Barbara Pompili, ministre de l'Écologie, a demandé au préfet du Haut-Rhin un nouvel arrêté pour enfouir définitivement tous les déchets toxiques du site de Stocamine, à Wittelsheim (Haut-Rhin). Frédéric Bierry, président (LR) de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), lui a écrit pour lui proposer des alternatives moins définitives, le mercredi 2 février.
Nouvel épisode dans la saga Stocamine. Dernièrement, le Conseil constitutionnel avait empêché le gouvernement de fermer en catimini le site d'enfouissement de déchets toxiques.
Lassée, la ministre de l'Écologie, Barbara Pompili, considère cet enfouissement comme "inévitable". Elle a donc demandé au préfet du Haut-Rhin, Louis Laugier, de prendre un nouvel arrêté pour redémarrer certains travaux et préparer l'enfouissement à l'issue d'une nouvelle enquête publique. C'était le vendredi 28 janvier 2022.
Le site de Stocamine se trouve à Wittelsheim (Haut-Rhin). Autour du site, la nappe phréatique d'Alsace. La plus grande de France, et même d'Europe : elle bénéficie donc aussi à l'Allemagne et à la Suisse (voir sur la carte ci-dessous).
Depuis des années, les associations et les personnalités politiques de tous bords alertent qu'un enfouissement définitif des déchets toxiques de Stocamine pourrait menacer, à terme, cette précieuse nappe phréatique. Frédéric Bierry, le président (LR) de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), en fait partie.
Ce dernier conteste la demande de la ministre écolo proche d'Emmanuel Macron. Et lui propose des solutions alternatives, dans une lettre envoyée le mercredi 2 février 2022 (à lire dans le lecteur ci-dessous).
Frédéric Bierry rappelle que les collectivités et instances judiciaires s'étaient opposées à cet enfouissage problématique à plus d'un titre ("présence de déchets non-autorisés", "galeries dans des zones instables", "études discutables et sismicité de la zone mal prise en compte", "absence de partage de données"). Il regrette que "dans ce dossier, la parole de l'État" a été "progressivement mise en cause".
"L'absence de transparence et de concertation a généré un climat de défiance qui nuit à la conduite sereine de ce dossier." Il veut agir, et propose une voie médiane entre tout enfouir et tout déterrer.
Le "compromis" de Frédéric Bierry
L'élu ne conteste pas la difficulté technique pour ressortir "tous" les déchets, mais ça n'a "jamais" exclu d'en évacuer une partie. Que ce soit humainement, ou avec l'aide de la robotique.
Il suggère donc de condamner (avec leurs déchets toxiques malgré "l'absence de connaissance précise [de leur] contenu") les galeries en mauvais état (notamment celles où un incendie s'est produit en 2002). Et de bien les contenir avant que les eaux de la nappe phréatique ne les envahissent inexorablement.
Pour les autres galeries, avançant que "les mineurs [...] reconnaissent que [leur] état rend possible un déstockage important", il avance la possibilité qu'"au moins la moitié des déchets" puisse être ressortie. De quoi réduire "considérablement les risques pour la nappe phréatique".
La ministre devra se positionner
Jugeant cette proposition "équilibrée et raisonnable" en plus de tenir compte "de la sécurité des mineurs", Frédéric Bierry en appelle à l'adhésion de Barbara Pompili. Si elle donnait son assentiment, un comité local d'information et de suivi (Clis) pourrait même être mis en place pour gérer ce dossier de manière "indépendante", comme à la centrale nucléaire de Fessenheim.
Mais en cas de refus, pas de "fin à tout contentieux et à toute action de la [CEA] sur le sujet". Au contraire, l'élu promet de ne rien lui épargner, et "de poursuivre l'action forte engagée par la [CEA] pour la défense de la santé des habitants du bassin rhénan". La balle est maintenant dans le camp de la ministre.