Un an après s'être déguisé en coq et s'être perché sur le radar dernière génération du quai Pasteur à Strasbourg, Yannick Krommenacker, habitué aux coups d'éclat sur les réseaux sociaux, a remis ça, ce vendredi, cette fois habillé en voleur. Il dénonce toujours "le racket de l'Etat".
"Encore vous !" s'exclame l'agent de la police nationale arrivé sur les lieux vers 14h45 ce vendredi 31 mai 2019, un quart d'heure environ après que Yannick Krommenacker a pris place au sommet du radar dernière génération (mais pas encore entré en action) quai Pasteur à Strasbourg, auquel il s'est enchaîné. Il faut dire que l'agitateur du web alsacien, âgé de 32 ans, n'en est pas à son premier fait d'arme.
"Je suis prisonnier de ce système, nous le sommes tous"
En mai 2018, au même endroit, il s'était déjà déguisé en coq, pour dénoncer le "racket de l'Etat". "En 2018, je disais qu'on en avait marre de se faire plumer, mais ça n'a servi à rien, l'Etat continue d'installer ces nouveaux radars toujours plus sophistiqués. Donc là, je reviens habillé en voleur pour dire qu'ils sont en train de nous voler. L'Etat nous vole et le voleur ne fait que récupérer ses biens", dénonce-t-il.Une fois de plus, tout est bien scénarisé. A 14h30, Yannick Krommenacker prend position sur le radar à l'aide d'une échelle. Certains de ses amis relayent son action en direct sur les réseaux sociaux et une équipe de C8 le suit pour une émission sur le thème des radars. Une fois arrivé en haut, il s'enchaîne à l'appareil, commentant: "je suis prisonnier du système, nous le sommes tous."
Equipé d'un petit sac dans lequel il a préparé des faux-billets, il les lance vers les badauds qui se massent en bas. Avant de faire de même avec d'anciennes contraventions.
Il y a un an presque jour pour jour, son action avait duré deux heures et demi, le temps que les pompiers parviennent à le faire descendre avec la grande échelle. Cette fois, cela n'aura duré qu'une heure et quart, les pompiers parvenant rapidement a le rejoindre et à couper ses chaînes à l'aide d'une pince. Il a ensuite été emmené à l'hôtel de police.
En 2018, il n'y avait été gardé que quarante minutes avant d'être relâché. Cette fois, il a de nouveau été laissé libre quelques minutes après sa descente car le radar n'a, une nouvelle fois, pas été dégradé.
Yannick Krommenacker a beaucoup fait parler de lui au cours de l'année écoulée. En juillet 2018, il enfile ainsi un costume de mouton pour protester contre l'abaissement de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. En novembre, il est arrêté et condamné à quatre mois de prison aménageable après avoir formé une chaîne humaine et bloqué l'A35 avec quatre camarades lors d'une manifestation de gilets jaunes. Une peine qu'il n'a pas encore exécutée.
Pour avoir été désigné comme étant l'organisateur de la manifestation des gilets jaunes à Strasbourg, le 27 avril 2019, il vient encore d'être condamné le 29 mai, à quatre mois de prison aménageable et six mois d'interdiction de manifester. Mais pas de quoi le faire stopper ses actions. "Ça fait cher payé tout ça mais après je me dis à quoi bon prendre la vie au sérieux, on ne s'en sortira pas vivant de ce monde-là de toute façon."
Avant même son premier buzz, en 2016, où il avait payé une amende en centimes, soit 5.000 pièces rouges, l'homme était déjà connu de la justice puisqu'il avait plusieurs fois été condamné pour des faits de violence.