Depuis huit jours, France 3 Alsace vous propose des débats pour bien comprendre les enjeux des municipales dans les principales villes d'Alsace. Ce 23 juin, c'est au tour d'Illkirch-Graffenstaden. Quatre candidats sur notre plateau, voici ce qu'il faut retenir de ce qui a été dit.
Depuis la mi-juin, France 3 Alsace vous propose, à 18 heures, un débat quotidien sur le second tour des élections municipales dans les plus grandes villes d'Alsace.
Après Mulhouse, Sélestat ou encore Colmar, c'est à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), 6e ville d'Alsace en population avec près de 27.000 habitants, d'être au coeur des questions de nos journalistes ce mardi 23 juin 2020. Voici le replay de l'émission puis ce qu'il faut en retenir.
Les enjeux de ces élections à Illkirch-Graffenstaden
Comme dans toutes les grandes villes de l'Eurométropole de Strasbourg, l'enjeu principal reste l'urbanisation. Les équipes précédentes ont construit beaucoup de logements et pour les candidats d'opposition c'est trop. Le projet en cours des Prairies du canal, un éco-quartier de 14 hectares qui doit être achevé en 2025 fait notamment débat. De même que le projet Huron qui prévoit des constructions en lieu et place de l'ancienne usine du même nom située au coeur de la ville. Pour Claude Froehly, ces constructions sont nécessaires, il assume la hauteur des futurs bâtiments justement pour éviter de trop étaler les constructions, ce dont ne veulent pas la plupart des autres candidats.
"Je voudrais rappeler que l'Eurométropole de Strasbourg a adopté un plan local de l'habitat, qui permet à tous les jeunes ménages, aux retraités de trouver un logement, dire que l'on peut arrêter les constructions, c'est mentir aux électeurs. Quant au projet Huron, il y aura un parc urbain, il y aura des pistes cyclables, pour l'instant, ce sont 300 logements, ce parc fait un hectare. On est dans une ville, si vous voulez construire 100 logements, il faut construire de manière dense, avec des transports en commun, des pistes cylables, (Illkirch dispose de 63 kms) pour compenser".
Pour Thibaud Philipps, le candidat du rassemblement de la droite, cette urbanisation n'a pas de sens. "On a une densité beaucoup trop importante, on construit dans chaque carré vert alors qu'il faut un habitat aéré, où l'on puisse respirer. Je pense qu'on peut construire à des endroits correctement, à taille humaine, en concertation avec les habitants. On ne pourra pas arrêter le projet Huron mais il faut revoir le plan local d'urbanisme (PLU)", ajoute le jeune candidat.
Même son de cloche pour Pascale Gendrault, candidate divers, pour qui "on densifie notre ville à l'extrême, alors que suite aux canicules, suite à la crise sanitaire, on nous dit qu'il faut arrêter de s'entasser les uns sur les autres. Le parc Huron, en plein centre ville, 400 logements avec des immeubles de 7 étages, ça ne peut être renaturer comme le prétend Claude Froehly. J'aimerais que la ville cesse de n'imaginer son extension qu'avec de la construction. Nous avons une capacité d'investissement de 40 à 50 millions d'euros, il y a une part qui doit être consacrée à la sauvegarde de l'environnement, à la plantation de la nature", martèle la seule femme candidate de cette élection.
Rémy Beaujeux enfonce le clou. Pour lui, "nous avons dix fois plus de constructions actées que de besoins réels, ce n'est pas cohérent avec les répercussions sur la pollution, les transports. Cela s'inscrit dans une politique nationale de métropolisation contre laquelle il faut se battre, et à Illkirch c'est encore pire qu'ailleurs, en ce qui concerne le niveau de bétonisation", déplore le professeur en médecine.
Les priorités des candidats
Pour terminer le débat, les candidats avaient 45 secondes pour conclure. Claude Froehly en profite pour égrener quelques uns de ses projets phares. "Je souhaite mettre en place un chantier citoyen pour faire évoluer le PLU, construire une maison médicale, installer une plateforme numérique, je suis fier de ce que mon collectif propose", conclut l'actuel maire de la ville.
Thibaud Philipps, lui, veut "créer des lieux de vie, un marché couvert qui soit viable et réaliste, en coeur de ville pour relancer le centr'ill qui est un échec, beaucoup de cellules y restent désespérement vides. Il faut réinventer Illkirch, ma méthode c'est la démocratie active, pour une ville plus respirable, une ville pour tous, où tout le monde trouve sa place".
Pascale Gendrault, elle, souhaite mettre la démocratie participative en avant. "C'est ma priorité, la proximité, le bien-être des habitants et d'investir dans la démocratie participative, l'opacité actuelle dans les prises de décision politique ne me convient pas", assène la candidate pour terminer.
