Comment exploiter la terre sans lui faire de mal ? Ou même, en la protégeant ? C’est la question que s’est posée la famille Schwartz avant d’ouvrir la Pépinière du Hanfgranva. Un lieu incroyable où l'agroécologie prend tout son sens et où la nature est une passion avant tout.
Depuis 2021, la famille Schwartz a ouvert une pépinière à Mussig (Bas-Rhin). Arnaud Schwartz, son frère Julien et sa femme Manoucheca, cultivent 150 espèces d’arbres, arbustes et lianes. Ici, le parti pris est de partir de la graine. Grâce à toutes sortes de numéros et de labels, l’origine de chaque plante est traçable, ainsi que son parcours jusqu’à l’endroit de mise en terre. Ce choix fait partie du projet écologique de l’entreprise. Tout est pensé pour faire face au changement climatique. “Le climat change et quand on aura 40 degrés constamment, les gens, les animaux et les cultures auront besoin de plus d'ombre, d'eau et de protection. L'environnement est aussi un habitat pour les oiseaux, les petits animaux ou les insectes qui nous aident dans nos cultures biologiques”, affirme Arnaud Schwartz.
Les plantes sont choyées manuellement tout au long de leur pousse. L’objectif est de favoriser la variété génétique et donc, la résistance de la plante face aux défis qui l’attendent. Quand elles ont assez poussé en serre, Arnaud et Manoucheca les plantent pendant que Julien conduit la planteuse. Dans les champs, pas de plastique, mais du seigle couché qui fait office de protection contre les adventices et le soleil.
La majorité des clients de la pépinière sont des agriculteurs et des éleveurs. Dans les dernières années, il est devenu évident que sur les exploitations agricoles, il faut des arbres et des haies en plus du bétail ou des cultures. Leur but est d’apporter une nouvelle biodiversité et de renouveler les sols. “La qualité de la terre a tout à voir avec celle de notre agriculture et des produits qu'on vend.” Mais aussi de protéger les animaux. “Mes vaches ont besoin de se protéger du vent et du soleil. Pour ça, il me faut des arbres et des haies”, constate Denis Goetz, éleveur fromager. “Une haie prend une dizaine d’années pour pousser. Il faut commencer maintenant, pas dans 20 ans.” conclut Arnaud Schwartz. Les haies représentent 80% des ventes de la pépinière.
Cultiver différemment
Faire pousser des arbres et des haies pour protéger animaux et sols et cultiver de manière plus durable, une philosophie qui peut être poussée encore plus loin. Après 15 ans en Haïti où Julien Schwartz a rencontré Manoucheca, son épouse, ils sont rentrés avec, dans leurs valises, la connaissance haïtienne en matière de jardins-forêts. En Haïti, on ne parle pas d’agroécologie ou d’agroforesterie. Il s’agit simplement de cultiver la terre de façon logique et efficace. “Dans nos jardins, on cultive tout au même endroit. Ça fonctionne comme une échelle, les haricots grimpent sur le maïs et ainsi de suite. Ça nous aide à nourrir la famille”, explique Manoucheca. Une partie des plantes de la pépinière du Hanfgranva sont à destination de ces jardins créoles. La volonté est aussi de parler d’une autre façon de cultiver qui est moins courante en France, et de l’encourager.
Cette pépinière, c’est l’aboutissement d’un projet de famille. Il a fallu une dizaine d’années aux frères Schwartz pour convaincre leurs parents d’ouvrir une pépinière sur les terres familiales. Les Schwartz peuvent maintenant cultiver leurs terres comme ils l’entendent après avoir passé leur vie à se dévouer pour la nature et l’environnement. Arnaud Schwartz a été président de l’association France Nature Environnement et y reste encore investi. Son frère Julien, formé en sciences de l’environnement, a travaillé dans ce secteur en Haïti et a fini par ouvrir un hôtel écoresponsable avec sa femme.
Aujourd’hui, leur vie tourne autour de cette pépinière. Leur vie familiale également. Le potager familial trône dans la pépinière, à côté des ruches, des arbres fruitiers, des haies et des jeunes arbres en devenir. Un lieu qui pourrait en inspirer plus d'un.