Jusqu'à la fin du mois d'août, le tramway est à l'arrêt à Reims, le temps de réaliser des travaux. Un bus de substitution est mis en place. Mais pour les personnes à mobilité réduite, se déplacer devient un peu plus un casse-tête, avec certains arrêts non accessibles. Citura dit avoir mis en place un transport dédié, mais il ne répond pas à toutes les situations.
Depuis le 17 juillet, le réseau de tramway de Reims (Marne) est à l'arrêt, en raison de travaux dans plusieurs secteurs de l'agglomération. En attendant, le tram est remplacé par un bus de substitution.
Les travaux impactent aussi les lignes de bus habituelles, qui sont déviées dans le centre-ville pour éviter les zones en chantier. La gymnastique n'est donc pas évidente pour les voyageurs pour arriver à destination. Mais certains font face à des difficultés bien plus grandes, ce sont les usagers à mobilité réduite.
C'est le cas d'Aissé Touré. La Rémoise, touchée par une grave maladie pulmonaire, est en fauteuil roulant depuis huit ans. "Je commence à remarcher un peu, mais j'ai besoin d'avoir ce fauteuil pour l'instant. Je ne suis pas encore autonome", nous explique-t-elle.
D'habitude, elle n'a pas de difficultés pour prendre le tram. Les stations comme les rames sont tout à fait accessibles. Mais pendant les travaux, ce n'est pas la même chose. Les bus de substitution sont certes tous équipés de rampes, mais les arrêts provisoires ne sont pas tous surélevés pour permettre aux rampes de se déployer en sécurité.
En rouge sur la carte ci-dessous, les arrêts non accessibles de la ligne de substitution du tram. Mais les travaux engendrent aussi une déviation des lignes de bus habituelles dans l centre-ville, vers des arrêts pas toujours adaptés, ce qui rend les correspondances bien difficiles.
"Je trouve ça injuste"
Lundi 17 juillet, elle avait un rendez-vous médical à l'hôpital, à 9h. Celle qui habite dans le secteur des Épinettes prend d'habitude le bus puis le tram pour s'y rendre. "Je suis partie de la maison à 7h45. Je suis arrivée au centre-ville dans les temps, il était 8h15. Avec les travaux, j'ai dû prendre un autre bus et je suis arrivée à 9h30." Rendez-vous manqué donc.
Pour rentrer chez elle, il lui faudra plusieurs heures. Elle a d'abord eu beaucoup de mal à revenir en centre-ville. Puis les choses se sont compliquées pour réussir à monter dans un bus de la ligne 5, pour retourner chez elle. On lui a conseillé de se rendre à un arrêt situé derrière la cathédrale, mais sur place, elle se rend compte qu'il n'est pas accessible.
Il lui faudra finalement suivre un autre itinéraire, avec un changement supplémentaire. Aissé Touré aura besoin de l'insistance d'un agent Citura pour avoir enfin un bus qui s'arrête et qui déplie sa rampe d'accès pour lui permettre de monter à bord. Elle n'arrivera chez elle qu'en milieu d'après-midi.
En 2022, elle avait aussi été impactée par les travaux, qui s'étaient étalés sur trois mois, de fin mai à fin août. "L'année dernière, j'étais sous oxygène. Le soir, je n'avais plus de bus accessible pour rentrer chez moi. Donc j'étais obligée d'aller du centre-ville jusqu'aux Épinettes en fauteuil", raconte la mère de famille.
Elle se dit plus qu'agacée par les difficultés engendrées par les travaux. "Je suis tellement en colère, je trouve ça injuste. J'ai quand même le droit d'aller à un rendez-vous, le droit d'aller me promener." Elle regrette un manque de considération, selon elle. "On est des êtres humains, ça peut arriver à tout le monde d'être en fauteuil."
Une solution alternative, pour le tram uniquement
Du côté de Citura, on répond que l'accessibilité des personnes à mobilité réduite, même pendant cette période de travaux, a été prise en compte.
Certes, contrairement à l'an dernier, il n'y a pas eu d'aménagements temporaires pour rendre tous les arrêts de substitution accessibles. Mais un service dédié a été mis en place, nous explique-t-on.
"L'an dernier, les travaux duraient trois mois et n'étaient pas sur la totalité de la ligne de tram. Cette année, les travaux durent cinq semaines", détaille Marie-Agnès Calvet, directrice marketing du réseau Citura. "Puisque la ligne de tram est arrêtée sur la totalité de son linéaire, on aurait eu beaucoup plus d'arrêts à mettre en accessibilité pour une durée beaucoup plus faible." Elle pointe aussi la plus faible fréquentation du réseau en plein été, alors qu'en 2022, les travaux avaient débuté fin mai.
Le choix a donc été fait de proposer un transport dédié aux personnes à mobilité réduite le temps des travaux, avec un partenaire. Le service, proposé gratuitement à ceux dont l'arrêt n'est plus accessible, est réservable par téléphone (au 0800 003 038) et suppose d'anticiper son déplacement. Mais il "est ciblé ligne de substitution du tramway", reconnaît Marie-Agnès Calvet.
Rien n'est prévu pour les arrêts de bus temporaires dans le centre-ville, installés suite aux déviations des lignes régulières imposées par les travaux. Aissé Touré l'a bien constaté. Lorsqu'elle a appelé Allô Citura, on ne lui a pas proposé ce dispositif, mais simplement indiqué les horaires de passage d'un bus équipé d'une rampe PMR.
Est-ce que les contraintes pour utiliser ce transport dédié sont trop importantes, ou les bonnes informations ne sont pas encore parvenues aux principaux concernés ? Quoi qu'il en soit, pour l'instant, "peu de clients en fauteuil se sont manifestés pour utiliser ce service", indique Marie-Agnès Calvet, de Citura.
"Il faudrait qu'on puisse rendre une ligne de substitution totalement accessible ou au moins accessible à certains points clés", reconnaît la responsable. "Ça fera l'objet d'une réflexion en lien avec la collectivité."
La reprise normale du réseau est prévue pour le 21 août, une date qui pourrait évoluer légèrement en fonction des aléas de chantier. En tout cas, cela devrait être le cas avant la rentrée scolaire. Pour consulter le détail des adaptations du réseau pendant la période estivale, rendez-vous sur le site de Citura.