Potiron, citrouille et autres cucurbitacées illuminent notre automne, émoustillent nos papilles et embellissent notre quotidien. Ces légumes sont de plus en plus convoités depuis une dizaine d'années.
Jack be little, spaghetti, sucrine du Berry, bleue de Hongrie, giraumon... les courges d'hiver se déclinent à l'envi, de toutes les couleurs et toutes les tailles. Depuis que la fête d'Halloween a traversé l'Atlantique pour débarquer des Etats-Unis jusqu'en France, elles rencontrent un franc succès.
Si bien qu'à Illfurth, Céline et Benoît Wolf élargissent leur production chaque année. Le couple cultive désormais 27 variétés de cucurbitacées et une dizaine de coloquintes. Le traditionnel potiron rouge vif d'Étampes a de la concurrence. Car chaque détail compte. Les maraîchers veillent à un subtil mélange de styles.
"Celle-ci est une galeuse d’Eysines. Elle a une apparence assez bizarre. C’est pour ça qu’on a décidé de la produire, explique Benoît, en pleine récolte. Elle est originale, donc les gens la remarquent. Et en plus, elle est très bonne à manger".
De nouvelles variétés toujours plus originales
À côté de cette courge recouverte d'excroissances grisâtres et devenue un incontournable de la ferme, plusieurs variétés qu'il teste pour la première fois cette année : le Tahiti melon ou la mini spaghetti, par exemple. Cette dernière se déguste en filaments comme des spaghetti justement.
Les Wolf se débrouillent pour pouvoir fournir leurs clients toute la saison. Certaines variétés se conservent jusqu'à la fin de l'hiver. C'est le cas du butternut et de la muscade de Provence, une courge volumineuse qu'ils vendent essentiellement en tranches. Comme la Vesuviana. Une sorte de grosse courgette qui peut atteindre les 80 centimètres et peser jusqu'à 25 kilogrammes. Elle est parfaite pour des potages.
Car cela aussi compte. Avoir de quoi varier les recettes. La courge de Nice peut se manger comme une courgette, pourquoi pas en cubes. Le patidou est idéal pour être farci et servi en portions individuelles. "Chaque année, je parcours les catalogues à la recherche de pépites, sourit Céline. Et à chaque fois, je reviens avec de nouvelles idées. Benoît râle parfois, mais il me suit."
Elle s'amuse ensuite à décorer la ferme. Une mise en scène toujours plus originale. Le thème pour cet Halloween 2023 : le « pont des sourires », inspiré du célèbre "Pont des Soupirs" de Venise et entièrement réalisé à base de cucurbitacées. Toute la cour en est pleine.
"Beaucoup de gens qui passent tous les jours devant chez nous et ne s'étaient jamais arrêtés, s'arrêtent grâce aux décorations. Ils se disent que c'est le moment de venir acheter chez nous, poursuit-elle, admettant un joli coup commercial. Et les courges plaisent de plus en plus de manière générale."
Des recettes salées...et sucrées
Céline Wolf aime conseiller ses clients. Elle recommande par exemple le potimarron à Françoise Pfeffer, venue s'approvisionner avant de préparer un flanc : "Vous n'avez pas besoin de l'éplucher, c'est un gain de temps, et en plus il a un bon goût de châtaigne. Pour un dessert, c'est parfait."
Françoise Pfeffer suit les conseils, elle qui ne connaissait pas les cucurbitacées "jusqu'à il y a cinq ou dix ans". Depuis, elle aime les cuisiner, à toutes les sauces : curry de butternut, risotto de potiron aux noix de Saint-Jacques, pizza de potimarron, mais aussi compote et même cocktail à base de potimarron. "C’est plein de vitamines, de bêtacarotène, c’est très bon pour la peau, admirez sur moi !", plaisante-t-elle.
Cette année, la récolte a démarré avec de l'avance. Elle est de plus en plus précoce car avec les fortes chaleurs qui s'éternisent, les courges d'hiver mûrissent plus tôt.