Début février, les gilets jaunes d'Erstein avaient distribué pas moins de 11.000 questionnaires sur une vingtaine de communes. Objectif: rassembler les doléances des citoyens et les faire parvenir à l'Élysée dans le cadre du grand débat national. Ce mardi 19 mars, ils rendent leurs conclusions.
Les gilets jaunes du secteur d'Erstein ont voulu faire ça bien. Parfaitement même. Prendre le grand débat national lancé par Emmanuel Macron au pied de la lettre. Et consulter directement leurs concitoyens via 12.000 questionnaires distribués dans 19 communes aux alentours d'Erstein. Des questionnaires comportant 23 affirmations classées en 5 thèmes (pouvoir d’achat, fiscalité et budget, société, services publics et emploi, État et institutions, citoyenneté et représentation.) Un mois et demi après leur distribution, voici les conclusions de cette consultation qu'est venu nous remettre Lionel Lutz, l'un des gilets jaunes à l'origine de cette enquête.
Peu de retours
Le résultat de ces questionnaires doit être relativisé. Il ne peut statistiquement représenter les doléances des Français, des Alsaciens ni même des habitants du secteur d'Erstein. Les retours ont été rares. Sur les 12.000 questionnaires distribués, 455 d’entre eux ont été complétés et renvoyés aux gilets jaunes d'Erstein soit à peine 4,12%. Ceci dit, ce rapport donne un éclairage sur les préoccupations à l'instant T d'un panel de gens suffisament concernés par ces enjeux pour y avoir répondu.Lionel Lutz ne s'attendait pas à ces résultats: "On ne savait pas si ça serait un flop complet, si on aurait 2.000 réponses, 1.000 réponses, 200 réponses... On a eu 5% de retours. Cela pourrait paraître pas très énorme, mais ce n'est pas si mal. C'est le taux qu'on a pu retrouver dans les réunions publiques ou pour la participation au grand débat national."
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Plus de justice sociale, une meilleure représentativité
Si le pouvoir d'achat est largement abordé dans les réponses, il ne constitue pas, et de loin, le seul centre d'interêt des sondés.Ainsi, les items ayant le plus suscité d'intérêt sont:
- à 81%: la fin du cumul des mandats pour les élus, plafonnement de leurs traitements et indemnités, renonciation à tout système de retraite et de défiscalisation garanti à vie pour ces derniers.
- à 76%: la fin de l’évasion fiscale avec récupération des impôts et taxes sur les profits réalisés par les grands groupes étrangers sur le territoire national (les fameux GAFA).
- à 73%: la réduction de la TVA (5,5 %) sur les produits de première nécessité et hausse de celle-ci sur les produits de luxe.
Outre le pouvoir d'achat, Lionel Lutz voit un désir "pour une meilleure représentativité: cela part du local, avec la vie de la cité, au niveau de la commune ou de l'intercommunalité. Jusqu'aux échelons plus nationaux, notamment la représentativité à l'Assemblée nationale. On a des revendications pour des consultations, des référendums sur des questions économiques ou sociétales."
Il ressort également de ce questionnaire que la justice économique et sociale tient une place importante chez la majorité des sondés. Un souci qui se traduit par un souhait de plus d’équité face aux taxes et impôts mais aussi un meilleur emploi de ces ressources dans un contexte de restriction budgétaire intense.
Et après ?
Les conclusions de ce sondage devraient être remises aux pouvoirs publics, participant ainsi activement au grand débat national lancé par le chef de l'État. Lionel Lutz a songé à le remettre directement à Emmanuel Macron: "On a sollicité la sous-préfète d'Erstein, Clara Thomas, qui est la référente du grand débat sur le département. Elle nous a très poliment opposé une fin de non-recevoir mais nous a expliqué que notre synthèse serait versée au grand débat national pour être ensuite transmise aux autorités compétentes. On a donc déposé le dossier en préfecture le lundi 18 mars."Ces conclusions seront également envoyées au député de la cinquième circonscription du Bas-Rhin, Antoine Herth (LR), qui comprend Erstein. Les maires des agglomérations voisines ou d'autres parlementaires pourraient également les recevoir ensuite.