Le Salon de l'agriculture ouvre ce samedi à Paris. Les agriculteurs des Hauts-de-France font face à plusieurs défis. Un point sur le climat, l'"agribashing" et la rémunération.
Le Salon de l'agriculture s'ouvre après un mois de février ponctué par des manifestations des agriculteurs, dans toute la région.
1. La région face au réchauffement climatique
Les départements du Nord et du Pas-de-Calais ont fait face à une longue sécheresse en 2019. Les alertes sécheresses émises par la préfecture du Nord se sont succédé dès le mois d'avril : une première.
De fin septembre au 31 décembre 2019, le département était même en alerte renforcée pour la sécheresse. Ce niveau d'alerte a conduit à l'interdiction d'irriguer quatre jours par semaine, de 10h à 19h.
[#Secheresse?] L'ensemble du département du #Nord est placé en vigilance jusqu'au 15 avril 2020.
— Préfet de la région Hauts-de-France et du Nord (@prefet59) January 17, 2020
Particuliers et professionnels, faites preuve de civisme :
➡️ Réduisez votre consommation d'eau
? Toutes les infos sur : https://t.co/7YkyOH4hIz pic.twitter.com/exS9xNCmSN
Mi-janvier, le département est à nouveau passé au niveau vigilance, le plus faible, mais "les réserves en eaux restent fragiles", précise la préfecture.
Le manque d'eau a un effet négatif sur la quantité et sur la taille des pommes de terre. Mais cet impact va bien plus loin : "Nous apportons ce qu'il faut à la terre pour produire une certaine quantité, expliquait Alain Dequeker, un agriculteur basé au sud de Valenciennes, en avril 2019. Si elle n'est pas atteinte, cela signifie que nous avons apporté trop d'engrais, trop de produits de protection phytosanitaire et donc qu'on a eu un impact négatif sur l'environnement".
Cette année, du côté de la Somme, des agriculteurs ont noté "plus de deux mois d'avance" sur certains légumes. Et pour les plantes qui commencent à germer, les agriculteurs craignent le retour du gel.
2. Le monde agricole face à l''agribashing"
Le terme d'"agribashing" a émergé en 2019. Il reflète les inquiétudes des agriculteurs dans "un climat de défiance à l'égard de notre profession", explique la FDSEA de la Somme en octobre dernier. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles et les Jeunes Agriculteurs pointent du doigt les critiques sur les réseaux sociaux et les agressions physiques et matérielles, les vidéos filmées dans des abattoirs par L214 ou DXE.
"Notre profession est toujours mise à l'index, notamment sur l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, le glyphosate ou l'élevage intensif, il y a vraiment un ras-le-bol généralisé dans les campagnes", affirme Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme.
Plus récemment, ce sont les zones de non-traitement aux pesticides (ZNT) près des habitations qui ont alimenté la colère des agriculteurs. Dans plusieurs villes des Hauts-de-France, du purin, de la terre ont été déversé comme à Lille, Douai, Saint-Omer et des "feux de détresse" allumés en Picardie.
Le gouvernement impose depuis le 1er janvier des distances minimales d'épandage recommandées par l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) : cinq mètres des habitations pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales ; dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes ; et 20 mètres pour les produits "les plus dangereux".
3. Une pression sur les prix, malgré la loi EGalim
La loi EgAlim, dite "loi Alimentation", devait constituer un coup de pouce pour les agriculteurs. Cette loi promulguée le 1er novembre 2018 met en place des gardes fou dans les négociations commerciales entre l'industrie agrocalimentaire et les centrales d'achats de la grande distribution.
La baisse des prix alimentaires a été stoppée, mais les exploitations agricoles attendent toujours une augmentation de leurs rémunérations.
En octobre 2019, UFC-Que choisir et la Confédération paysanne dénonçaient un "échec". "Les producteurs ont subi au contraire un durcissement des égociations qui se traduit pour certaines productions par des prix d’achat encore en dessous des prix de revient", expliquait UFC-Que choisir. Résultat : le lait de vache était encore acheté 15% en dessous du coût de production.