C'est une affaire qui fait grand bruit dans les couloirs du diocèse strasbourgeois. Monseigneur Ravel a exclu du conseil de l'évêque son auxiliaire, monseigneur Kratz, suite aux révélations concernant l'ancien aumônier du collège Saint-Etienne, Emmanuel Walch, accusé de viol par une ancienne élève et qui s'est suicidé le 1er janvier.
"Abasourdi". C'est le mot qui vient spontanément à monseigneur Kratz quand on lui demande de nous décrire son état d'esprit ce mardi 4 avril au matin. Il faut dire que l'évêque auxiliaire de Strasbourg a reçu fin mars, comme l'ont révélé dans leur colonne nos confrères des DNA, une lettre lui annonçant qu'il était exclu du conseil de l'évêque, une décision de monseigneur Ravel.
Cela fait 22 ans que monseigneur Kratz est membre du conseil de l'évêque, cette instance qui se réunit chaque semaine pour discuter des affaires du diocèse. "On me retire ma source d'informations en quelque sorte, mais je garde bien sûr mes fonctions de célébrations". Il a d'ailleurs reçu de nombreux témoignages de soutien depuis que la nouvelle est tombée.
Dans la lettre qui lui signifie son exclusion, il est bien précisé que les raisons de cette disgrâce sont à chercher dans sa gestion de l'affaire Emmanuel Walch, cet ancien aumônier du collège épiscopal Saint-Etienne de Strasbourg, accusé de viol à l'été 2022 par une ancienne élève, et qui s'est suicidé avec sa maman malade le 1er janvier dernier en se jetant sous un train, à la suite de cette plainte.
"Je ne comprends vraiment pas les reproches qui me sont faits, et je ne m'attendais pas du tout à cette décision", précise Monseigneur Kratz, atterré. A priori, il lui est reproché d'avoir su, mais de n'avoir rien dit.
Le lourd passif de l'ancien aumônier
Parce qu'Emmanuel Walch traînait des casseroles depuis un moment. En 2009, l'évêché découvre que l'aumônier discute en ligne avec des mineurs. Il est alors muté à Colmar comme curé-doyen. Sauf qu'en 2013, il est condamné par le tribunal correctionnel de Colmar à une peine de six mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques. Condamnation suite à laquelle, il avait été renvoyé de l'état clérical en 2014.
Qui savait quoi et n'a rien dit ou rien fait au sein du diocèse de Strasbourg ? C'est ce que semble payer monseigneur Kratz, pour qui l'exclusion ressemble "à un règlement de comptes".
Bernard Xibaut, chancelier au sein du conseil des évêques, assure que "la volonté de monseigneur Ravel est de suivre à la lettre les procédures en matière de non dénonciation des abus sexuels au sein de l'Eglise et qu'il considère qu'il a suffisamment d'éléments pour exclure son évêque auxiliaire."
Dans un contexte, il faut le rappeler, d'une enquête menée par le Vatican concernant la gestion du diocèse par monseigneur Ravel. Une visite apostolique effectuée par deux évêques missionnés par le Vatican et qui a eu lieu l'été dernier, mais dont les conclusions n'ont pas encore été rendues publiques.