TEMOIGNAGE. Adolescent soupçonné de préparer un attentat dans le Haut-Rhin, sa mère, dévastée, "tombe des nues"

Un mineur de 14 ans, soupçonné de préparer un attentat, a été interpellé le mardi 4 avril lors d'une importante opération de police menée à Rosenau (Haut-Rhin). Sa famille, que nous avons pu rencontrer, confie sa stupeur et dénonce une intervention disproportionnée des forces de l'ordre.

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"Il attendait le bus, avec sa sœur et des copains, lorsque des policiers ont débarqué. Ils étaient cagoulés et en tenue noire, sans insigne, c'était très impressionnant. Ils étaient une dizaine, ils l'ont porté. Sa petite sœur, qui a 13 ans, a d'abord cru à un enlèvement. Tout le monde a eu peur". Au lendemain de l'interpellation de son fils, âgé de 14 ans, lors d'une opération pilotée par le parquet national antiterroriste, sa mère est toujours sous le choc.

Cette mère de quatre enfants, originaire du village de Rosenau (Haut-Rhin), décrit sa famille et son fils comme "sans histoires". Le grand-père, également présent lorsque notre équipe a pu rencontrer la famille, est maraîcher dans la petite commune de 2.400 habitants. Son petit-fils l'aide volontiers dans son exploitation, pour gagner un peu d'argent de poche. Un couteau a été retrouvé dans sa chambre, "dont il se servait dans les champs", précise la maman.

"Depuis tout petit, il est très bricoleur, très doué, confie-t-elle. Du genre à démonter et remonter la télé, faire des expériences de chimie, améliorer lui-même le fonctionnement de son ordinateur..." Le jeune garçon est d'ailleurs scolarisé en lycée professionnel, en classe seconde. "Je le verrai bien devenir artificier par exemple, les feux d'artifice le passionnent." Récemment, elle lui avait acheté de la poudre noire et du matériel pour bricoler des pétards, qu'il allumait dans le champ voisin.

Un enfant bricoleur et débrouillard

Des perquisitions ont montré qu'il a déjà confectionné des explosifs, "il était déterminé à en fabriquer", nous indiquait une source proche du dossier le jour de son interpellation.

Je ne peux pas y croire. On tombe complètement des nues.

La mère de l'adolescent soupçonné de préparer une action terroriste

Comme beaucoup d'adolescents, il passe également du temps derrière les écrans. A-t-il visionné des vidéos qui ont attiré l'attention des enquêteurs ? Proféré des propos laissant entendre qu'il est "manifestement acquis aux thèses de l'Etat islamique", comme précisé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) en marge de l'opération menée le 4 avril ?

"Je ne peux pas y croire. On tombe complètement des nues", affirme la mère du garçon, qui juge l'opération menée hier "disproportionnée". Et qui s'interroge : "il a un nom et prénom d'origine maghrébine. Est-ce que cela a contribué à attirer l'attention ?"

Des vidéos montrées à ses camarades de lycée

Du côté de ses camarades, rencontrés par notre équipe devant le lycée Mermoz de Saint-Louis, l'incrédulité est aussi de mise. "Il avait une clé USB, où il y avait des vidéos pour confectionner des bombes, des magazines terroristes, nous confie l'un d'entre eux. Bien sûr, je trouvais ça bizarre, mais je n'y ai pas vraiment prêté attention, parce que je pensais que c'était une blague qui allait trop loin". "Il était blagueur à ce sujet, confirme un second lycéen. Mais il ne se vantait pas de savoir faire pareil..."

Décrit comme un jeune "intelligent", "très doué dans les matières scientifiques", mais qui "participait assez peu en classe", l'élève avait un an d'avance, et était passé d'une seconde générale à une seconde professionnelle en cours d'année.

En garde-à-vue pour 48h à Strasbourg

L'adolescent est ce mercredi 5 avril toujours en garde-à-vue, dans les locaux strasbourgeois de la DGSI, pour 48 heures, comme prévu pour les mineurs de moins de 15 ans, dans le cadre d'une enquête ouverte pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle."

Sa famille n'a, au lendemain de son arrestation, pas pu avoir de contact avec le garçon, qui s'est vu attribuer un avocat commis d'office. La mère a été invitée à se rendre sur Paris, où son fils sera vraisemblablement transféré pour une probable mise en examen.

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