Comme dans de nombreuses régions françaises, la pluie n'a pas cessé de tomber en Champagne-Ardenne durant la semaine du 23 septembre 2024. Un météorologue explique le rôle joué - en partie - par ce qu'on appelle une "rivière atmosphérique".
De la pluie, de la pluie, et de la pluie. La semaine du 23 septembre 2024 aura été synonyme de précipitations abondantes en région Champagne-Ardenne.
Au point parfois de causer des accidents. Les perturbations ont pu être alimentées par ce qu'on appelle une rivière atmosphérique, même si les fortes pluies n'en découlent pas directement.
Explications avec François Jobard, prévisionniste de Météo-France sollicité par France 3 Champagne-Ardenne. "C'est un terme devenu un peu à la mode ces dernières années", malgré son lien avec la science météorologique, à laquelle est peu habitué le profane.
Un courant venu des tropiques
"Il s'agit d'un courant qui transporte l'humidité atmosphérique depuis les basses latitudes jusqu'aux latitudes plus élevées. Autrement dit, depuis les tropiques jusque vers l'Europe. Des rivières atmosphériques, il en existe dans tous les recoins de la planète. On retrouve aussi ce phénomène dans l'océan Pacifique."
"C'est tout simplement comme un corridor d'humidité, qui est transporté dans l'atmosphère. C'est une rivière, entre guillemets, car elle décrit un écoulement, mais au-dessus de nos têtes. Basiquement, des nuages qui voyagent dans le ciel, le long d'une bande, avec un fort contenu en eau atmosphérique." Cette humidité est très concentrée.
En cause, les tropiques, où il fait plus chaud et donc plus humide. "Le fait est qu'on a ces masses d'air très chargées en humidité, transportées le long d'une bande assez étroite, comme un tapis roulant, vers l'Europe. Mais le fait qu'on ait cette rivière atmosphérique n'implique pas nécessairement qu'il va pleuvoir, ni qu'il va pleuvoir beaucoup." Il peut même ne pas pleuvoir.
Le fait qu'on ait cette rivière atmosphérique n'implique pas nécessairement qu'il va pleuvoir.
François Jobard, prévisionniste chez Météo-France
Tout dépend "des bandes nuageuses, des perturbations. Pour avoir des précipitations, il faut en plus des systèmes atmosphériques liés aux dépressions, il faut des fronts actifs. C'est ça qui va créé les précipitations, et ces précipitations vont exploiter la présence d'une rivière atmosphérique : elle va les augmenter."
La Champagne-Ardenne très arrosée
In fine, ce qui a fait pleuvoir autant, "c'est la perturbation active, dans un contexte très riche en humidité. Ce n'est pas directement la rivière atmosphérique qui nous arrose." Les pluies sont soutenues car c'est une perturbation qui s'étend beaucoup.
Rien d'alarmant, donc, même s'il a vraiment beaucoup plu. Le prévisionniste note toutefois que l'épisode intervient "en fin d'un mois de septembre déjà globalement très arrosé. Cela confirme un mois particulièrement arrosé, inscrit lui-même au sein d'une période depuis octobre 2023 où l'on a des mois vraiment très arrosés."
Si on additionne depuis 2001, la période octobre 2023-septembre 2024 n'a jamais été aussi arrosée. "Il n'a pas plu autant en Champagne-Ardenne, sur douze mois, depuis 2001." Et pour cette période de douze mois, la région a été la deuxième plus arrosée.
Cela ne va pas (beaucoup) s'arranger
Ce vendredi 27 septembre sera toujours "pas terrible", si l'on en croit l'expert. "On aura des passages nuageux porteurs d'averses voire d'orages. Même si de temps en temps, on pourra avoir de petites éclaircies."
On aura un temps plus froid.
François Jobard, prévisionniste chez Météo-France
Les intempéries devraient ensuite s'estomper un petit peu durant le week-end (fin de semaine) des 28 et 29 septembre. "On aura graduellement un peu plus d'éclaircies, même si on aura un temps plus froid. Voire bien plus frais : en Champagne, on pourrait avoir des gelées au sol, ou sous abri, le matin."
Difficile d'évaluer ce qu'il en sera pour le mois d'octobre. "C'est un peu tôt pour l'affirmer. Mais il faut s'attendre à de nouvelles perturbations. Disons qu'il faudra profiter des éclaircies du week-end."
On pourrait craindre de nouvelles inondations consécutives à ce début d'automne, déjà très humide. "Il faudra espérer que le reste de l'automne et l'hiver ne soient pas autant arrosés." Au moins, on est prévenu.