Selon le procureur de la République de Soissons, un laboratoire a été retenu pour analyser les prélèvements ADN des chiens potentiellement impliqués dans la mort d'Elisa Pilarski en forêt de Retz dans l'Aisne. Les résultats sont attendus "pour la fin du premier semestre".
"Plusieurs laboratoires d’expertise génétique ont été contactés pour réaliser des devis concernant la recherche d'ADN animal sur le corps d'Elisa PILARSKI et pour comparer les éventuelles traces retrouvées avec les prélèvements effectués sur les chiens. Au regard des coûts, des modalités d’exécution des missions demandées et des délais de retour proposés, un laboratoire a été retenu par le juge pour procéder aux analyses dont les conclusions sont attendues pour la fin du premier semestre 2020."
C'est par un communiqué de presse que le procureur de Soissons, Frédéric Trinh, a fait le point sur l'enquête en cours concernant la mort d'Elisa Pilarski en forêt de Retz dans l'Aisne le 16 novembre dernier.
67 prélèvements
Trois mois après les faits, les prélèvements ADN et salivaires des 67 chiens possiblement impliqués dans la mort d'Elisa Pilarski n'ont toujours pas été analysés selon France Info. En cause : le coût de ces analyses, estimé à plus de 100 000 euros. Trop cher pour la justice. Même pour une affaire aussi hors norme que celle de la mort d'Elisa Pilarski.
"Ca ne me surprend pas. Je n'ai aucune communication officielle. Mais si c'est le cas, ça ne me surprend pas. Ca ne me surprend pas que les analyses n'aient pas encore été faites. Et que leur coût soit énormissime, réagit Me Caty Richard, l'avocate de la famille d'Elisa Pilarski. Et à mon avis, c'est bien plus élevé que le chiffre avancé. Mais c'est la procédure : le juge d'instruction doit demander un devis avant de lancer des analyses ADN. Maintenant, ce n'est pas à moi de vous dire que 3 mois, c'est long".
Fantasme collectif
Pour Me Richard, le problème n'est pas que ces analyses n'aient pas encore été confiées à un laboratoire. "Le problème, c'est qu'il y a une espèce de fantasme collectif autour de cet ADN, explique l'avocate. Et il a été à tort au coeur du dossier. Il ne faut pas surestimé la preuve scientifique surtout dans ce type de faits. J'ai été la première à dire par exemple que Curtis (le chien de la victime sur place le jour des faits, ndlr) avait probablement léché sa maîtresse après qu'elle a été agressée. On peut obtenir des éléments autrement qu'avec ces analyses".
Et de conclure : "quand on a entendu dire que les résultats tomberaient en février, je savais que ce n'était pas possible. Quand vous regardez sur les réseaux sociaux, les gens sont tous persuadés que si c'est aussi long, c'est parce qu'il y a un complot, que c'est louche. Tout ça, ce ne sont que des rumeurs. Il faut arrêter avec les rumeurs. Ca fait un mal fou".
D'autres éléments dans le dossier
Une position partagée par Me Guillaume Demarcq, l'avocat du maître d'équipage de chasse à courre Sébastien Van Den Berghe : "l'ADN ne prouverait qu'un contact entre le corps ou tel ou tel chien. Ca ne prouvera jamais si c'est post ou ante mortem. Et donc quels chiens ont mordu. On mise trop sur ces analyses". Pour lui, il y a d'autres éléments dans le dossier qui peuvent permettre de savoir ce qui s'est passé le jour de la mort d'Elisa.
"Cette communication tardive du procureur de Soissons est heureuse. Je l’avais d’ailleurs sollicitée. Je note que la thèse d’une attaque mortelle du chien du compagnon d’Elisa Pilarski, qui apparaissait à certains presqu’indécente il y a quelques semaines, est aujourd’hui sérieusement envisagée par le procureur de la république lui même. Le résultat des nombreuses investigations déjà menées l’impose évidemment. Je relève également que le procureur de la République confirme l’absence totale de blessures de Curtis, lequel ne présente que de simples écorchures légères , ce qui invalide, là encore, l’hypothèse d’une bagarre avec la meute. Pour le reste, un juge d’instruction est saisi, et il faudrait qu’il puisse enfin travailler sereinement".
Le 16 novembre dernier, Elisa Pilarski, enceinte de 6 mois, avait été retrouvée morte en forêt de Retz dans l'Aisne, en partie dévorée par des chiens.
Des prélèvements sur les 62 chiens de la chasse à courre engagée ce jour-là et sur les 5 chiens qui possédaient la victime de 29 ans et son compagnon avait été effectués.
Le procureur de Soissons a par ailleurs confirmé que l'autopsie de la jeune femme a bien révélé "l'action d'un, ou plus probablement plusieurs chiens au regard de la répartition des plaies" et que "les constatations du vétérinaire qui a examiné le chien Curtis ont permis de relever plusieurs excoriations cutanées sur son museau et le chanfrein".
Les morsures vont être analysées
Enfin, il a redit qu' "une expertise comportementale du chien Curtis et une analyse des morsures constatées sur le corps d'Elisa Pilarski pour déterminer la race du ou des chiens en cause."
Le 12 février dernier, elle s'est rendue sur les lieux du drame, à Saint-Pierre-Aigle, accompagnée des principaux témoins et de leurs avocats. En confrontant Christophe Ellul, le compagnon de la victime, et Sébastien Van den Berghe, le maître d’équipage du « Rallye La Passion » qui organisait une chasse à courre en forêt de Retz ce jour-là, elle espérait y voir plus claire dans leurs déclarations divergentes.
Une information judiciaire a été ouverte contre X pour homicide involontaire par imprudence.