L'eau dans le Valenciennois est une denrée rare depuis quelques jours, notamment à cause de la pratique du street-pooling.
Le street-pooling, c'est quoi ?
Une piscine de rue. Traduction littérale du street-pooling. Cela se traduit pour l'ouverture illégale de bouches à incendie pour se rafraîchir en période de forte chaleur. Un phénomène récurrent à chaque fois qu'il fait très chaud dans la région, et ailleurs en France. Début juin, 58 bouches à incendie avaient été ouvertes dans la métropole lilloise en un week-end. En 2017, 600 appareils avaient été ouverts dans les Hauts-de-France en quelques jours. Plus de 100 000 m3 d'eau perdue.
La pratique n'est pas nouvelle. Elle aurait été vue la première fois à New York, en 1896. Après des semaines de canicule, c'est la ville elle-même qui avait demandé l'ouverture des bouches à incendie pour nettoyer les rues. Certains New-Yorkais en avaient aussi profité pour se rafraîchir. En France, cette pratique est répandue depuis 2015.
Régulièrement, élus, pouvoirs publics, pompiers, policiers lancent des messages de prévention et d'alerte.
Quelles conséquences ?
A chaque bouche à incendie ouverte, 750 litres d'eau sont gaspillés toutes les 60 secondes. Soit l'équivalent de 5 baignoires.
Les conséquences de ces ouvertures interdites de bouches à incendie sont multiples :
-sanitaires : le jet d'eau projeté est sous forte pression. Il peut blesser. Le risque d'électrocution est également élevé. « Avec une pression de 1 bar minimum à la sortie, il y a un risque très important de blessures. Surtout que celui qui ouvre la bouche à incendie n'a que des outils de fortune et pas les mêmes que nous », explique au Parisien le capitaine Florian Lointier, des pompiers de Paris.
-environnementales : le street-pooling vide en partie les réserves d'eau. C'est ce qui se passe dans le Valenciennois actuellement. En fait, ces actes inciviques ont compliqué une situation de pénurie à cause de la sécheresse.
-pour les pompiers : cela complique les interventions en cas d'incendie. Le débit peut devenir inusffisant. En 2017, des pompiers de la région parisienne avaient expliqué avoir perdu du temps dans l'extinction de l'incendie d'un immeuble.
[#civisme] ⚠️⚠️⚠️Forcer une bouche incendie peut avoir des conséquences dramatiques.
— Marins-Pompiers (@MarinsPompiers) 9 juin 2019
Nous sommes tous responsables de notre sécurité et de celle des autres
⚓️? pic.twitter.com/tttaBTwQ9c
Que risque-t-on ?
Selon le Code pénal, les contrevenants risquent une peine pouvant atteindre cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende, pour destruction, dégradation ou détérioration d'un bien destiné à l'utilité publique et qui appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public. Il n'existe pas de texte de loi spécifique sur ce délit d'ouverture de bornes à incendie.
Stop au Street Pooling et sabotage des bouches à incendie à Aulnay-sous-Bois https://t.co/hJ2TQLO7oa pic.twitter.com/lKKwhwzOsa
— Aulnay Cap (@AulnayCap) 26 juin 2019
Dans les faits, il est rare que le ou les auteurs de ces actes soient retrouvés et poursuivis. En 2018, un adolescent avait été poursuivi grâce aux caméras de vidéosurveillance à Deuil-la-Barre (Val-d'Oise). Ses parents avaient dû régler une facture de 2000 euros.
Récemment, l'ouverture de certaines bouches a été renforcée par un système de nouvelles clés spécifiques.