Après trois ans de travaux, les 24 kilomètres d'autoroute du Grand contournement ouest de Strasbourg seront définitivement prêts en décembre. Mais aucune date de mise en service ne peut encore être avancée. En juillet 2021, le tribunal administratif de Strasbourg avait réclamé de nouvelles études.
Ça y est, les travaux du Grand contournement ouest de Strasbourg s'achèvent. Les derniers mètres d'enrobé ont été posés, la gare de péage d'Ittenheim (point central du chantier) est quasi terminée, le viaduc de Vendenheim est en passe de l'être. L'autoroute de 24 kilomètres sera totalement prête à l'emploi en décembre, après l'installation des ultimes signalisations et glissières de sécurité. Le public pourra d'ailleurs découvrir le GCO en avant-première, le week-end des 13 et 14 novembre.
C'est la fin d'un chantier titanesque de trois ans. Depuis octobre 2018, il aura mobilisé plus de 6.000 personnes, dont 1.300 en simultané au plus fort des travaux, à l'été 2021. 300 entreprises sont intervenues. "Quand on regarde en valeur absolue du temps passé sur le chantier, on est dans les temps sur le calendrier. On a eu un an de retard lié à l’empêchement de déboisement en 2017, plus deux mois à cause de la crise sanitaire, c’est très conforme à ce qu’on avait imaginé", explique Jean-Luc Fournier, directeur de la communication projets de Vinci Autoroutes.
Le long dossier du GCO est loin d'être clos
Le GCO ne semble pour autant pas prêt d'être mis en service. Il va d'abord être soumis aux habituelles inspections techniques après sa livraison. Autrement dit, l'Etat va s'assurer que l’infrastructure est conforme aux normes, puis donnera son feu vert pour l’ouverture.
Mais c'est surtout le volet juridique qui risque de freiner la mise en circulation. En juillet 2021, le tribunal administratif de Strasbourg avait demandé des études complémentaires et une nouvelle enquête publique après un recours d’Alsace nature. Il avait donné dix mois à l’État pour rédiger de nouveaux arrêtés et régulariser la situation, et le même délai au groupe Vinci pour revoir ses études d'impact.
"Les études complémentaires ont été remises", assure encore Jean-Luc Fournier. Vinci a par ailleurs fait appel du jugement du tribunal et attend que la cour d'appel de Nancy se prononce à ce sujet. Car pour le groupe, l'enjeu financier est énorme. "Il nous importe d’ouvrir au plus tôt. Si appel a été fait, par nous et par la préfecture, c’est pour pouvoir ouvrir et décorréler la mise en service des études complémentaires demandées."
Alsace Nature se bat pour des compensations effectives
De son côté, Alsace Nature sait qu'elle n'a plus aucune influence sur le chantier et la mise en service de l'autoroute. Le tribunal lui a donné raison trois ans après le dépôt des recours en septembre 2018. Trop tard, le GCO était déjà construit à 90%. Mais pas question pour l'association d'arrêter son combat. "On ne peut plus éviter le chantier, les dégâts sont là, mais on veut maintenant se battre pour que les compensations prévues soient bien mises en place et pour l’instant, les comptes ne sont pas bons", déclare Stéphane Giraud, le directeur d'Alsace Nature.
Il précise que l'association "sera derrière Vinci les 54 prochaines années", soit toute la durée de la concession, "pour veiller à ce que ce projet ne mette pas à mal des décennies de protection et de tentatives d’enrayer la perte de biodiversité. On sait à quel point la disparition des espèces et des habitats, c’est autant de services gratuits rendus par la nature qui nous sont supprimés, c’est autant de coûts qu’aura à prendre en charge la collectivité demain pour épurer de l’eau, de l’air. Donc il y a nécessité à ce que les mesures complémentaires soient exemplaires et fonctionnelles. "
Le bras de fer entre les pro- et les anti-GCO se poursuit donc, même après la fin des travaux de l'autoroute.