Les stations de ski de la région préparent la forte saison hivernale prévue. En plus de leurs personnels habituels, elles recrutent des saisonniers. Et même si la majeure partie du recrutement est effectuée, il reste des dizaines de postes à pourvoir en Lorraine comme en Alsace.
Le plus grand domaine skiable du Nord-Est de la France est à la recherche d'une dizaine de saisonniers pour la saison hivernale. "95% du recrutement est effectué mais il nous reste quelques postes d'extras à pourvoir pour les weekends et les vacances scolaires", indique Nicolas Claudel, le directeur du site La Bresse labellemontagne.
Comme les années précédentes, le nombre de saisonniers recrutés se maintient sur ce site des Vosges lorraines. Mais sur un marché de l'emploi tendu en France, auquel le secteur du tourisme n'échappe pas, le gérant nous explique qu'il doit s'adapter à la conjoncture pour tenter d'attirer les potentiels candidats : "Depuis le covid, on anticipe et on communique plus. Pour cette saison par exemple, on a commencé à poster nos annonces d’emplois dès début septembre. On met plus d’énergie et de moyens pour faire la connaissance des postulants et mettre en avant les avantages de l’entreprise afin de les intéresser."
150 personnes, salariées de l'entreprise, travaillent sur les remontées mécaniques. 120 autres, au restaurant le Slalom ainsi qu'à la location de matériel, en plus de la centaine de moniteurs de ski prévue cette fin d'année.
"pour le Nouvel An, la semaine du 24 au 31 décembre, on est déjà à 75% de réservation"
Julie GrobDirectrice de l'office de tourisme de La Bresse labellemontagne
La période s'annonce plutôt bonne dans cette station de ski qui dispose d’environ 600 locations meublées. 200 d’entre elles sont recensées sur la centrale de réservation de l’office de tourisme de la Bresse. Sa directrice, Julie Grob, donne une première tendance : "La première semaine des vacances de Noël, du 17 au 24 décembre, on a presque 40% de taux d’occupation sur ces 200 locations pour le moment. C'est encore relativement calme mais pour le Nouvel An, la semaine du 24 au 31 décembre, on est déjà à 75% de réservation. On a toujours un assez grand écart entre les deux semaines."
Un chiffre auquel il faut ajouter les locations proposées par les plateformes d'annonces de recherche de locations de vacances et de mise en relation entre propriétaires et vacanciers, telles que "Abritel" ou "Airbnb". La directrice de l'office de tourisme s'attend elle à encore plus de locations sur son logiciel : "La toute première semaine de janvier, qui est encore la semaine de vacances des Belges, on frôle les 40%, on est pas trop trop mal, sachant qu'on a souvent des réservations de dernière minute pour ces périodes-là. Pour les vacances de février, on est déjà à 85% de taux de remplissage entre le 11 et le 26 février 2023".
Des Belges, mais aussi des Néerlandais, des Allemands et des Suisses profitent des pistes de ski alpin de la région, même si la majorité de la clientèle reste française : "On a 80% de Français qui viennent principalement d'Île-de-France, du Nord et du Grand Est. C’est une clientèle que l’on retrouve depuis des années."
"Marché de Noël et pistes de ski, la cerise sur le gâteau"
Dans les Vosges alsaciennes, les professionnels du tourisme jouissent de la forte affluence offerte par les traditionnels marchés de Noël, comme celui de Colmar par exemple. À 35 minutes de là, sur la Vallée de Kaysersber, la station de sports d'hiver du Lac Blanc profite de cet attrait touristique. "Celui qui vient pour le marché de Noël peut aussi profiter des pistes de ski. C’est la cerise sur le gâteau", lance Christophe Bergamini, le directeur de l’office de tourisme du Lac Blanc. "On est en train de faire une année comme on en a jamais faite. On s’attend à une très très très bonne année 2022."
Car sur une offre globale de 500 gîtes, le domaine compte déjà : "pratiquement 90% de taux de réservation pour les 15 jours de vacances scolaires qui arrivent. Ça devient même compliqué de trouver de l’hébergement de gîte. Il reste un peu de place sur l’hôtellerie", précise Mr Bergamini.
Comme en Lorraine, les réservations sont en grande partie effectuées sur la période du Nouvel An, plus prisée que celle de Noël. Et comme dans la région voisine, les amateurs de neige viennent majoritairement de France, du Nord, de la région parisienne mais aussi de Bretagne. Quant à la clientèle de proximité, elle vient de tout le Grand Est : "On note un vrai engouement des gens à partir un peu moins loin, pour profiter plus longtemps et plus souvent. C’est peut-être aussi dû au coût de l’essence", avance le responsable. "On a aussi des Belges qui redécouvrent le massif des Vosges. Les Allemands reviennent, les Espagnols aussi. Mais il y a beaucoup moins d’arrivées d'Amérique, de Chine ou du Japon depuis la crise sanitaire."
Pour accueillir tous ces visiteurs, 25 personnes travaillent au Lac Blanc à temps complet toute l'année. Comme les précédentes saisons, le directeur général de la société d’exploitation des remontées mécaniques a recruté une dizaine de saisonniers : "Il nous manque encore quelques postes pour les périodes des weekends et des vacances scolaires. On cherche en fait à renforcer les équipes sur les remontées mécaniques, la location de matériel et la restauration en salle ou au bar", annonce Patrice Perrin.
"on ne demande pas de formation particulière. On forme les personnes sur place."
Patrice PerrinDirecteur général de la société d’exploitation des remontées mécaniques du Lac Blanc
Des postes ouverts à tous les profils : "Hormis les cuisiniers, on ne demande pas de formation particulière. On forme les personnes sur place. Donc les étudiants peuvent aussi venir travailler chez nous. On peut même leur permettre de passer un certificat de qualification professionnel reconnu par la branche nationale pour aller travailler ensuite dans n’importe quelle autre station de France".
Comme son confrère lorrain, l'exploitant alsacien fait part de difficultés dans le recrutement : "Il y a 15 ans, c’était les mêmes saisonniers qui revenaient chaque saison. On avait quasiment pas besoin de passer d’annonces. Le bouche à oreille suffisait. L’année dernière, on a même dû fermer un de nos restaurant parce qu'on n'avait plus suffisamment de monde. Peut-être que certains métiers perdent de leur attractivité. Le covid a clairement joué. Les candidats priorisent désormais leurs vies personnelles avant leurs activités professionnelles", expose le directeur général.
Selon lui, plusieurs autres facteurs peuvent aussi expliquer cette problématique : "On ne propose pas d’hébergement chez nous, donc pour venir travailler ici, les saisonniers doivent prévoir des déplacements. Et tous n’ont pas de voiture, sans compter la question de l’essence. Avec l’inflation actuelle, on peut difficilement couvrir ces frais. On est déjà dans une situation compliquée. Les prix de l’énergie chez nous, l’électricité et le gazole non routier, c’est une catastrophe".
Alors comme à La Bresse labellemontagne, on teste aussi au Lac Blanc de nouvelles méthodes de recrutement : "On a moins de candidats que d’habitude donc on communique beaucoup plus, par le biais des communes aux alentours notamment, à travers des publications dans les journaux municipaux et sur les sites internets, en plus des annonces postées sur nos réseaux sociaux."