Qui est Franck Leroy, le nouveau président du conseil régional du Grand Est ?

Après la démission de Jean Rottner, les élus du conseil régional du Grand Est ont élu leur nouveau président ce vendredi 13 janvier 2023. Il s'agit sans surprise du maire d'Épernay, dans la Marne, Franck Leroy. Découvrez-en plus sur son parcours.

C'était attendu, c'est désormais officiel. Le maire d'Épernay (Marne) Franck Leroy a été élu ce vendredi 13 janvier 2023 à la tête du conseil régional du Grand Est, élection organisée après la démission fin décembre de celui qui était jusqu'ici à la tête de la collectivité, Jean Rottner.

Ce dernier avait annoncé le 20 décembre 2022, à la surprise générale, son départ en mettant en avant des "impératifs familiaux". L'opposition s'est rapidement indignée après avoir appris sa nomination comme directeur régional dans le Grand Est du groupe Réalités, spécialisé dans les grands projets immobiliers.

Lors du vote organisé dans l'hémicycle de Metz (Moselle) ce vendredi, Franck Leroy a obtenu 96 voix sur 169 votants. Le scrutin s'est fait à bulletin secret, mais on peut noter que ce total ne recoupe pas l'addition du nombre des élus du groupe majoritaire de droite et du centre (94 élus) dont il fait partie et celui des 16 élus macronistes, qui avaient fait part de leur intention de voter pour lui

Laurent Jacobelli, chef de file du groupe Rassemblement national et apparentés (32 élus), était candidat. Il a obtenu 34 voix. Un vote blanc et 38 votes nuls ont également été enregistrés.

Éliane Romani, responsable du groupe Écologistes (13 élus), avait envisagé dans un premier temps de présenter sa candidature, mais a finalement renoncé. Les autres groupes n'avaient pas désigné de candidat.

Franck Leroy assurait depuis le 30 décembre 2022 l'intérim à la tête de la collectivité. Il avait été désigné candidat à la présidence de la Région à l'unanimité par les membres de son groupe.

Indéboulonnable maire d'Épernay

Franck Leroy vient tout juste – le 12 janvier – de fêter ses 60 ans. Marié et père de trois enfants, le natif de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a débuté en politique dans un premier temps dans l'ombre.

Alors qu'il étudie à Sciences Po Paris, il est déjà assistant parlementaire d'un sénateur du Pas-de-Calais. À sa sortie d'école, il intègre la direction générale des services de la Région Champagne-Ardenne en tant que chargé de mission.

Il sera ensuite directeur de cabinet du maire (UDF) d'Épernay Bernard Stasi (entre 1990 et 1995) puis occupera les mêmes fonctions auprès de François Baroin, maire (RPR) de Troyes dans l'Aube (entre 1996 et 2000).

En parallèle, il s'installe en tant que figure publique au conseil municipal d'Épernay. En 2000, c'est déjà une démission qui le fait monter d'un cran dans la hiérarchie. Alors adjoint aux finances et à l'urbanisme d'Épernay, il prend la succession de Bernard Stasi. Franck Leroy est réélu maire en 2001, 2008, 2014 et 2020. Il sera, sans succès, candidat aux législatives dans la Marne en 2012. Il est depuis 2017 président de l'association des maires de la Marne.

En 2016, il fait son entrée au conseil régional du Grand Est, issu de la fusion des régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine, et est nommé 15e vice-président, puis 13e vice-président un an plus tard. Après les élections de 2021, il monte en grade et devient premier vice-président de la collectivité. Il est en charge notamment de l'environnement et de la transition écologique.

Chevalier de la Légion d'honneur et avocat de profession, il a indiqué avoir voté Emmanuel Macron en 2017. Un choix renouvelé cinq ans plus tard. En 2022, celui qui a longtemps été membre de l'UDI a rejoint le parti fondé par Édouard Philippe, Horizons.

L'équilibre du conseil régional en question

Depuis la naissance de la région Grand Est, le 1er janvier 2016, la collectivité avait toujours été présidée par un élu issu de l'Alsace. Franck Leroy est lui originaire de l'ancienne région Champagne-Ardenne. Cette configuration ne risque-t-elle pas de peser sur l'équilibre entre l'Alsace et le reste de la région ? Interrogé par nos soins en décembre, l'élu se voulait rassurant. 

"Quand on se réunit dans le groupe majoritaire, il n'y a pas d'un côté des Alsaciens, de l'autre les Lorrains, et ailleurs les Champardennais. On travaille ensemble étroitement et on ne fait pas de calcul : on n'a pas d'arrière-pensée sur ce genre de sujet, nous avait-il indiqué. Je suis Champenois, je le revendique. Je respecte beaucoup les Alsaciens. Je respecte beaucoup les Ardennais. Je respecte beaucoup les Lorrains. Mais quand on est ensemble, on travaille au service de tous et c'est ça l'engagement politique", avait-il ajouté.

Alors que des élus alsaciens plaident pour sortir du Grand Est, la démission de Jean Rottner, fervent défenseur de la grande région, pourrait donner des ailes à leur envie d'indépendance. "Les parlementaires alsaciens étaient reçus en septembre par le ministre de l'Intérieur, qui a bien indiqué que le débat serait ouvert et qu'il aurait lieu au cours du mandat d'Emmanuel Macron. La porte était déjà entrouverte, elle va sans doute être très largement enfoncée maintenant", expliquait sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne le politologue Olivier Dupéron, fin décembre.

Après son élection, Franck Leroy a toutefois estimé que ce débat n'était pas opportun. "L'immense majorité des acteurs, même en Alsace, considère que les enjeux sont ailleurs et que le périmètre de notre région n'est plus un sujet" et que le réduire "serait une régression", a-t-il ainsi déclaré.

Se pose aussi la question de la proximité politique de Franck Leroy avec le gouvernement, alors que les électeurs du Grand Est avaient majoritairement fait le choix en 2021 d'une liste d'élus de la droite et du centre, et non d'élus macronistes. Pour "rassurer" certains élus de sa majorité, l'élu a indiqué ne pas avoir renouvelé son adhésion à Horizons.

Par ricochet, cette élection va imposer quelques changements à Épernay. Car Franck Leroy ne peut pas légalement cumuler la fonction de maire et de président du conseil régional. Sa première adjointe, Christine Mazy, devrait prendre sa suite. Mais l'élu a formulé le souhait de rester membre du conseil municipal et de conserver la tête de l'agglomération. Un choix qu'il faudra mener de front avec la fonction très prenante de président de Région.

"Premier vice-président, c'est une reconnaissance du travail plus qu'une consécration. Je ne sais où cela peut me mener", indiquait l'intéressé à nos confrères de l'Union en 2021. Les premiers mètres de son itinéraire sont désormais tracés.

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