"On a l'impression qu'on dérange" : le champagne bio poursuit son développement malgré des ventes en baisse

À l'occasion de la Foire de Châlons-en-Champagne, l'Association des champagnes biologiques tiendra un stand ce mercredi 4 septembre. Tour d'horizon de cette filière en plein développement.

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"Parfois, on a l'impression qu'on dérange car on est en marge, on propose une autre vision de la viticulture". Jérôme Bourgeois préside l'Association des champagnes biologiques et s'est lui-même converti en 2009. Une conversion longue : il faut six ans pour produire des bouteilles estampillées du label vert et blanc et trois années pour convertir la vigne. Puis encore trois années pour vieillir la bouteille.

"Ça paraît assez long et ça peut être décourageant, car sur les six ans il y aura forcément une mauvaise récolte", confie-t-il. Mais en lissant la production sur six, le vigneron assure qu'on peut s'en sortir.

Quinze ans après avoir franchi le pas, il ne regrette pas et assure même que "c'est plus épanouissant car on est plus proche de la terre, plus observateurs, plus technique". Et pour cause, l'agriculture biologique n'utilise pas de produits de synthèse ou chimiques. Pour désherber, il faut s'y prendre mécaniquement. Pour ce qui est des intrants, seuls les produits minéraux sont tolérés : le cuivre et le soufre.

Une approche différente face au mildiou

Cette façon de travailler les vignes peut se révéler plus contraignante. Elle sollicite davantage de matériel et de main d'œuvre. "Il faut être plus précis sur le travail, donc on embauche plus de personnes", nous explique Jérôme Bourgeois.

Exemple concret avec le mildiou, cette maladie tant redoutée des viticulteurs qui se traduit par des taches sur les feuilles. En agriculture conventionnelle, un produit est appliqué sur les vignes, rentre à l'intérieur et agit pendant 10 à 12 jours. 

Mais en agriculture biologique, c'est avec du cuivre que l'on se prémunit du mildiou. Mais le cuivre est lessivable par la pluie, donc il faut être réactif pour en apporter régulièrement. "S'il pleut beaucoup tout le long de la saison, on a inévitablement de 30 à 100% de pertes".

À cela s'ajoute un phénomène que ce vigneron de l'Aisne observe de plus en plus : les mauvaises années sont de plus en plus fréquentes. Après 2021, cette année 2024 s'annonce mauvaise en raison de la pluie et du manque de soleil, quand ce n'est pas le gel printanier ou les canicules qui nuisent à la qualité du raisin. "On voit ce genre de phénomène se rapprocher avec le réchauffement climatique.

"On pollue moins l'environnement"

Mais selon Jérôme Bourgeois, le bio à sa carte à jouer face à ces aléas. C'est d'ailleurs ce qui l'a motivé à passer au bio "on émet moins de gaz à effet de serre, on pollue moins l'environnement et l'eau, qui est une ressource commune".

Sa prise de conscience remonte aux débuts de sa carrière, quand son père lui demandait de désherber les vignes avec du round-up. "En répandant le produit, je me demandais où tout cela allait nous mener". Et il a eu l'œil, puisque le round-up a mené son fabricant Monsanto au tribunal pour indemniser une victime atteinte d'un cancer.

Protéger l'environnement et la santé des consommateurs peut aussi rimer avec qualité. Car selon le président de l'Association des champagnes biologique, du fait de cultiver des sols vivants, "l'équilibre des vins est supérieur, c'est facilement vérifiable".

Les bouteilles de ce vigneron de Crouttes-sur-Marne sont d'ailleurs présentes sur des tables étoilées, notamment à l'hôtel cinq étoiles, le Cheval blanc à Paris.

Du côté de la demande des consommateurs, Jérôme Bourgeois constate qu'elle augmente, "c'est aussi ce qui nous rend plus confiants et fiers de nous".

De plus en plus de conversions

Aujourd'hui le champagne bio reste minoritaire : seulement 9% du vignoble champenois est labellisé, ce qui représente 624 viticulteurs et 2 730 hectares. Mais leur nombre devrait continuer d'augmenter, car plus de 1 000 hectares sont actuellement en conversion.

Le nombre de producteurs ayant franchi le pas est d'ailleurs évocateur : ces cinq dernières années ils étaient 416 à l'avoir fait.

Les bouteilles de champagne bio restent cependant plus chères, en moyenne de 50% à 100%. Ce qui s'explique en partie par le prix du raisin qui est vendu 30% plus cher aux négoces. Bien qu'on puisse trouver des bouteilles d'entrée de gamme à 25 voire 35 euros.

Mais cet élan vers le bio ne doit pas cacher les difficultés que traverse le secteur : "les nuages gris arrivent, le secteur du bio est en crise depuis deux à trois ans" explique Jérôme Bourgeois.

Leurs ventes sont touchées par une baisse de 15%. Une crise qui n'épargne pas le champagne conventionnel depuis un an. Après des années dorées portées par le confinement, l'inflation n'épargne pas les bulles champenoises.

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