PORTRAIT Municipales : François Grosdidier, une longue ambition pour Metz

Vainqueur d'une courte tête de l'élection à Metz ce dimanche, le sénateur Les Républicains caressait depuis longtemps le rêve de conquérir la capitale mosellane. Il y est parvenu à l'issue d'un long combat, y compris contre certains de ses amis politiques.

François Grosdidier (LR, 59 ans) va donc succéder à Dominique Gros (PS, 77 ans) à la tête de la mairie de Metz. A l'alternance politique s'ajoute un changement de génération. Pour autant, le nouvel élu n'est pas un perdreau de l'année. L'homme a derrière lui un long parcours, comme élu local et comme parlementaire. 

On ne pourra pas lui dénier une certaine constance politique : adhérent au RPR de Jacques Chirac après la victoire de Mitterrand en 1981, il est resté depuis fidèle au parti gaulliste. Auparavant, le jeune Grosdidier avait toutefois fréquenté la "droite de la droite", et notamment le CNI aux côtés de Jean Kiffer, le pittoresque député maire d'Amnéville. 


Dès 1989, il est élu au conseil municipal de Metz ; le RPR est alors dans l'opposition au maire Jean-Marie Rausch, en pleine lune de miel avec la gauche au pouvoir. Et en 1993, François Grosdidier affronte et bat le député PS Jean Laurain, ancien ministre, dans la circonscription de Metz 1. Un fait d'armes qui vaudra au jeune parlementaire une ascension rapide dans les instances du RPR. Il s'engage à fond pour l'élection de Chirac en 1995.

Le laboratoire de Woippy

Défait après la dissolution de l'Assemblée en 1997, il cherche un ancrage local. A Metz, Rausch règne alors sans partage. Ce sera donc Woippy, banlieue populaire de Metz où il est élu en 2001 face à la gauche mais aussi au Front national. 

Maire pendant 16 ans, il fait de Woippy le laboratoire d'une politique sécuritaire musclée : recrutement massif de policiers municipaux bien armés, déploiement d'une vidéosurveillance généralisée, le tout assaisonné d'une habile communication sur une République "forte" face aux communautarismes : "Dans ma commune, lors d’un mariage sur deux, l’hôtel de ville résonne de youyous" lance-t-il en 2005 à l'Assemblée Nationale. En 2010, la mort d'un ado poursuivi par ses "municipaux" occasionne une nuit d'émeutes à Woippy.

Mariage pour tous et petites casseroles 

Ses mandats parlementaires sont l'occasion de mettre en avant un autre Grosdidier. Dès 2002, il s'est fait réélire député sur Metz 1, une circonscripion qu'il quitte opportunément pour le Sénat avant la vague rose de 2012. Dans les deux assemblées, il sera l'un des rares avocats, à droite, de la cause environnementale. Il y a été sensibilisé très tôt par Jean-Marie Pelt. Il sera aussi un des rares élus LR à défendre - puis à célébrer, dans sa mairie - le mariage pour tous. Des prises de positions qui recentrent son image vis-à-vis de l'électorat modéré.
Mais ses ambitions pour Metz sont contrariées. Localement, il est en guerre ouverte avec un autre sénateur de droite, Jean-Louis Masson, et la députée UMP  Marie-Jo Zimmermann. C'est elle que le parti investit sur Metz en 2014. Ce sera un fiasco, mais le duo, pour barrer la route à Grosdidier, a multiplié les attaques, y compris sur le terrain judiciaire... il y a du grain à moudre. Le maire de Woippy traîne quelques petites casseroles, mais une seule aboutira à une condamnation, en 2015.

Boulevard

Il lui faudra attendre le départ en retraite de Dominique Gros pour retenter sa chance, et cette fois-ci avec bonheur. Il a quitté Woippy suite à la loi sur le cumul des mandats. Ses concurrents à droite sont disqualifiés. En face, la gauche se déchire, la République en Marche aussi. Un boulevard s'ouvre à François Grosdidier qui est le premier à se déclarer, il y a un an.

Durant toute la campagne, il a fait la course en tête. Entre les deux tours, il récolte les soutiens de plusieurs de ses concurrents du premier tour, de Jean-Marie Rausch, de (presque) toute la droite locale et même de Jean-Pierre Masseret, ex président PS de la région Lorraine !

C'est finalement la soirée de dimanche qui a été la plus difficile pour lui. Vainqueur in extremis face à une gauche très motivée, et avec une participation extrêmement faible (moins d'un tiers des électeurs), le "cow-boy de Woippy" va devoir apprendre l'humilité.
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