Bébé secoué: l’assistante maternelle condamnée à 5 ans de prison à Colmar pour avoir violenté Axel, devenu handicapé

L’assistante maternelle jugée depuis lundi dernier aux assises de Colmar, a été reconnue coupable, ce mercredi 15 mai dans la soirée, d’avoir secoué le petit Axel Puviland il y a 4 ans. Elle est condamnée à 5 ans de prison dont deux avec sursis.

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Cinq ans de prison, dont deux avec sursis et interdiction définitive d'exercer le métier d’assistante maternelle, c’est la peine prononcée ce mercredi soir, au terme de trois jours de débats, à l’encontre d’une assistante maternelle de Dambach-la-Ville (Bas-Rhin), reconnue coupable d’avoir secoué Axel Puviland, alors qu'il avait 4 mois, aujourd’hui lourdement handicapé. 

"La nounou encourait vingt ans de prison maximum, elle en prend cinq, c'est dérisoire", s'est exprimé maître Bleykasten, l'avocat des parents d'Axel qui affichaient malgré tout leur satisfaction à la sortie du tribunal. "Ce n'est pas un plaisir d'envoyer quelqu'un en prison, mais c'est quand même un énorme soulagement. La peine nous paraît assez faible, mais de toute façon il n'y a aucune peine qui nous ramènera le bébé qu'on a perdu le 7 octobre 2015" s'est exprimée Sophie Puviland.

"C’est une déception dans la mesure où la cour d’assises a appuyé cette culpabilité sur des pièces médicales et uniquement médicales" a de son côté déclaré l'avocat de l'assistante maternelle, âgée de 55 ans, incarcérée à Strasbourg. "Madame Schneider est très fragile psychologiquement elle a eu du mal à accepter cette décision. Elle avait déjà fait sept semaines de détention provisoire, c’est un retour à la case départ", a t-il ajouté.
 


Un verdict conforme aux requisitions

"Ce qui est arrivé à Axel n’est pas normal. Ce n’est pas un accident. C’est un crime", s’était exprimé l’avocat général lors des requisitions, s’appuyant notamment sur les expertises médicales versées au dossier d’instruction, longuement détaillées au deuxième jour du procès.

Des expertises présentées comme fondamentales dans cette affaire, récusées par la défense et contredites par le professeur Christian Marescaux, neurologue strasbourgeois, connu pour ses prises de positions contradictoires dans plusieurs autres affaires médiatiques. Un praticien qui a produit "des affirmations souvent inexactes, voire totalement inexactes", qui témoignent "d’une profonde malhonnêteté intellectuelle", avait encore asséné l'avocat général, intimant les jurés de ne pas prendre les expertises officielles "à la légère".

Des éléments médicaux également présentés comme "des éléments de certitudes" par l’avocat des parties civiles. "Il ne fait pas l’ombre d’un doute que madame Schneider a secoué Axel Puviland le 7 octobre 2015. Il n’y a aucune place au doute dans ce dossier. C’est une conviction qui s’appuie sur des éléments factuels. Il n’y a aucun autre diagnostic différentiel qui ne puisse être retenu que celui du syndrome du bébé secoué", avait-il plaidé, demandant aux jurés de reconnaître la culpabilité de la nounou.
 


Une nounou, "qui n'a pas pété les plombs" comme le laissait entendre le ministère public, avait encore tenté de démontrer la défense en quête d'une relaxe. "Si elle avait maltraitée cet enfant, on aurait retrouvé des hématomes, des ecchymoses, hors là, rien." "N’ayez pas la main qui tremble lorsque vous aurez à vous prononcer. Si ma cliente est reconnue coupable, vous aurez jugé mais vous n’aurez pas rendu justice," a conclu maître Wacquez, l'avocat de Madame Schneider, en s'adressant à la cour.


"Je n’ai pas fait de mal à cet enfant"

L’assistance maternelle, qui a conservé une attitude impassible trois jours durant, avait de nouveau clamé son innocence en début d'après-midi ce mercredi, maintenant sa version des faits lors de son interrogatoire sur le fond. "Il ne s’est rien passé chez moi. On veut me faire porter le chapeau" s’était-elle défendue, ne cessant de répéter "il faut arrêter", "les accusations sont fausses. je n’ai pas secoué cet enfant. Quand je l’ai sorti du transat, Axel n’était déjà pas bien. Cet enfant a eu quelque chose d’autre." Des explications contrecarrées par la présidente du tribunal qui cherchera à la pousser dans ses retranchements.

- "Ce n’est pas qu’un simple malaise, madame Schneider. Les examens, les experts, confirment un choc violent. Comment l’enfant a-t-il eu ce choc violent?
- Je ne lui ai pas fait de choc violent. Je ne sais pas ce qui s’est passé.
- Qui a secoué cet enfant?
- Personne.
- Le Saint-Esprit?
- Le Saint-Esprit, si vous voulez."


Et l'assistante maternelle de conclure: "J’en ai ras-le-bol de cette histoire. Ce petit est handicapé, ça me fait mal au coeur mais je ne lui ai rien fait. Personne ne veut me croire."


Une nounou à "l’ego surdimensionné", au fonctionnement "obsessionnel"

Un peu plus tôt, les conclusions du rapport d’expertise psychologique de Sylvie Schneider, réalisé en 2015 alors qu’elle était placée en détention, avaient laissé apparaître un profil troublant. Dans ce rapport, elle est décrite comme "très sûre d’elle""convaincue de savoir mieux et plus que les autres", "incapable de se trouver le moindre défaut", faisant preuve "d’un ego surdimensionné" et dotée d’une "importante rigidité psychique". Une femme soucieuse de renvoyer "une image de perfection", qui "n’aime pas le désordre", adoptant "un fonctionnement obsessionnel".

Les conclusions évoquent aussi les relations "problématiques" avec les parents d’Anaé et d’Axel Puviland, les pleurs du bébé "avec lequel elle n’y arrive pas", des pleurs "difficiles à supporter".  Et l’experte psychiatre de conclure que si l’accusée était véritablement auteure d’un secouement, "reconnaître lui serait impossible eu égard à la bonne image qu’elle tient à véhiculer d’elle-même".
  
Des traits de personnalité, au coeur des débats, tranchants avec l’image d’une nounou, présentée à la barre, à plusieurs reprises, comme "calme, exemplaire", en qui on peut "avoir toute confiance" parce qu’elle est "la meilleure de Dambach-la-Ville", par d’anciens employeurs, témoins de la défense. 

A l'heure qu'il est, Sylvie Schneider n'envisagerait pas de faire appel de son jugement. Elle pourrait formuler une demande de remise en liberté conditionnelle dans 18 mois. 
 
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