Rémy Beaujeux quant à lui, insiste sur la nécessité de mettre en place une filière alimentaire courte. "Le PLU doit être revu, sur la zone du Baggersee, par exemple, notre objectif est de créer un vaste maraîchage, une filière locale, pour que naisse une économie circulaire. Et si le Bagersee ne convient pas, trois autres localisations sont possibles. Notre projet permettra de répondre aux enjeux du territoire avec une filière complète nutrition-alimentation-commerce, c'est un projet politique et non pas une démarche politicienne", se défend celui qui justement est un novice en politique.
Résultats du premier tour organisé le 15 mars
- Claude Froehly (maire sortant), divers gauche : 31,07%
- Thibaud Philipps, divers centre : 27,37%
- Pascale Gendrault, divers gauche : 17,98%
- Rémy Beaujeux, divers droite : 11.81%
- Richard Hamm, liste écologiste : 11,78%
A noter que, comme partout en France, en raison du coronavirus, le taux de participation fut historiquement bas, 34,39% contre 50,66% en 2014. Jacques Bigot (PS) avait alors été élu au premier tour. Elu sénateur, il a cédé son fauteuil de maire, qu'il occupait depuis 1995, à Claude Froehly en 2016 lors de l'application de la loi de non cumul des mandats.
Les candidats du second tour
- Claude Froehly, 67 ans, maire sortant d'Illkirch, rejoint l'équipe de Jacques Bigot en 1995 et devient adjoint aux finances. Il est également vice-président de l'Eurométropole de Strasbourg en charge des sports notamment. Né dans le Sundgau (Haut-Rhin), il est muté en 1987 à la direction régionale des impôts de Strasbourg et s'installe alors avec sa famille à Illkirch-Graffenstaden, ville qu'il ne quittera plus. Claude Froehly a fusionné sa liste avec celle de l'écologiste, Richard Hamm, ce qui lui permet d'être en bonne position pour ce second tour. Durant le débat, il précise les raisons de cette alliance. "Elle est naturelle, nous avons travaillé ensemble pendant 12 ans. Aujourd'hui, nous avons décidé de nous rassembler, parce que les défis environnementaux et sociétaux sont énormes. Le collectif que j'ai créé est dans la ligne défendue par Jacques Bigot, sans idéologie : label de l'innovation, nous avons été récemment récompensé par le label fleur d'or, la ville est la plus cyclable de France, ce sont des résultats qui justifient que nous continuions avec Richard Hamm".
- Thibaud Philipps, candidat divers centre, est, à 29 ans, le benjamin de cette élection. Il s'était déjà présenté en 2014 et avait été élu conseiller municipal dans l'opposition. Il est soutenu par le Modem, LREM, et les Républicains. Il est cadre de direction d’une grande enseigne de distribution à Strasbourg. "J'ai voulu faire une large alliance dès le premier tour et ne plus revenir dessus pour élaborer un projet dès l'automne, Claude Froehly a voulu faire une petite alliance de circonstance, je pense que les électeurs en ont assez de ces cuisines politiques. Par ailleurs, le taux de participation a été très faible et finalement l'écart avec sa liste est très mince".
- Pascale Gendrault, 53 ans, candidate divers, issue de l'ancienne majorité, était adjointe à la culture, avant d'être démise de ses fonctions fin 2019, pour trop de désaccords notamment sur l'urbanisation de la ville. Artiste-auteure de profession durant 20 ans, Pascale Gendrault a dirigé son entreprise dans le secteur des loisirs créatifs. Elle a aussi travaillé avec le centre d'aide par le travail d'Illkirch.
- Rémy Beaujeux, candidat divers droite, il est soutenu par Frédéric Bierry, le président du conseil départemental du Bas-Rhin. A 59 ans, il est médecin, spécialiste en neuroradiologie interventionnelle et novice en politique.
Neuf débats passés ou à suivre dans les grandes villes d'Alsace
France 3 propose ce type de débats dans de nombreuses grandes et moyennes villes de France. En Alsace, les débats ont lieu (ou ont eu lieu et sont donc disponibles en replay) avec les candidates et candidats de :
- Mulhouse (Haut-Rhin), le lundi 15 juin
- Ostwald (Bas-Rhin), le mardi 16 juin
- Wissembourg (Bas-Rhin), le mercredi 17 juin
- Sélestat (Bas-Rhin), le jeudi 18 juin
- Riedisheim (Haut-Rhin), le vendredi 19 juin
- Colmar (Haut-Rhin), le lundi 22 juin
- Illkirch (Bas-Rhin), le mardi 23 juin
- Kaysersberg (Haut-Rhin), le mercredi 24 juin
- Strasbourg (Bas-Rhin), le jeudi 25 juin