Environnement : ils veulent faire renaître une forêt primaire de 70 000 hectares dans le Grand Est

Une association fondée par le botaniste Francis Hallé a un projet un peu fou. Elle veut voir renaître une forêt primaire de 70 000 hectares. Elle imagine qu'elle pourrait s'installer dans le Grand Est, à cheval sur les Ardennes et la Belgique ou entre les Vosges et l'Allemagne.

Certains trouveront peut-être l'idée utopique ou invraisemblable. Mais une association fondée par le botaniste Francis Hallé veut transformer une partie du territoire de l'Europe de l'Ouest pour qu'y renaisse une forêt primaire. C'est-à-dire une forêt vierge des transformations de la main de l'homme.

"Elles disparaissent partout dans le monde entier y compris en Europe. On a besoin de plus en plus de forêts et de vieilles forêts pour des questions liées au carbone, à la biodiversité, à l'eau, à la richesse des sols", détaille Éric Fabre, secrétaire général de l'association Francis Hallé pour la forêt primaire.

La structure voit grand pour son projet, avec une surface imaginée de 70 000 hectares. L'association, qui souhaite que l'initiative ait un aspect transfrontalier, a pensé que la région Grand Est pourrait être tout à fait indiquée pour accueillir cette forêt primaire. Et deux secteurs sont plus particulièrement visés : les Ardennes françaises et belges ainsi que les Vosges du Nord et la Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Mais aucun lieu plus précis n'est avancé pour l'instant.

70 000 hectares, c'est une superficie suffisante pour qu'il puisse y avoir un bon écosystème équilibré entre faune et flore. Parce qu'une forêt, c'est des arbres, de la faune et de la grande faune. 

Éric Fabre

secrétaire général de l'association Francis Hallé pour la forêt primaire.

Car l'association veut travailler dans la concertation. Après avoir mené des voyages d'études dans les Vosges et dans les Ardennes au début de l'année 2022, elle veut désormais aller plus loin dans les discussions avec les institutionnels et les représentants locaux. Elle aimerait que des groupements d'intérêt public soient créés dans chaque secteur envisagé pour porter plus loin le projet.

L'association, qui bénéficie du soutien financier de ses 3 000 adhérents et de plusieurs fondations, indique pouvoir compter sur l'écoute attentive de Frans Timmermans, Premier vice-président exécutif de la Commission européenne et Commissaire européen à l'Action pour le climat. Un soutien de poids pour crédibiliser la démarche.

"Un projet sur 700 ans"

Les 70 000 hectares correspondraient à la zone cœur du projet. Mais en périphérie, la recherche scientifique tout comme les activités humaines auraient toute leur place. "Un espace comme ça, ça ne se crée pas ex-nihilo comme un trou noir et sous cloche. C'est l'occasion de travailler autour sur les activités agricoles, les activés sylvicoles, l'activité touristique et peut-être de repenser leur articulation avec un grand espace de pleine nature en libre évolution", détaille Éric Fabre.

Mais alors, quelle différence avec ce qui existe déjà par exemple dans les parcs nationaux ? "On est différent essentiellement pour des questions de dimension et puis aujourd'hui par la multiplicité des enjeux qu'on veut mettre en question : financiers, institutionnels, sociologiques", explique le secrétaire général de l'association. 

"Notre projet a des adversaires, reconnaissait le botaniste Francis Hallé lors d'une conférence en décembre 2021. Les premiers sont les chasseurs. Nous sommes prêts à discuter avec les fédérations mais je sens que ça ne va pas être commode […] Il y a aussi les forestiers. Beaucoup sont persuadés qu'ils sont là pour diriger l'action de la forêt […] Il y encore un groupe d'opposants, ce sont ceux qui veulent que tout aille très vite !"

Car deux temporalités bien différentes cohabitent au sein de l'initiative. Il y a une "urgence absolue" à agir, comme l'explique Éric Fabre. Mais c'est "un projet sur 700 ans pour que le système forestier se déploie jusqu'à faire une forêt primaire."

Quand on voit que la création du parc national de forêts entre la Côte-d'Or et la Haute-Marne a été à l'origine de nombreuses inquiétudes de la part des acteurs économiques, on ne peut qu'imaginer l'ampleur du défi à accomplir pour rendre à la nature 70 000 hectares à cheval sur deux pays, là où la main de l'homme a déjà largement sculpté le paysage.

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