Les proches de Cécile Kohler, l’enseignante originaire de Soultz (68) détenue en Iran depuis le 7 mai 2022, se sont rendus ce lundi 6 février à Strasbourg pour assister à une manifestation de soutien des élus de la Collectivité européenne d’Alsace. La famille de l’otage veut organiser des mobilisations régulieres pour « faire bouger les choses ».
C’est une famille debout et unie qui prend place ce lundi 6 février sur le parvis du siège de la CEA à Strasbourg. Un vent glacial souffle sur la place. La mère et le père de Cécile Kohler se tiennent dignement sous le portrait de leur fille. Elle est détenue avec son compagnon depuis le 7 mai 2022 en Iran, où elle est accusée d’espionnage par le régime.
Sur la façade du bâtiment, un écran rappelle que "Cécile est détenue en Iran depuis 275 jours". 275 jours d’angoisse pour ses parents, sa grand-mère et ses deux frères qui sont là aussi. Au total, ils sont sept, à avoir fait le trajet depuis le Haut-Rhin où ils résident.
Les élus de la Collectivité viennent de terminer la matinée de session, et une centaine de personnes sont réunies sur le parvis pour la manifestation de soutien. Thierry Moser, l’avocat du comité de soutien, s’adresse directement aux conseillers : "Qu’est-ce qui est le plus important dans la vie pour vous ? Pour chacun d’entre vous ? C’est la famille et l’entraide de la famille." Et désignant les proches de Cécile : "Et cette famille remue ciel et terre pour Cécile" explique l’avocat.
En Iran, ils suivent ce qu’il se passe ici.
Luc KohlerFrère de Cécile Kohler
Si l’Alsacienne est détenue depuis le printemps, les Kohler se mobilisent publiquement depuis le 22 novembre 2022, date de la création d’un comité de soutien. Ils ont décidé de sortir du silence après avoir découvert avec indignation que des aveux avaient été extorqués à Cécile Kohler, filmés dans une vidéo. "Dès qu’on a monté le comité de soutien, ça a bougé en Iran. Pas pour Cécile, mais pour un autre otage." se souvient Luc Kohler, l’un des frères. " Et puis quand on a manifesté à Paris, elle a eu droit à sa visite consulaire. En Iran, ils suivent ce qu’il se passe ici."
Maître Moser voit un intérêt supplémentaire à la mobilisation : "Il est bon que l’opinion publique fasse preuve de compassion, de bienveillance, de solidarité, parce qu’avec certains Etats voyous, l’otage maintenant, c’est devenu une espèce de monnaie d’échange. Et demain, c’est tout-un-chacun qui pourrait devenir otage."
Elle sera abimée sa vie durant par cette épreuve.
Maître Thierry MoserAvocat de la famille
Frédéric Bierry, le président de la CEA, prend la parole : "On est avec vous, courage ! Tous les Alsaciens et toute les Alsaciennes sont avec vous !" Un soutien précieux pour la famille. Mais aussi pour Cécile Kohler. "Peut-être que dans sa prison à Téhéran, elle a connaissance de ce mouvement et que ça l’aide" espère Thierry Moser.
"Car psychologiquement, c’est très dur." ajoute l'avocat. Même si elle va retrouver sa liberté dans X temps pour revenir en France, elle sera quand même abimée sa vie durant par cette épreuve qui lui est infligée sans aucune justification."
Cécile Kohler a d’abord passé trois mois à l’isolement, dans des conditions très éprouvantes. Elle est à présent dans une cellule avec 6 autres codétenues. Elle a pu le dire à ses parents le 18 décembre dernier, lors de l’unique appel qu’elle a pu passer à sa famille. "On n’a pas été prévenus" témoigne son père. "C’était un appel Whatsapp en vidéo, à peine quelques minutes". Un second appel aurait dû avoir lieu à Noël, mais les parents de Cécile l’attendent toujours.
Aucune information
La plus grande opacité règne sur l’état de santé et l’avancement du dossier de l’otage alsacienne : "On ne sait pas quand aura lieu son procès, on redoute un procès mascarade, et on ne sait pas du tout quand sa situation précaire, préoccupante et pitoyable pourra prendre fin. Je redoute des années de prison, mais la détention ne se justifie pas, ces accusations d’espionnage sont totalement fantaisistes", se lamente Thierry Moser.
"On n’a aucune information sur son état de santé" déplore encore son frère. "On a transmis des livres pour elle via le Quai d’Orsay, mais on ne sait pas s’ils sont arrivés jusqu’à Cécile. On fait tout ce qu’on peut." La famille et le comité Liberté pour Cécile prévoient d'accentuer la mobilisation : "On veut communiquer pour que Cécile ne tombe pas aux oubliettes. Il faut que le dossier reste en haut de la pile". Un événement mensuel devrait désormais être organisé en ce sens.