Fin mai, la SNCF a fait passer le message aux Régions : ne pouvant assumer la maintenance des rails, la compagnie ferroviaire menaçait de réduire la vitesse à 40 à l'heure sur certaines lignes secondaires en mauvais état. Le Conseil Régional Grand Est a dû trouver 65 millions d'euros en urgence.
Le président Richert l'avait annoncé en présentant son premier budget, il y a deux semaines. La SNCF lui mettait le couteau sous la gorge en "découvrant" que 11 lignes ferroviaires, dans le Grand Est, poseraient un "problème de sécurité" à brève échéance - 3 ou 4 ans - et surtout qu'elle n'avait plus les moyens de les entretenir. Une facture évaluée à 350 millions pour 700 km de rails !
Pour certaines lignes, la SNCF annonçait déjà, dès l'an prochain, des réductions de vitesse à 40 voire 20 km/h sur les tronçons les plus dégradés. Une quasi condamnation à mort : qui va encore préférer le train dans ces conditions ?
Pas question pour la Région de laisser mourir ces lignes. Le TER est un outil d'aménagement du territoire et de protection de l'environnement. Et son maintien est un sujet sensible, notamment dans les petites villes et les campagnes.
Il a donc fallu trouver de l'argent très vite. Par chance, Richert avait rendez-vous avec le préfet de région pour la mise à jour, la "revoyure", du contrat de plan Etat-Région 2015-2020... ou plutôt des contrats de plans, puisqu'ils avaient été conclus avec les 3 régions de l'époque. A cette occasion, l'Etat remet 30 millions au pot et le Grand Est 50. Sur ces 80 millions, il a donc été décidé d'en allouer 65 au rail, pour parer au plus pressé... quitte à se serrer la ceinture ailleurs...
Et il faudra trouver 300 millions dans les années qui viennent pour remettre en l'état les 11 lignes ferroviaires concernées.
Notre reportage avec David Valence, le responsable des transports au Conseil Régional, qui est aussi maire de Saint-Dié. Il connaît bien les menaces qui pèsent sur certaines dessertes vosgiennes :
Ce n'est pas la première fois que la SNCF met les élus régionaux au pied du mur. En février, elle annonçait la suppression de 25 TER Lorraine par jour, pendant trois mois... Cette-fois-là, c'était à cause d'une pénurie de conducteurs ! Richert et ses collaborateurs commencent à être agacés par ces manquements à répétition. Et plus encore par l'opacité totale de la société nationale qui semble, à chaque fois, sortir un lapin du chapeau.