Autoroute A69 Toulouse-Castres : une mobilisation qui rappelle celle du collectif alsacien GCO Non merci, "vous ne pesez pas grand-chose"

Les militants du collectif GCO Non merci ont fêté leurs 20 ans de lutte contre le projet autoroutier alsacien, ce 22 octobre. Au même moment, dans le Tarn, une vaste mobilisation était organisée par les opposants à l'autoroute A69. Des oppositions qui se ressemblent, mais qui ne disposent pas des mêmes atouts.

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C'est un anniversaire qui résonne avec l'actualité. Ce dimanche 22 octobre, les militants du collectif GCO Non merci se sont retrouvés à Kolbsheim (Bas-Rhin), le long de la D45, à l'endroit où se trouvait la cabane anti-GCO, du nom de cette autoroute qui a finalement vu le jour, à l'ouest de Strasbourg, le 17 décembre 2021, malgré une longue opposition.

Au même moment, des affrontements ont éclaté dans le Tarn entre les opposants les plus radicaux au projet d'autoroute entre Castres et Toulouse (A69) et les forces de l'ordre. Cette mobilisation est aujourd'hui appuyée par des élus de gauche, des militants écologistes, plus de 200 chercheurs locaux mais également des scientifiques de premier plan.

Si les enjeux de ces deux projets autoroutiers sont bien différents, les mobilisations des opposants se ressemblent. Comme pour les anti-GCO, les anti-A69 ont entamé des grèves de la faim. Comme eux, ils ont déposé d'innombrables recours pour annuler ou retarder les travaux, tous rejetés.

Alors que les premiers n'ont pas eu gain de cause, les seconds disposent de quelques atouts supplémentaires. Suffisant pour faire pencher la balance ?

Une mobilisation plus forte...

Pour Dany Karcher, ancien maire de Kolbsheim (Bas-Rhin) et figure de la contestation contre le projet GCO, la mobilisation a été trop faible en Alsace. C'est ce qui, selon lui, a avant tout manqué au collectif pour faire basculer ce dossier en leur faveur.

Les plus grands rassemblements n'ont jamais dépassé la barre des 5 000 manifestants : "Si toutes les personnes qui aujourd'hui se plaignent de l'autoroute étaient venues une ou deux fois avec nous, on n'aurait pu être plus de 10 000 et ça aurait pu changer les choses", estime-t-il. 

Dix mille, c'est justement le nombre de manifestants (selon les organisateurs) qui se seraient rassemblés ce samedi 20 octobre contre le projet d'A69, dans le Tarn. 

... Et plus jeune

Autres différences à l'avantage des opposants à l'A69, la présence des jeunes : "La jeunesse nous a beaucoup manqué, alors que c'est surtout pour eux que l'on s'est battus", regrette l'ancien maire de Kolbsheim.

Dans le Tarn, en plus de scientifiques renommés comme la membre du Giec, Valérie Masson-Delmotte, les militants anti-A69 peuvent compter sur la présence ou le soutien de personnalités, certaines très influentes auprès des jeunes. C'est le cas par exemple de l'activiste climatique Camille Etienne ou du journaliste Hugo Clément.

Le poids des réseaux sociaux 

Tous deux s'adressent à des centaines de milliers de gens chaque jour via leurs réseaux sociaux : 1,2 millions d'abonnés sur Instagram pour Hugo Clément et près de 350 000 pour Camille Etienne.

Un atout supplémentaire que n'avaient pas non plus les opposants au Grand contournement ouest de Strasbourg : "C'est vrai que nous n'étions pas aussi loin dans l'air des réseaux", reconnaît Dany Karcher. "La médiatisation, c'est primordial".

David contre les lobbys et l'État

Mais est-ce que cela pourrait être suffisant pour faire annuler un tel projet qui a reçu le feu vert de la Justice ? Impossible à dire pour l'heure, mais pour Dany Karcher s'opposer à un projet autoroutier c'est s'attaquer à plus fort que soi : "Ça s'appelle les lobbys et vous ne pesez pas grand-chose à côté", dénonce-t-il.

Pour le projet de l'autoroute A69, le lobbying a été intense, comme l'ont raconté nos confrères de Mediapart.

De quoi exaspérer le maire de Kolbsheim : "On se bat pour une forme de démocratie. Ce modèle qui veut qu'un constructeur arrive en avant toute pour faire ses travaux sans même attendre une décision de justice, nous n'en voulons pas", s'indigne-t-il.

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