Dîner d'État à l'Élysée : ce maire a mangé près du roi des Belges, "c'était agréable et utile"

Didier Herbillon est le maire (DVG) de Sedan (Ardennes). Le soir du lundi 14 octobre 2024, il était l'un des hôtes de marque du palais de l'Élysée, qui recevait en grande pompe Sa Majesté Philippe, roi des Belges, en compagnie de son épouse Mathilde. Il nous a tout raconté.

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Si l'on feuillette Astérix chez les Belges, on retrouve le célèbre mantra de Jules César : "de tous les peuples de la Gaule, ce sont les Belges les plus forts" (ou braves). On ne contestera pas, mais en revanche, la France l'emporte toujours sur la gastronomie et les arts de la table. 

Et l'occasion de le vérifier était donnée pas plus tard que le soir du lundi 14 octobre 2024. Ce soir-là, le couple présidentiel français (Emmanuel et Brigitte Macron) recevait en grande pompe le couple royal belge (Philippe et Mathilde de Belgique).

Ce dernier était accompagné de leur fils cadet, Son Altesse Royale Gabriel, actuellement formé via le dispositif européen Erasmus à l'Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Il ne s'agit pas du prince héritier : la suppression de la loi salique en Belgique fait de son aînée, Son Altesse Royale la princesse Élisabeth, duchesse de Brabant, la future et première reine des Belges (actuellement formée à l'école d'administration publique de Harvard, aux États-Unis). 

Une commune frontalière

Revenons à Paris, où se déroulait ce prestigieux dîner. Outre nombre d'hôtes de marque, comme des ministres français, des personnalités de la société civile et du monde culturel belges, et bien sûr l'inénarrable Stéphane Bern, on trouvait aussi Didier Herbillon.

Il s'agit du maire (DVG) de Sedan (Ardennes). Laquelle est la deuxième ville la plus importante du département, séparée de seulement dix kilomètres de la frontière belge. 

Il raconte tout à France 3 Champagne-Ardenne. "On était trois Ardennais : Boris Ravignon [maire de Charleville ; ndlr] et Noël Bourgeois, le président du conseil départemental [qui menaçait récemment de démissionner pour dénoncer la disette économique soumise aux départements ; NDLR]."

Les ors de la République

"On était dans la fameuse salle de réception", près du célèbre salon Murat où se tiennent les Conseils des ministres. La Salle des fêtes arbore des dorures, des fresques, de grands lustres, et une moquette grise qui avait fait polémique pendant un temps. 

"Il y avait des élus wallons et flamands, et des élus de notre pays. Des maires aux ministres, ils étaient nombreux hier soir. On a su que ça aurait lieu une semaine à l'avance. Il a fallu que je libère un peu mon agenda, forcément." L'occasion de s'autoriser un petit tweet, quelques heures avant l'évènement (visible ci-dessous).

Pour l'anecdote, ce n'est pas la première fois que Monsieur le maire dîne à l'Élysée. En revanche, il s'agissait bien de son premier dîner d'État : l'une des plus hautes distinctions diplomatiques que l'on peut offrir à un pays ami ou allié. C'était aussi la première fois qu'il rencontrait Sa Majesté Philippe, roi des Belges (et non de Belgique, distinction importante), monté sur le trône en 2013 après l'abdication de son père, Sa Majesté le roi Albert II. 

"Ces dîners sont organisés pour célébrer des moments forts, marquer les liens avec certains pays, ici la Belgique. Il s'agissait de célébrer l'amitié franco-belge." Et in fine, c'est bien plus qu'un repas guindé. "Il y a des réunions derrière, du point de vue culturel ou économique." 

Rendre hommage à l'amitié entre les deux pays

Il était demandé d'arriver pour 19 h 00. Point de covoiturage, par exemple, avec son collègue carolo' Boris Ravignon : "j'ai pris le train", précise Didier Herbillon. Il estime la fin des festivités à 22 h 30. "J'avais un costume que je porte régulièrement en ce moment, je n'ai pas fait d'exception particulière par rapport à d'habitude. C'est aussi le cas des autres personnes que je connais. Ils demandaient plutôt une cravate et un costume sombre, mais sinon..." 

Il fait toutefois état de "très belles robes".  Au programme : accueil par la fameuse Garde républicaine. Cette dernière jouait des airs de musique, dont La Brabançonne : il s'agit de l'hymne belge (voir en vidéo ci-dessous).

Des discours ont suivi. "Il y a eu le discours d'accueil du président de la République, et ensuite la réponse du roi. Il s'est exprimé en français [la Belgique a trois langues officielles, français, néerlandais, et allemand qui ne doivent jamais être négligées ; NDLR] et son discours était traduit en flamand. L'un et l'autre ont fait part de leur volonté de cultiver une amitié très ancienne avec un pays avec lequel on partage beaucoup."

La frontière est invisible

Il cite par exemple, tout simplement d'un point de vue géographique, la Meuse, l'un des plus importants fleuves belges (et néerlandais), qui prend sa source à Pouilly-en-Bassigny (Haute-Marne). Ou divers programmes de coopération, comme avec Bouillon, important centre touristique de Belgique. 

