Mondiaux de bobsleigh : le pilote alsacien Romain Heinrich avant la dernière course de sa carrière, "le plaisir passera par la performance"

Après 10 ans d'une riche carrière, jalonnée notamment de trois Jeux olympiques, l'Alsacien Romain Heinrich va dire stop. Il dispute ces 4 et 5 février la dernière course de sa carrière : le bob à 4 des mondiaux de Saint-Moritz, là où tout a commencé.

Il aurait pu s'arrêter après ses 3èmes Jeux olympiques, en février 2022 à Pékin. Mais des résultats décevants (une 12e place en bob à 2 et une 19e place en bob à 4) ont confirmé Romain Heinrich dans cette idée qui, déjà, trottait dans un coin de sa tête : boucler sa riche carrière à Saint-Moritz, là où il avait disputé ses premiers mondiaux de bobsleigh, exactement dix ans auparavant, en 2013.

Les championnats du monde se déroulent à nouveau dans "la Mecque du bobsleigh", en Suisse, jusqu'au 5 février, date qui marquera donc pour lui la fin de dix années passées dans le bobsleigh tricolore, comme pousseur d'abord, comme pilote ensuite. Avec un podium en coupe du monde et une médaille de bronze européenne à son actif.

Après une 7e place en bob à 2 le 29 janvier dernier, sa meilleure performance à ce niveau dans la discipline, l'Alsacien nourrit encore l'ambition d'une ultime belle course. A la veille du début de la compétition, l'infatigable compétiteur a répondu à nos questions, serein et détendu.

Romain, comment abordez-vous cette compétition, forcément particulière ?

"Je suis très content d'être là, à Saint-Moritz, dans un cadre magnifique et une belle ambiance. Il fait grand beau, c'est un réel plaisir d'être présente à ce rendez-vous. Cela a beaucoup de sens pour moi de boucler la boucle ici. Nous étions sortis des jeux olympiques plein d'amertume, je ne voulais pas finir là-dessus. Et Saint-Moritz, c'est un endroit spécial, où j'ai fait mes débuts internationaux, en championnats du monde, en 2013. Tout est parfait pour finir en beauté."

Dans quel état de forme avez-vous démarré ces mondiaux ?

"Nous sommes des compétiteurs, le deal avec la fédération était d'arriver ici avec des objectifs de résultats. Ce n'est pas juste un jubilé. Après, nous nous sommes préparés un peu différemment, nous avons peu couru en coupe du monde cette année, la préparation estivale a aussi été gérée autrement : moi, je suis déjà à fond dans mon job (il est ingénieur dans une start-up grenobloise spécialisée dans la conception de micro leds utilisées dans l'informatique, NDLR) ; Dorian (Hauteville, son partenaire du bob à 2) est devenu papa il y a trois semaines, donc il n'est pas non plus dans les mêmes dispositions que les saisons précédentes. Mais nous avons bossé pour être à notre pic de forme en janvier.

Nous nous sommes préparés et notre performance du week-end dernier le montre (7e du bob à 2, la meilleure performance du trio au niveau international). Les 6 premières équipes étaient injouables, mais nous avons été les meilleurs du "second groupe". La poussée aurait pu être meilleure, il y avait sans doute un peu de fatigue, moins d'énergie, mais sur le pilotage, nous nous sommes régalés."

Justement, cela ne donne pas envie de repartir pour un tour ?

"Les JO de 2026, pour moi, ce n'était pas une option. J'aime toujours autant mon sport, mais la préparation, et la récupération, deviennent de plus en plus difficiles. Je suis un peu fatigué de la rigueur, de l'exigence, mon corps me dit aussi sa lassitude, j'ai des petits bobos... Et puis autant les mondiaux de Saint-Moritz me faisaient rêver, comme échéance, autant les prochains, à Winterberg, me donnent moins de motivation. Donc, pour le moment, je suis très serein avec ma décision d'arrêter là."

Comment gères-tu l'émotion générée par cette dernière course ?

"Le fait d'avoir une date arrêtée depuis longtemps m'a aidé à anticiper l'événement. Mes proches, ma famille, sont venus le week-end dernier, car c'était aussi mon 33e anniversaire, lundi (le 30 janvier) ; donc là, je peux être tranquille, dans ma bulle."

Objectif top 10 en bob à 4

"Je suis très focalisé sur la performance, je suis sûr que nous avons des chances sur le bob à 4 de viser un top 10, pourquoi pas un top 8, ce qui serait un très beau résultat.

Pour moi, le plaisir passe complètement par la performance, je me concentre là-dessus, vivre chaque manche à 10.000% !

Romain Heinrich, pilote du bob à 4 français

C'est de toute façon à cette condition que nous atteindrons cet objectif sportif, tellement cela s'annonce serré."

Appréhendes-tu l'après-carrière ?

"Je n'en ai pas vraiment le temps : lundi, je serai au boulot ! Et nous sommes lancés, avec ma compagne (la bobeuse suisse Nadja Pasternack, récente vice-championne d'Europe), dans un projet de rénovation de maison, près de Grenoble... peut-être fonder une famille aussi... Je serai donc toujours à fond, mais sur d'autres projets!

Côte sport, j'ai prévu de faire ce que j'ai toujours fait : je suis issu d'une famille très sportive, touche-à-tout donc je vais essayer plein de trucs, en profiter ! Je vais skier, reprendre le tennis avec les copains... Je ne compte pas me laisser aller, il ne faudrait pas d'ailleurs, car mon corps est habitué au haut-niveau...

Je n'ai donc pas de crainte sur la suite... même si je ne saurais vraiment comment je le vis que l'hiver prochain : toute une saison loin du circuit, je ne connais pas encore !"

Pour suivre Romain Heinrich aux championnats du monde de Saint-Moritz, rendez-vous sur le site de la fédération internationale de bobsleigh et skeleton : départs à 13h et 15h samedi 4 février, puis aux mêmes horaires dimanche 5 février.

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