VIDEO. Michel Cardon, détenu depuis 40 ans, est sorti de la prison de Bapaume ce matin

Michel Cardon, détenu depuis 40 ans, a retrouvé la liberté ce vendredi matin.

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Après 40 ans, 7 mois et 5 jours en prison, Michel Cardon retrouve la liberté. Vêtu d'une veste noire et d'un pantalon gris, il a quitté à pied la prison de Bapaume accompagné par son avocat ce vendredi vers 8h45. "C'est une belle journée ?", lui demande son avocat. "Oui", répond-il tout simplement. 

Les deux hommes rejoignent ensuite une voiture. C'est le début d'une journée très particulière... Nos journalistes sur place, Anaïs Hanquet et Jean-Pascal Crinon, ont filmé cette sortie de prison peu commune. 


"Je suis très ému, et lui très heureux, il sourit tout le temps", a déclaré par téléphone à l'AFP son avocat Me Eric Morain, qui prenait un café avec son client sur une aire d'autoroute. "Il est très présent, il sait très bien ce qui se passe" malgré les séquelles d'un AVC qui rendent difficile son élocution.

Condamné à la perpétuité en 1977, Michel Cardon est désormais en liberté conditionnelle. Il va être accueilli dans un centre de réinsertion du Val d'Oise où il devra se soumettre à des soins psychiatriques. 

Il va être confronté à une réalité qu'il ne connaît pas.


C'est l''épilogue de l'affaire dite du "détenu oublié" ou "d'un des plus vieux détenus de France". Michel Cardon aurait pu demander sa libération conditionnelle depuis 20 ans. Mais l'administration pénitentiaire semble l'avoir oublié, il n'a reçu sa première visite qu'après 38 ans de détention. 

C'est cette visite, celle d'un de ses anciens co-détenus, qui va changer son destin. Inquiet de son état de santé, il alerte la presse. Touché par cette histoire, un avocat, Maître Eric Morain, va rendre visite à Michel Cardon. Il lui demande s’il a envie de sortir de prison puis entreprend des démarches pour faire valoir ses droits.

La société qui vous a sanctionné a choisi aussi de vous oublier


"La société qui vous a sanctionné a choisi aussi de vous oublier", écrit l'avocat dans un courrier daté du 12 février et adressé au président Emmanuel Macron. Les démarches judiciaires aboutissent fin mars quand le tribunal d'application des peines d'Arras décide de lui accorder la libération conditionnelle.  "C'est l'une de mes plus grandes émotions professionnelles, c'est une grande joie pour lui et j'espère qu'il pourra en profiter pleinement", avait alors réagi Eric Morain.

Cette demande de libération conditionnelle avait été déposée en 2016 après cinq requêtes rejetées, les experts relevant un risque de récidive toujours présent, selon le parquet d'Arras. Une sixième requête avait fait l'objet d'un désistement. Le parquet avait requis le 15 mars un placement extérieur probatoire à une libération conditionnelle dans un établissement pour personnes âgées dépendantes. Une demande "en droit et en humanité, lors d'une audience de justice comme on l'aime, comme on la rêve", avait salué son conseil.

Depuis ce jour, Michel Cardon a obtenu trois permissions de sortie. Une première, en avril, durant laquelle il avait déjeuné avec son avocat, puis deux autres en mai, de deux et trois jours. Il a donc déjà passé trois nuits à l'extérieur de la prison. Tout s'est bien passé.

A partir de ce vendredi, Michel Cardon va commencer une nouvelle vie. "Il va être confronté à une réalité qu'il ne connaît pas mais il va être accompagné par des professionnels à qui je vais le confier en toute confiance et en toute sérénité", explique à franceinfo l'avocat.

En milieu de journée, Michel Cardon est arrivé dans un centre d'hébergement et de réinsertion du Val-d'Oise, où il devra se soumettre à des soins psychologiques et psychiatriques.

"Heureux"


"La porte s'arrête à ce centre. C'est sa vie maintenant. Je l'ai remis à des professionnels qui vont s'occuper de lui", a commenté à l'AFP Me Morain. "Il était manifestement heureux, vraiment, ça se voyait, ça se voyait sur son visage."

Michel Cardon reste administrativement sous écrou de la prison d'Osny (Val d'Oise). Il sera suivi par un juge d'application des peines (JAP) de Pontoise, avec une période probatoire d'un an, conformément à la décision du tribunal d'application des peines d'Arras qui lui avait accordé fin mars sa remise en liberté conditionnelle "sous condition du bon déroulement d'un placement à l'extérieur" pendant un an à compter du 1er juin 2018.

"Les expertises et évaluations pluridisciplinaires les plus récentes ont relevé une dégradation importante des fonctions cognitives" du détenu, pouvait-on lire dans cette décision consultée par l'AFP. "Le dernier expert n'a retrouvé aucun élément en faveur d'un risque de récidive".

Condamné en 1977


L'histoire judiciaire de cet Amiénois de 67 ans remonte à octobre 1977. Michel Cardon et un complice pénètrent dans un pavillon d'Amiens. Le cambriolage tourne mal, un retraité est tué. La peine de mort est requise. Les deux hommes sont repartis avec un maigre butin de 200 francs et une charrette d'objets dérisoires. Reconnu coupable de meurtre, il est condamné à la perpétuité par la Cour d'Assises de la Somme.
 

Plus de 40 ans plus tard, son histoire va peut-être faire évoluer le système judiciaire et péninentiaire. C'est en tout cas ce qu'espère son avocat : "Il y a un vrai enjeu derrière : il faut éviter que les décennies s'ajoutent aux décennies et qu'on se retrouve avec des détenus de 80, 85, 90 ans. La prison n'est pas en mesure de s'occuper et d'accueillir des vieux détenus."


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