Enseignants et parents d'élèves de l'établissement du premier degré Charles-de-Gaulle à Givet (Ardennes) se mobilisent contre la fermeture d'une de leurs classes. Parmi eux, Marjorie Namurois dénonce une dégradation de qualité d'enseignement et lance une pétition.
29 classes fermées dans les Ardennes, seulement 8 ouvertures. Les parents d'élèves et les enseignants ne digèrent décidément pas la carte scolaire qui vient d'être officialisée dans le département. Les manifestations de colère dans de très nombreuses écoles ardennaises se multiplient et sous toutes les formes.
Cette fois, c'est à Givet. Cri de révolte pour cette "maman triste et en colère". À l'annonce de la fermeture d'une classe à l'école Charles-de-Gaulle, à Givet dans les Ardennes, Marjorie Namurois a décidé de passer à l'action. Mère de deux enfants en maternelle et présidente de l'association des parents d'élèves, elle vient de lancer une pétition pour dire "Non à la fermeture de classe à l'école Charles-de-Gaulle", dans un territoire déjà enclavé, situé à la pointe nord des Ardennes, tout près de la frontière avec la Belgique.
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"On annonce à des enseignants qui viennent d’arriver qu'ils devraient peut-être déjà partir. Ils se sont installés au bout des Ardennes : certains ont quitté leur région et leur famille pour s’installer là. Et on leur demande de partir. Ce n'est pas normal", explique-t-elle.
On comptait déjà 110 signatures rassemblées sur la pétition le 15 mars.
Pour la jeune maman, fermeture de classe signifie qualité d'enseignement dégradée. Elle dénonce le manque de considération du travail des enseignants et des Atsem qui sont "une aide précieuse pour notre école et nos enfants".
Dans la classe de sa fille Louise, en grande section, les enfants sont une vingtaine. Ils devraient passer entre 24 et 28 à la fermeture d'une classe à la rentrée prochaine. L'école Charles-de-Gaulle compte actuellement 12 classes (5 en maternelle et 7 en primaire) avec 5 Atsem (3 à temps plein et 2 à mi-temps). En septembre 2023, il n'y aura plus que 11 classes et un poste d'enseignant ainsi qu'au moins un poste d'Atsem sera supprimé. "On a des enseignants qui ont la sensation d’être considérés comme des marionnettes. Ils sont à bout de souffle", raconte Marjorie Namurois.
Directeur à temps partiel, enseignant en renfort
La rentrée prochaine s'annonce donc tendue. Le directeur de l'école devra prendre à temps partiel une classe pour assurer un bon enseignement à tous les élèves. "On va devoir se battre pour que notre directeur reste directeur à temps plein", défend la représentante des parents d'élèves. Elle explique que certains parents scolarisent déjà leurs enfants en Belgique, regrettant certaines classes surchargées en France.
Et Givet souffre déjà de son enclavement. La ville d'environ 7 000 habitants n'a plus de maternité, de spécialistes médicaux et connaît un historique fluctuant de fermetures de classes, à tous les niveaux, premier et second degrés.
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Givet vit régulièrement sous la menace de fermetures de classes. Il faut remonter à 2001 pour voir la disparition d'une classe dans le 1er degré, en maternelle. En 2004, des parents se mobilisaient à la cité scolaire Vauban contre des projets de fermetures en collège et en lycée. En 2013, des maires ardennais aux alentours de Givet menaçaient de démissionner en opposition à ces suppressions. En 2015, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait rejeté la fermeture d'une classe au lycée Vauban. En 2020, encore une fermeture de classe pendant la crise sanitaire. La mairie s'était battue pour conserver la classe.
Rentrée 2023, même combat. En plus de l'école Charles-de-Gaulle, une classe de 3e va fermer au collège Vauban. L'effectif dans chaque classe sera d'environ 30 élèves.
Selon l'académie de Reims, cette décision est justifiée par la baisse du nombre d'élèves. A priori il n'y aura aucun changement d'ouverture ni de fermeture de classes à la rentrée prochaine.
(Avec Prunelle Menu).