À Sedan, la proximité avec la Belgique "est vraiment très forte. On a une habitude, qui se traduit par une expression : on va aller manger une frite à Bouillon. Car on s'y promène fréquemment le dimanche, par exemple."  (voir sur la carte ci-dessous)

"Au quotidien, sur nos parkings en ville, vous allez vous rendre compte qu'il y a énormément de plaques belges. Le coût de la vie, en particulier alimentaire, était moins cher ici que chez eux, ils consomment beaucoup chez nous." Sans oublier le projet de casino qui avance bien, destiné à attirer de nombreux porte-monnaies belges. "C'est sur les rails, on a voté le principe et l'autorisation en dernier conseil municipal."

"On a aussi des travailleurs transfrontaliers, qui font le déplacement chaque jour de part et d'autre. Nos rapports sont très denses : en fait, il n'y a pas vraiment de frontière... C'est une chance. Elle est comme effacée, c'est sans doute la frontière la moins visible de notre pays. Chacun fait bouillir la marmite de l'autre, des deux côtés de la frontière."

En fait, il n'y a pas vraiment de frontière... C'est une chance.

Didier Herbillon, maire quasi-frontalier de Sedan

Place ensuite à un toast au champagne. Mais monsieur le maire serait bien incapable de citer quelle prestigieuse cuvée champenoise a été servie, puisqu'il ne boit pas d'alcool. "J'ai trinqué à l'eau." 

On mange (et on parle beaucoup)

Puis vient le dîner en tant que tel. "C'est entrée-plat-dessert, c'est classique. En entrée, il y avait du poisson joliment préparé et présenté. Ensuite, je n'ai plus le nom du plat, mais c'était un filet de pintade. Vraiment très bon. Et enfin, fromage évidemment, et un dessert : un petit panier de chocolat rempli de framboises. C'était très, très bon." 

Les tables étaient rondes (il ne s'agissait pas d'un banquet en enfilade). "Nous, les trois Ardennais, étions à la même table. Moi, j'étais à côté de Bruno Retailleau, (le nouveau ministre de l'Intérieur, NDLR). 

Pas un problème pour le maire, pas mécontent par ailleurs puisqu'il a échangé quelques mots avec ce dernier. "Quasiment toute la soirée, en fait. On a discuté du futur commissariat de Sedan." Qu'on attend de longue date. "L'échange a été bénéfique", ajoute-t-il. 

On est là aussi pour faire avancer nos territoires.

Didier Herbillon, maire (et VRP) de Sedan

Autre interlocuteur pendant la soirée : Jérôme Dumont, le président (DVD) du conseil départemental de la Meuse. "On parle avec des collègues et on peut échafauder des projets intéressants. Avec ce dernier, on a abordé la prolongation de la piste cyclable vers la Meuse. C'est un bon exemple, et on est là aussi pour faire avancer nos territoires." 

Le repas n'avait rien de pantagruélique

Ce n'est pas le seul bienfait d'un tel dîner, qu'on suppose évidemment onéreux et qu'on pourrait vouloir critiquer. Didier Herbillon le conçoit, mais précise qu'"il y a une tradition française du savoir recevoir. C'est la mise en valeur d'un certain nombre de nos savoir-faire." C'est sûr qu'on n'allait pas recevoir Sa Majesté au Quick de Paris-Opéra (IIe arrondissement), quand bien même il s'agit d'une chaîne franco-belge...

Il ajoute qu'on envisage ainsi "le futur, on parle avec les autres pays. C'est quand même essentiel. Et derrière, il y a des actes créateurs d'emplois, d'accords sur des contrats, des [partages] culturels. Ce n'est pas qu'un repas."

Après, "j'entends les critiques, surtout dans ce contexte : je comprends tout à fait, c'est payé avec les impôts des Français. Mais il y a des résultats pour les Français derrière, et je pense que ce n'est pas si coûteux que ça." C'était bien le cas sous le président (PS) François Hollande, qui avait fait baisser la facture de l'Élysée de dix millions d'euros; mais le président (Renaissance, ex-LREM) Emmanuel Macron semble moins suivre ce précepte.

Le maire précise qu'"hier, je n'ai pas vu d'excès, de repas dispendieux. Je n'y suis pas habitué, mais ça ne m'a pas paru particulièrement choquant." Point de dîner pantagruélique, à l'image de ceux servis sur le Titanic (une dizaine de plats différents qui se suivaient chaque jour et chaque soir). 

Je pense que l'Élysée devrait faire des efforts financiers. Évidemment.

Didier Herbillon, maire de Sedan et citoyen économe

L'occasion de rappeler que le futur budget prévoit des coupes budgétaires à tous les étages, mais pas à l'Élysée (trois millions d'euros supplémentaires), ce qui a pu légitimement susciter commentaires outrés et cris d'orfraie. "En tant que citoyen", commente Didier Herbillon, "je pense que l'Élysée, comme tous les autres postes budgétaires, devrait faire des efforts. Évidemment."

Il est l'heure de rentrer

Il ne sait pas ce que ses collègues ont pensé du dîner. "On n'a pas eu le temps de faire de débriefing. Chacun a repris la route. Mais c'était un moment agréable. Et utile à nos territoires."

Pour sa part, c'est ce matin du mardi 15 octobre qu'il repart. "D'ailleurs, il va falloir que je vous laisse..." Ce serait dommage que notre interview lui fasse rater son train de 09h00...  

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