Le latéral de l'Olympique de Marseille Jonathan Clauss n'a pas été sélectionné pour la Coupe du monde football au Qatar. Dans le club strasbourgeois de l'AS Pierrots Vauban, où l'Alsacien a joué trois saisons, l'attente était immense.
Au club des Pierrots Vauban, à Strasbourg, anciens et jeunes se sont réunis devant la télévision ce mercredi 9 novembre 2022 pour suivre l'annonce de la liste des Bleus qui joueront la Coupe du monde de football, du 20 novembre au 18 décembre. Tous espéraient voir le nom de l'ancien du club Jonathan Clauss affiché à l'écran.
Il est 19h30 quand les jeunes de l'AS Pierrot Vauban remplissent petit à petit l'étage du club-house de l'AS Pierrots Vauban, ce club de football amateur de l'est de Strasbourg, à deux pas de la frontière allemande : "D'ordinaire, le mercredi, c'est le moment pour les anciens de se retrouver et de jouer aux cartes. Mais ce soir, c'est spécial", explique Nicolas Hoffsess, responsable administratif du club.
S'il y a autant de monde, c'est parce qu'un ancien joueur, Jonathan Clauss, va peut-être participer à sa première coupe du monde, à 30 ans. Il suivrait ainsi les pas de François Remetter, Didier Six, Gérard Hausser, ou encore l'Algérien Karim Matmour, tous passés par le club avant ou après avoir participé à la plus grande compétition de football.
Mais les dirigeants de l'ASPV font grise mine. Tout au long de la journée, la participation de Clauss au mondial n'a fait que se refroidir : "Moi j'y crois toujours! Et puis s'il est pris, on se dit qu'un jour ce sera peut-être notre tour", glisse un joueur à la sortie de son entraînement. Voir le natif de Osthoffen (Bas-Rhin) au Qatar serait comme un rêve et aurait un goût de revanche pour ce joueur qui a découvert la sélection sur le tard, à 29 ans.
Avant cela, l'Alsacien né en 1992 a connu une carrière qui lui a demandé de la patience et de l'abnégation. Formé au Racing Club de Strasbourg, il débarque en 2010 à l'ASPV, non retenu par le Racing. Il a alors 18 ans : "Il avait un état d'esprit très revanchard, se souvient Thierry Meyer, délégué du club à la Ligue de Grand Est de Football. Mais on savait qu'il ne serait que de passage ici, vu son potentiel."
Ailier droit, puis latéral, le Bas-Rhinois passe trois années au club, avant un détour au SV Linx (6e division allemande), pour ensuite porter les couleurs de Raon-l'Etape (Vosges), Avranches (Manche), puis Quevilly-Rouen (Seine-Maritime). C'est à l'âge de 26 ans, en août 2018, qu'il signe à l'Arminia Bielefeld, en deuxième division allemande.
Quelques jours plus tôt, l'équipe de France vient de remporter la coupe du monde en Russie. Autant dire que Jonathan Clauss en est très loin : "Mais il a toujours énormément travaillé. Il aurait pu se laisser aller, mais ce n'est pas dans son état d'esprit", continue Thierry Meyer, qui a accueilli Jonathan Clauss aux Pierrots Vauban à l'époque.
À Bielefeld, Clauss s'éclate et participe à la montée du club en première division, avec cinq buts et huit passes décisives lors de la saison 2019-2020. Il tape alors dans l'œil d'un autre Racing que celui de son enfance, celui de Lens. Dans le Pas-de-Calais, l'Alsacien confirme ses performances en Allemagne, et son nom circule pour intégrer les Bleus aux alentours de l'Euro 2021, et revient avec insistance après.
C'est en mars 2022 qu'il est appelé pour la première fois en Bleus. Une convocation qu'il apprend avec ses coéquipiers lensois, devant la télévision. L'explosion de joie du groupe en dit long sur le chemin parcouru par le piston droit. Depuis, Clauss est convoqué à chaque rassemblement. Le désormais joueur de Marseille joue contre l'Autriche et le Danemark en septembre.
Sauf que cette fois-ci, son nom ne figure pas dans la liste de Deschamps. Dans le club-house de l'ASPV, le bruit des enfants s'éteint subitement quand le sélectionneur apparaît à l'écran : "Je suis dégoûté, il joue mieux que tellement de joueurs dans cette liste", se désole Axel, jeune latéral droit de 16 ans.
Clauss paie les frais du choix tactique de Didier Deschamps d'aligner une défense à quatre, et non à trois. Dans ce dernier système de jeu, l'Alsacien excelle en tant que piston droit, un poste où il couvre tout le couloir, et qui lui permet de délivrer de nombreux centres. Morgan Schneiderlin reste donc le dernier Alsacien a avoir joué un mondial. C'était au Brésil, en 2014.
Mais les Strasbourgeois ont pu se consoler. Le milieu de terrain de l'AS Monaco Youssouf Fofana, passé par le Racing entre 2018 et 2020, sera du voyage au Qatar. Le premier match des Bleus se jouera le mardi 22 novembre, à 20h.