Opération solidaire "Quoi qu'il en croûte" : des boulangers bio lorrains agissent pour les migrants

À la veille des fêtes de fin d’année, un groupe lorrain de boulangers bio s’engage pour la bonne cause avec l'opération "Quoi qu’il en croûte". Ces professionnels tiennent un stand au marché de Noël solidaire de la colline de Sion, ce dimanche 19 décembre 2021, où ils distribuent des pains et des viennoiseries en soutien à l’association nancéienne "Un toit pour les migrants".

Rendez-vous est donné ce dimanche 19 décembre 2021, de 10 à 18 heures, au marché de Noël solidaire de la colline de Sion (Meurthe-et-Moselle) pour l’opération "Quoi qu'il en croûte". Pendant toute la journée, des producteurs boulangers bio et paysans boulangers bio se relaient en permanence sur place pour distribuer des pains et des viennoiseries en soutien à l’association nancéienne "Un toit pour les migrants".

Distribution de centaines de pains et viennoiseries

Dans ce marché de Noël solidaire, plusieurs centaines de pains, brioches, viennoiseries et fougasses, dont une partie est cuite sur place dans un four à bois, sont distribués par des dizaines de boulangers, tous membres de Bio en Grand Est. Une boîte à dons pour l’association "Un toit pour les migrants" est également mise à disposition de tous  les visiteurs. "Mobiliser autant de boulangers professionnels en cette période de Noël, à laquelle nous avons beaucoup de travail et faisons une bonne partie de notre chiffre, c’est une belle preuve de solidarité", se réjouit Laurence Rouyer, boulangère bio à Germiny, dans le sud de la Meurthe-et-Moselle.

Dans notre quotidien professionnel, on travaille beaucoup et on n’a pas forcément le temps de s’impliquer. Au moment des fêtes de fin d’année, cela me semble important d’être tous solidaires

Fabrice Felten, paysan boulanger bio dans les Vosges (88)

Parmi les professionnels présents Fabrice Felten, un paysan boulanger bio vosgien qui fabrique ses pains de A à Z, de la farine au produit fini : "Dans notre quotidien professionnel, on travaille beaucoup et on n’a pas forcément le temps de s’impliquer. Au moment des fêtes de fin d’année, cela me semble important d’être tous solidaires. Ce projet a immédiatement résonné juste en moi, il donne de la consistance à notre groupe de boulangers bio et paysans boulangers bio, bien au delà de notre activité professionnelle".

Un pain "politique"

À l’initiative de cet engament, Laurence Rouyer, boulangère bio à Germiny. Un mois avant Noël seulement, cette professionnelle, accompagnée de plusieurs de ses confrères de la région, a eu l’idée d’organiser un événement en aide aux migrants. Le groupe de boulangers et paysans boulangers bio (qui fabriquent aussi leur propre farine) dont elle fait partie, composé d’une trentaine de structures et d’une cinquantaine de professionnels, a immédiatement été séduit par le projet.

Suite au récent naufrage de migrants dans la Manche, j’ai eu un gros coup de colère. J’avais l’impression d’être inutile face à ces événements tragiques à répétition. Notre pain est aussi politique, on travaille sur commande, en circuit court, contre le gaspillage et avec des farines bio

Laurence Rouyer, boulangère bio à Germiny (Meurthe-et-Moselle)

"Suite au récent naufrage de migrants dans la Manche, j’ai eu un gros coup de colère. J’avais l’impression d’être inutile face à ces événements tragiques à répétition. Notre pain est aussi politique, on travaille sur commande, en circuit court, contre le gaspillage et avec des farines bio. Nous avons donc voulu mener une action positive pour les migrants. Notre groupe de boulangers est solidaire, porté par des valeurs humanistes", explique Laurence Rouyer.

Faire connaître la cause au grand public

Sur le même stand, situé à l’entrée de ce marché de Noël solidaire, de jeunes migrants mettent aussi la main à la pâte pour l’association "Un toit pour les migrants". Certains d’entre eux ont même fait une formation en boulangerie ou en restauration mais n’ont pas le droit d’exercer un emploi en France. En effet, dès leur passage à l’âge adulte, beaucoup de migrants perdent leur titre de séjour et par conséquent, toute autorisation de travailler.

C’est vraiment super que des boulangers s’engagent pour notre cause et fassent connaître la problématique des migrants (…) Ce sont des personnes qui vivent dans des conditions très difficiles mais qui, contrairement aux idées reçues, s’adaptent très bien dans la région

Brigitte Delacourt, présidente de l’association Un toit pour les migrants à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

"C’est vraiment super que des boulangers s’engagent pour notre cause et fassent connaître la problématique des migrants. De faux messages circulent, il faut arrêter de faire peur aux gens avec les migrants. Ce sont des personnes qui vivent dans des conditions très difficiles mais qui, contrairement aux idées reçues, s’adaptent très bien dans la région", insiste Brigitte Delacourt, présidente de l’association "Un toit pour les migrants". Située à Nancy, l’association soutient les familles et les jeunes migrants, les accompagne dans leurs démarches administratives, dans leur scolarisation ou leur suivi scolaire, et propose une aide à l’hébergement.

Une initiative semée d’embûches

Pour ces boulangers très motivés, trouver un lieu pour organiser cet événement solidaire n’a pas été tâche facile. Le groupe a malgré tout réussi à convaincre le marché de Noël de la colline de Sion de lui faire une place, un peu au dernier moment. "Ça a été assez compliqué de trouver un lieu, à un mois de l’évènement. L’idée était d’abord de faire ça sur la Place Stanislas, à Nancy, au lendemain de Noël, le dimanche 26 décembre mais la Mairie a refusé, préférant la place Maginot, moins bien placée. Heureusement, les élus du Pays du Saintois nous ont proposé le marché solidaire de Noël de la colline de Sion, où il y a beaucoup de passage et dont les valeurs nous correspondent", raconte Laurence Rouyer, boulangère bio à Germiny.

Resté jusque-là informel et sans nom officiel, son groupe de boulangers solidaires, tous membres de Bio en Grand Est, ne compte pas s’arrêter là. D’autres initiatives sont à prévoir, toujours sous le signe de l’entraide.