Témoignage. José pédale en vélo-taxi dans Charleville-Mézières, une première dans le secteur

Publié le Mis à jour le Écrit par Vincent Ballester

José Alves-Rigor pédale en vélo-taxi dans Charleville-Mézières (Ardennes) depuis le mercredi 1er février 2023. Son initiative fait de plus en plus d'adeptes.

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Ce chauffeur de taxi-là ne va pas pousser sur le champignon, mais sur le pédalier. Depuis le mercredi 1er février 2023, José Alves-Rigor est aux commandes d'un vélo-taxi tout neuf.
Penché sur son guidon, il propose de vous emmener d'un point A à un point B de Charleville-Mézières (Ardennes). Que ce soit pour un simple trajet rapide ou pour une petite excursion touristique un peu plus longue, dans un véhicule inhabituel aux couleurs des icôniques taxis américains... ou du tacot de Gaston Lagaffe.
Côté tarif, c'est une bagatelle. Seulement 2 euros par kilomètre et par personne. Deux sièges se trouvent dans le petit véhicule, bien à l'abri pour un trajet confortable et sec même s'il pleut. L'accès est possible à celles et ceux se déplaçant au moyen d'une canne, et des ceintures de sécurité sont disponibles. 

Du grenier à la pédale

France 3 Champagne-Ardenne a contacté José Alves-Rigor, qui serait le seul dans le département à proposer ce type de transports. "Cet été, je faisais du rangement chez moi. Je suis tombé sur un ancien prospectus d'un... confrère, je peux dire maintenant. Il se trouve à Ouistreham." Une ville côtière du Calvados (en Normandie) fort touristique. 
"Je l'ai appelé pour savoir s'il était toujours en service : c'est un dépliant d'une quinzaine d'années. Il m'a dit oui : il pensait que j'étais un client et m'a demandé où venir me chercher..." Il lui a alors demandé des détails sur son activité, ainsi que, un peu plus tard, à Jordan Stéphane, qui fait la même chose à Colmar (Haut-Rhin).

Je voulais faire quelque chose.

José Alves-Rigor

 José Alves-Rigor dispose d'une allocation de retour à l'emploi (ARE). "Je voulais un complément, faire quelque chose." Il se décrit comme "conjoint-collaborateur, ou plutôt ex-conjoint-collaborateur de mon épouse qui est artisan taxi. Je réalisais des transports scolaires de 06h30 à 09h00, et on récupérait les enfants à 16h30. C'était des enfants sourds, muets, aveugles."

D'un taxi à l'autre

"J'étais déjà ancien artisan-taxi : j'ai exercé ce métier pendant 30 ans et j'avais arrêté, j'avais fait un burn-out. Comme je ne voulais plus du tout faire ça, j'étais parti dans la restauration, la livraison. J'étais intérimaire, quoi."
"Mais j'en ai eu marre car à 59 ans, personne ne voulait m'embaucher. On me disait que j'étais trop vieux ou pas assez costaud... ou que j'allais détourner de la clientèle avec mon épouse ! J'ai donc créé ça car je ne voulais pas rester à rien faire."
Le vélo-taxi jaune et noir rappelle un peu aussi une abeille, dans ses couleurs. L'animal dédié au travail par excellence. 

Décision a été prise d'acheter un vélo. Il a été fabriqué à Lyon (Rhône), cocorico. "J'ai attendu deux mois, deux mois-et-demis. D'habitude, ils fabriquent des vélos-cargos pour les livraisons de chaud et de froid. Puis ils ont eu des demandes d'hôtels, d'artisans en bord de mer pour des vélos-taxis." Il lui en a coûté 13.000 euros. La radio RVM a eu la primeur de sa première tournée.
Mais il arrive aussi, dans le même temps, à José Alves-Rigor de rouler aussi en taxi à quatre roues. "Le maire de Prix-les-Mézières, monsieur [Bruno Dedion], m'a octroyé une licence de taxi. Je ferai là-bas en voiture ce que je ne fais pas à Charleville-Mézières en vélo." En parlant de Charleville, son maire, Boris Ravignon, l'a aussi encouragé.
"Et je suis originaire de Villers-Semeuse, où le maire, Jérémy Dupuy, m'a aussi incité à développer l'activité. C'est le vice-président de la communauté d'agglomération en charge des mobilités." Ce dernier a déjà eu recours à ses services. "Il m'a demandé de l'emmener au siège de l'agglo, c'était super chouette." Et pour monsieur Ravignon : "qu'il m'appelle et je viendrai le chercher avec plaisir". Il se voit même déjà transporter côte-à-côté le président de la comm-comm (c'est Boris Ravignon) et son vice-président Jérémy Dupuy. De quoi faire encore plus de bruit.

Du tourisme autrement

"Les gens ne connaissaient pas Charleville-Mézières. Ils ne lèvent pas la tête alors qu'il y a de belles architectures. Il y a plein de choses à découvrir." Il va tenter de constituer un petit circuit touristique (voir où est située la ville sur la carte ci-dessous).

Pêle-mêle, il cite la tombe et le musée d'Arthur Rimbaud, l'hôtel de ville, le pont de bois, la basilique de Mézières... "Il y a plein de choses à découvrir, dont nos jolies berges de la Meuse. Il y a des gens à Charleville-Mézières qui n'ont jamais mis les pieds au bord de l'eau", s'étonne-t-il.
"Quand j'étais taxi, je parlais de ce qui nous entourait, et on me disait parfois que j'étais rudement attaché à ma ville. J'aime l'histoire, celle de Charleville-Mézières. Et je vais apprendre celle du vélo, à présent, car on me pose des questions dessus : qui a inventé la bicyclette, le pédalier..."

De quoi, selon lui, permettre d'apporter un peu de lien social. Par exemple "aux petites mamies qui voudraient faire une petite promenade, ou voir leur famille. En 30 ans de taxi, j'ai eu beaucoup de personnes sur la banquette qui m'ont confié des choses." De quoi rappeler le synopsis du joli film Une Belle course, avec Line Renaud et Dany Boon.

Des selfies et du karaté

"J'ai aussi eu quelques petits jeunes avec lesquels on fait un petit selfie [autoportrait photographique; ndlr] à chaque fois." Il est devenu calé en réseaux sociaux, puisqu'il possède maintenant une page Facebook, alors que ce n'était pas forcément sa tasse de thé avant.

Je suis étonné du succès que ça prend.

José Alves-Rigor

 "J'ai aussi eu des personnes de 40, 50 ans. Ça arrive tranquillement, on commence à me poser des questions." Et il lui arrive d'être plaisantin. Les retours ? "On me dit que c'est superbe, qu'il fallait y penser. Je suis étonné du succès que ça prend."
Du reste, le tarif n'a pas été imaginé "par appât du gain". Il pourrait proposer prochainement des espaces publicitaires sur les flancs de son vélo-taxi, mais seulement "pour promouvoir les artisans locaux et bio : le chocolatier, la petite coutrière, le bijoutier : des choses comme ça"
À noter que José Alves-Rigor a plus d'un tour dans son sac. Il anime un dojo, où il avait organisé, quelques semaines auparavant, une journée dédiée à l'apprentissage de la self-défense pour lutter contre les violences conjugales ou le harcèlement.

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