions alsaciennes, le Front national s'offre tout de même la troisième place.
Gérard Janus obtient le bon score de 17,17% des voix dans la 8e du Bas-Rhin. Pas suffisant pour se maintenir au second tour : 12,5% des électeurs inscrits sont nécessaires.
- Unser Land accède au second tour
Gérard Simler a réussi l'exploit de dépasser le Front national bien implanté dans le secteur. Eliane Klein recueille 15,91% des suffrages contre 16,85% pour le candidat régionaliste.
L'ancien conseiller général du canton de Marckolsheim ne devrait toutefois pas accéder à la députation face au député sortant Antoine Herth (LR).
Ailleurs en Alsace, Unser land oscille entre 2,2% (1e circonscription du Bas-Rhin) et 8,68% (3e circonscription du Haut-Rhin).
- L'abstention en hausse
C'est la première gagnante du scrutin : l'abstention record.
En Alsace, seuls 46,63% des inscrits se sont rendus dans leur bureau de vote ce dimanche, contre 54,64% en 2012. A l'échelle nationale, ils sont 48,71% à ne pas avoir boudé les urnes.
Les élections législatives, traditionnellement reléguées au rang d’élections secondaires, vont pourtant être déterminantes dans la recomposition annoncée de l'Assemblée nationale.
La faible participation des électeurs alsaciens au premier tour fragilise la légitimité des résultats. D'autant plus que les écarts marqués en faveur des candidats REM dans une majorité de circonscriptions ne devrait pas mobiliser davantage au second tour.