Pénurie d'essence : pourquoi la voiture électrique peine à s'imposer en Alsace

Alors que les automobilistes français sont confrontés depuis plusieurs semaines à une pénurie d'essence, avoir recours à une voiture électrique pourrait être une solution. En Alsace, la transition est encore difficile, même si elle s'accélère.

Ce lundi 17 octobre 2022 s'ouvre le Mondial de l'Automobile, à Paris, dans un contexte de crise du carburant et de transition vers le véhicule électrique. L'occasion de faire le point sur l'évolution du marché de la voiture électrique en Alsace, où ces véhicules gagnent peu à peu en popularité, sans toutefois inonder le marché.

Le parc automobile est en train d'entamer sa transition vers le tout-électrique, un des thèmes majeurs du Mondial de l'automobile. En juin 2022, le Parlement européen a voté la fin des ventes de véhicules thermiques en 2035, soit dans treize ans. En France, les automobilistes sont incités à changer leurs voitures diesel ou essence vers un véhicule électrique.

Mais acheter une voiture de ce type a un prix. Les batteries coûtent cher, et passer à l'électrique est souvent difficile pour les ménages. Même si la part des véhicules électriques dans le parc automobile a fortement augmenté (voir graphique ci-dessous), les voitures diesel ou à essence représentent encore 98 % du parc automobile du Grand Est.

 

Pour cela, des aides existent, comme le bonus écologique, une prime à l'achat d'un véhicule propre. Dans une interview aux Echos du 17 octobre, le président Emmanuel Macron annonce d'ailleurs qu'il portera ce bonus de 6.000 à 7.000 euros pour la moitié des ménages (les plus modestes). Un levier supplémentaire qui doit permettre au marché de l'automobile de s'électrifier plus rapidement. Emmanuel Macron a également indiqué que le dispositif de leasing, qui permet d'acheter un véhicule électrique pour 100 euros pas mois, verra le jour fin 2023.

Les aides existantes ont tout de même permis aux concessions alsaciennes de voir leurs véhicules électriques de plus en plus plébiscités. Hervé Egele, directeur commercial de la concession Peugeot de Sélestat, explique que les voitures électriques ou hybrides représentent aujourd'hui 35 % de ses ventes : "On a connu un pic à plus de 60 % en mars, au début de la guerre en Ukraine, quand le prix de l'essence a explosé."

Tout cela ne serait pas possible sans les aides à la conversion.

Hervé Egele

Directeur commercial de la concession Peugeot de Sélestat

Le directeur commercial ajoute que les profils des acheteurs de véhicules électriques sont différents : "Certains viennent par opportunisme, parce que le carburant coûte de plus en plus cher. D'autres par conviction écologique. Mais ce qui est sûr, c'est que tout cela ne serait pas possible sans les aides à la conversion."

Tout le monde n'achète pas électrique donc, mais en tout cas plus propre. Résultat, les véhicules les plus polluants disparaissent progressivement du parc automobile. Dans le Grand Est, le nombre de véhicules classés "Crit'Air 5" a diminué de près de 70  % entre 2011 et 2021. Dans le même temps, on compte 18 fois plus de véhicules classés "Crit'Air" 1.

L'évolution des véhicules selon leurs "Crit'Air" a une importance toute particulière dans les agglomérations de Strasbourg et Mulhouse. La Zone à faibles émissions (ZFE) de l'Eurométropole de Strasbourg a vu le jour le 1er janvier 2022. Elle a pour objectif de diminuer la pollution de l'air, responsable de 40.000 décès par an sur le territoire national, d'après une estimation de Santé publique France. Pour relever ce défi de santé publique, les véhicules les plus polluants seront progressivement interdits, dès le 1er janvier 2023.

Il s'agit ici de la seule ZFE en Alsace. Mais comme le prévoit la loi, toutes les agglomérations françaises de plus de 150.000 habitants doivent créer une telle zone d'ici le 1er janvier 2025. M2A (Mulhouse Alsace Agglomération) emboîtera donc le pas de la capitale alsacienne. 

ZFE, mode d'emploi

Dans l'Eurométropole de Strasbourg, les véhicules classés "Crit'Air 5" seront interdits au 1er janvier 2023. Une mesure qui devrait concerner peu de monde, la vignette ne représentant que 1,3 % des voitures particulières en 2021.

Un an plus tard, les "Crit'Air 4" seront à leur tour interdits, eux qui représentent 7 % du parc strasbourgeois. Ce sera ensuite au tour des "Crit'Air 3", soit plus de 23 % des voitures particulières de l'Eurométropole de Strasbourg actuellement. L'interdiction des véhicules "Crit'Air 2", prévue pour janvier 2028, ne devrait pour l'heure concerner que quatre des 33 communes de l'Eurométropole : Strasbourg, Schiltigheim, Ostwald et Holtzheim.

À Mulhouse, les véhicules les plus polluants (Crit'Air 5, 4 et 3) représentent une part plus importante dans le total des voitures particulières qu'à Strasbourg : 

Autre enjeu de taille pour ces deux agglomérations qui vont devoir faire une place aux véhicules électriques : les points de recharge. L'autonomie de ces voitures augmente, mais elles ne permettent pas de réaliser de long trajets. Avoir des bornes accessibles au public est donc important.

L'immense majorité des 1,1 million de bornes existantes en France se trouve à domicile et dans les entreprises. Sur toutes celles existant dans le pays, seulement 70 000 sont ouvertes au public. Et le Grand Est fait partie des mauvais élèves : la région ne compte que 82 bornes pour 100 000 habitants. Seuls les Pays de la Loire (68) et la Bretagne (79) font moins bien.

1 000 points de recharges à Strasbourg en 2026

Mais la dynamique s'accélère. En 2021, 21 bornes ont été installées dans l'Eurométropole de Strasbourg, soit 42 points de charge. L'année suivante, rien qu'entre les mois de janvier et d'août, ce sont 32 bornes qui ont été installées. Ainsi, 53 bornes ont été déployées entre 2021 et fin août 2022. Et ce n'est qu'un début : 250 bornes devront voir le jour d'ici fin 2025, soit 500 points de charge pour véhicules électriques. Un nouveau déploiement devrait permettre de doubler ce chiffre un an plus tard. 

Du côté de l'agglomération mulhousienne, Mulhouse Alsace Agglomération (m2A) a annoncé en février 2022 qu'entre 50 et 150 bornes devraient être installées dans l'année. m2A est à la recherche d'un partenaire privé pour déployer ces stations : "L'objectif est d'atteindre le nombre d'au moins une borne par commune de l'agglomération", indique l'agglomération (qui regroupe 39 communes) à France 3 Alsace. Il en existe actuellement quatre hors Mulhouse.

En ce qui concerne Mulhouse-même, six bornes ont été installées : "130 [...] sont en cours de déploiement à l'horizon 2024 (dont la moitié en 2022) pour les parkings du centre-ville." D'ici la fin de l'année, 22 bornes doivent sortir de terre dans le parking de la gare.

Emmanuel Macron a d'ailleurs assuré que le bouclier tarifaire serait étendu aux bornes de recharge en janvier 2023. Une nouvelle manière de ne pas décourager les automobilistes à passer à l'électrique, alors que la ristourne de 30 centimes sur le carburant a été prolongée jusqu'à la mi-novembre par la Première ministre Elisabeth Borne.

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