Ce 20 avril 2023, l'archevêque de Strasbourg Luc Ravel, 65 ans, annonce qu'il quitte ses fonctions. Cette démission fait suite à une visite apostolique demandée par le Vatican presque un an plus tôt.
En poste depuis 2017, Luc Ravel annonce qu'il quitte ses fonctions d'archevêque de Strasbourg ce 20 avril 2023, a appris l'AFP par un communiqué. Dans les jours qui ont précédé cette démission, de nombreuses affaires ont secoué l'archevêché de Strasbourg. Par ailleurs, le pape a ordonné une visite apostolique visant à enquêter sur la gestion du diocèse par l'homme d'Église que certains jugent autoritaire.
Dans son communiqué, Luc Ravel explique : "La paix étant le bien suprême [...], j'ai présenté ma démission au Saint Père, pour qui je prie tous les jours. [...] J'ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience, en ayant beaucoup consulté à chaque décision, pour prendre des mesures difficiles, mais qu'on m'aurait reproché ultérieurement de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession", écrit-il.
Près d'un an après l'éviction brutale de l'économe du diocèse Jacques Bourrier, le feuilleton Ravel n'a fait que prendre de l'ampleur, pendant que l'archevêque de 65 ans se murait dans le silence.
Début avril 2023, on apprenait que l'évêque auxiliaire Christian Kratz avait lui aussi été évincé. Un départ forcé officiellement expliqué par sa gestion de l'affaire Emmanuel Walch, un ancien aumônier du collège épiscopal Saint-Etienne de Strasbourg accusé de viol en 2022 par une ancienne élève. Après qu'une plainte a été déposée, Emmanuel Walch s'était suicidé avec sa mère le 1er janvier 2023.
Une pétition en ligne pour demander sa démission
Mais pour le principal intéressé, ce limogeage n'est ni plus ni moins qu'un "règlement de comptes", confiait-il à France 3 Alsace. Un sentiment partagé par plusieurs fidèles alsaciens. Une pétition en ligne, demandant à Luc Ravel de démissionner, a même vu le jour.
Parmi les commentaires, nombreux sont les internautes à dénoncer le management autoritaire de l'archevêque : "Stop au cléricalisme, stop à l'abus de pouvoir", "L'armée lui allait tellement mieux ! Allez-vous en Monseigneur", "L'attitude de Mgr Ravel n'est pas digne d'un archevêque", peut-on lire par ailleurs.
Aussi, de nombreux fidèles reprochent à Luc Ravel de ne pas avoir suivi dans un premier temps la décision du Vatican qui lui aurait demandé de démissionner : "Le fait que Monseigneur Ravel désobéisse au Pape m'incite à signer cette pétition", écrit un signataire de la pétition.
En parallèle, un rassemblement de fidèles s'est tenu le 4 avril devant la cathédrale de Strasbourg. Pancartes en main, des membres du groupe catholique progressiste Jonas ont appelé à la démission de Luc Ravel, dont les méthodes managériales jugées trop autoritaires dérangent une fois de plus.
Luc Ravel est né le 21 mai 1957 à Paris. Après avoir étudié à l'école Polytechnique, il est ordonné prêtre à l'âge de 31 ans, en 1988. Vingt ans plus tard, il est ordonné évêque pour le diocèse aux armées françaises, avant d'être nommé comme le 106ème archevêque de Strasbourg le 18 février 2017. Il succède cette année-là à Mgr Grallet, qui a occupé cette fonction pendant neuf ans.
Dès 2018, Luc Ravel s'empare du sujet des abus sexuels dans l'Église avec la rédaction d'une lettre pastorale adressée aux prêtres et aux fidèles du diocèse. Une première en France sur le sujet. Dans cette lettre, il dénonce "une maladie endémique dans l'Église catholique". Interrogé à l'époque par France 3 Alsace, l'archevêque de Strasbourg avouait alors qu'il ne s'était pas rendu compte de l'ampleur du phénomène. "C'est du passé. Mais du passé qui est aussi présent", indiquait-il.