Interdiction des pétards : à bout de souffle, les vendeurs traditionnels redoutent le marché noir

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Dans un communiqué, les préfectures du Haut et Bas-Rhin annoncent l'interdiction de la vente et de l'achat de pétards à partir du 4 décembre 2023. Cette décision, qui intervient depuis quelques années en Alsace, passe mal auprès des différents vendeurs locaux.

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Du 4 décembre 2023 au 3 janvier 2024, les Alsaciens seront privés d'achat, de vente et de transport d'artifices de divertissement. Les départements du Haut et Bas-Rhin interdisent l'usage de pétards pour garantir la "sécurité" des fêtes de fin d'année. La décision est récurrente depuis quatre ans et arrive de plus en plus tôt.

La préfecture du Bas-Rhin évoque dans son communiqué les attroupements, parfois malveillants, causés par l'usage d'engins pyrotechniques dans la rue, mais aussi les violences urbaines survenues fin 2019, où beaucoup d'artifices avaient été utilisés contre des forces de l'ordre. Malgré ces raisons, l'interdiction crée incompréhension et colère chez les vendeurs traditionnels.

Pour beaucoup d'entre eux, la période de décembre était la plus lucrative de l'année grâce à la vente de pétards. Ces derniers craignent désormais le développement de marchés parallèles, en ligne, mais aussi aux frontières alsaciennes. 

"Une perte de chiffre d'affaires abyssale"

Très active sur Facebook, la Maison Kautzmann fait grise mine cette semaine. À côté de posts joviaux annonçant l'arrivée des fêtes, la droguerie alsacienne publie un message de déception lié à l'interdiction de vente d'artifices de divertissement. "L'info est tombée hier, la vente est à nouveau interdite cette année. C'est encore une fois une tradition, un moment de partage et de convivialité qui nous est enlevés."

L'annonce publiée par la préfecture du Bas-Rhin lundi 4 décembre n'est plus une surprise pour l'entreprise de Drusenheim mais est toujours vécue comme un coup dur. "Ça remonte à l'après-Covid. Avant, les gens se rendaient en nombre dans ma quincaillerie, c'était génial. Mais depuis quatre ans environ, je n'ai plus le droit de vendre des pétards", explique Gilles Kautzmann, le gérant du magasin.

Pour la Maison Kautzmann, l'interdiction est avant tout un crève-cœur économique. Avant que des mesures soient prises par la préfecture, l'entreprise embauchait une personne à temps plein pour assurer la forte demande de pétards en fin d'année. Depuis, les pertes financières sont immenses. S'il ne souhaite pas communiquer dessus, le gérant évoque "une baisse de chiffre d’affaires abyssale".

Pour éviter au maximum les dégâts, la droguerie a averti ses clients quelques jours avant l'interdiction. Sur son mur Facebook, le magasin invite les personnes intéressées à se procurer des artifices, anticipant l'inévitable décision de la préfecture.

Des marchés à ciel ouvert en Moselle

La décision préfectorale va-t-elle empêcher l'usage de pétards et mortiers à l'approche de Noël et du jour de l'An ? Au vu des dernières années, où l'arrêté était en vigueur, rien n'est moins sûr. Les férus de pyrotechnie redoublent d'ingéniosité pour se procurer les articles adéquats pour les fêtes. La police alsacienne a vu émerger un commerce parallèle de vente d'engins pyrotechniques ces dernières années, notamment à l'approche du Nouvel An.

En décembre 2022, les autorités avaient saisi plus de 300 kg d'artifices, vendus illégalement sur Snapchat. Les marchandises revendues étaient originaires des pays de l'Est et connaissaient un fort succès sur les réseaux sociaux. Depuis le début d'année, la douane française a saisi "plusieurs centaines de kilos d'artifices" de type mortier, principalement importées d'Allemagne, d'après le ministre de l'Intérieur, Gérarld Darmanin.

Outre le marché en ligne, beaucoup s'approvisionnent via la vente physique. En Moselle, des vendeurs ambulants s'établissent pour contenter la demande alsacienne. À Phalsbourg par exemple, un marché à ciel ouvert s'est monté depuis l'interdiction de vente dans le Haut et Bas-Rhin. L'année dernière, de nombreux Bas-Rhinois s'étaient rendus sur place, certains étaient même repartis avec plus de 600 euros d'articles pyrotechniques.

Cette pratique, bien que légale dans les faits, met en danger l'acheteur qui risque, lui, la saisie de sa marchandise lors du retour en Alsace. 

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