Chaumont et Langres seront chacun dotés d'un hôpital neuf. Ce sera le plus gros investissement de ces 40 dernières années en Haute-Marne.
C'est une annonce historique pour la Haute-Marne : deux hôpitaux flambants neufs verront le jour d'ici cinq ans.
Une échéance ambitieuse qui s'explique par le fait que le projet est déjà budgété : 140 millions d'euros pour les deux établissements.
Un budget qui peut s'appuyer sur les 30 millions d'euros dont bénéficie le département grâce au GIP, ce fond d'investissement qui sert de compensation à l'implantation du site de déchets nucléaires de Bure. Au total, le département et le GIP devraient couvrir la moitié du budget.
Il reste une question essentielle à régler : l'implantation des nouveaux établissements. Selon Nicolas Lacroix, le président du conseil départemental, "le plus rapide pour atteindre cet objectif de 5 ans c’est de travailler sur un emplacement où il n’existe pas de bâtiment." Les travaux devraient débuter dès le début de l'année 2023.
Un "plateau technique" à Chaumont
La nécessité de nouveaux hôpitaux dans le département se faisait de plus en plus urgente. Celui de Chaumont étant dans un état déplorable, en déficit de personnel et de fonds.
C'est également une question d'attractivité "pour concentrer les compétences, attirer de nouveaux médecins et rendre le paysage lisible pour les professionnels" selon la présidente de l'ARS Grand-Est, Virginie Cayré.
A Chaumont un "plateau technique" dans lequel "il y aura de la médecine, de la chirurgie et de l’obstétrique" verra le jour.
Un plateau technique se distingue d'un hôpital car il concentre de nombreuses fonctionnalités techniques qui permettent notamment la pratique de la chirurgie et des examens exploratoires, alors qu'un hôpital à une fonction de médecine plus classique.
Cette décision aurait dû être prise il y a 10 ou 15 ans vu l’urgence de la situation.
Nicolas Lacroix, président du conseil départemental de Haute-Marne
La préfète de Haute-Marne, Anne Cornet, se réjouit d'une offre de soins "de qualité supérieure, avec des technologies de soins nouvelles".
Le président du conseil départemental s'en réjouit également mais nuance cet enthousiasme : "cette décision aurait dû être prise il y a 10 ou 15 ans vu l’urgence de la situation".
"On vient d'acter la fin de la chirurgie à Langres"
Côté associatif, ce projet est une énorme déception. L'association Avenir santé sud Haute-Marne défendait l'installation d'un plateau technique à Rolampont, à 10 kilomètres de Langres et 20 kilomètres de Chaumont. Mais avec ce nouveau projet, l'actuel plateau technique de Langres disparaîtra au profit d'un plateau technique à Chaumont.
"La préfecture, l’ARS et le département viennent d’acter la fin de la chirurgie à Langres. Nous avons perdu la maternité, maintenant on perd la chirurgie" s'insurge Mathieu Thiébaut, le président de l'association.
C'est seulement un projet immobilier, c'est quatre murs, mais il y aura quoi dedans ?
Mathieu Thiébaut, président d'Avenir santé sud Haute-Marne
Bien qu'un hôpital neuf soit annoncé à Langres, il n'y a pas de quoi le convaincre. "C'est seulement un projet immobilier, c'est quatre murs, mais il y aura quoi dedans ?" Selon lui, la disparition du plateau technique entrainera la disparition de nombreuses fonctions essentielles au fonctionnement d'un hôpital. "On va donc renvoyer les patients vers Chaumont, à 40 kilomètres de là, où les lits seront déjà saturés."
Le président d'Avenir santé sud Haute-Marne dénonce également la faible concertation avec les pouvoirs publics. "On nous a demandé de travailler un an sur ce dossier et on ne tient pas compte de nos remarques. L’ARS n’a pas eu la bienséance de nous mettre dans la boucle. C’est quelque chose d’extrêmement décevant."
Il ne compte pas s'arrêter là et promet des prochains mois compliqué, "avec des actions plutôt énergiques de la part des habitants sud haut-marnais"