Les tensions sont montées d’un cran à Nancy. Le porche de la succursale de la Banque de France a été incendié jeudi 6 avril, en marge de la manifestation contre la réforme des retraites. “Un symbole du capitalisme”, selon un militant libertaire.
Depuis plusieurs semaines, les banques sont régulièrement prises pour cible en marge des manifestations. Hier, un cap supplémentaire a été franchi. Après l'arrivée du cortège officiel contre la réforme des retraites, place Stanislas à Nancy (Meurthe-et-Moselle), des éléments radicaux ont incendié le portail de la Banque de France, rue Chanzy. Une “attaque symbolique”, qui “vise le capitalisme”, selon un militant libertaire présent.
Les cibles sont souvent les grandes chaînes de fast-food et les banques, des symboles du capitalisme
militant libertaire, sous couvert d’anonymat
Un peu avant 18 heures, un petit groupe en marge de la manifestation a mis le feu à la succursale nancéienne de la Banque de France. “Les cibles sont souvent les grandes chaînes de fast-food et les banques, des symboles du capitalisme. Le but du jeu, c’est de s’attaquer aux symboles. Les petits commerçants sont tranquilles, ils savent qu’ils n’ont rien à craindre. La situation a simplement dégénéré hier, ça n’était pas prémédité, on ne veut surtout pas attaquer les employés”, nous explique un militant libertaire, présent sur place, sous couvert d’anonymat.
Les employés sont choqués et il y a des dégâts matériels
directeur adjoint de la Banque de France à Nancy
L’incident a été provoqué par une poubelle, poussée contre le portail de l'établissement, qui a été incendiée. Aucun blessé n’est à déplorer mais plusieurs employés ont assisté à la scène. “Il n’y a pas de blessés, juste un agent de sécurité qui a eu une légère égratignure, mais les employés sont choqués et il y a des dégâts matériels. La plupart du personnel était partie car cela s'est produit après la fermeture, mais il restait encore une dizaine de personnes à l’intérieur. C’est surtout les prestataires de ménage qui ont été confrontés directement à cette furie”, témoigne le directeur adjoint de cette succursale de la Banque de France.
Il y a une avancée de la violence du côté des manifestants mais elle répond à la violence sociale grandissante de l’État
militant libertaire, sous couvert d’anonymat
Pour ce militant libertaire, le mouvement risque de se radicaliser: “Il y a une avancée de la violence du côté des manifestants mais elle répond à la violence sociale grandissante de l’État. Le gouvernement est muet, il n’y a aucun dialogue, il fait le jeu de l’extrême droite en parlant de simples casseurs qui ne connaîtraient rien à la réforme des retraites. C’est très politique, c’est un mouvement très ancré à gauche, composé d’anarchistes et de l’ultra-gauche, entre autres. Ça va du jeune lycéen à des personnes de 50 ans, il n’y a pas forcément de classe sociale définie”.
Il y a quinze jours on avait déjà eu un feu de poubelle, mais là c’est un cran au-dessus
directeur adjoint de la Banque de France à Nancy
De son côté, le directeur adjoint de la Banque de France à Nancy constate, lui aussi, une escalade des violences. “Nous avons conscience que c’est une attaque symbolique, les banques sont souvent une cible. Il y a quinze jours on a déjà eu un feu de poubelle, mais là c’est un cran au-dessus. Il y a une volonté d’intrusion, ça n’était jamais arrivé ici. Aujourd’hui, nous sommes fermés au public, les employés ont besoin d’en parler, c’est assez choquant pour eux”, insiste le directeur adjoint de la Banque de France à Nancy.
Depuis le début du mouvement de contestation contre la réforme des retraites, les établissements bancaires font partie des cibles privilégiées. Plusieurs quartiers abritant des banques et autres bâtiments "symboliques" de Nancy ont, par exemple, été privés d'électricité lors des manifestations par des coupures de courant volontaires. Des faits similaires, revendiqués par certains syndicats, ont été recensés partout en France.