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Angélique a porté plainte en 2014 contre son gynécologue. Elle l'accuse de l'avoir agressée sexuellement au cours d'une consultation. Six ans plus tard, elle aimerait que l'affaire avance alors que le médecin continuer d'exercer à Arras en tant qu'endocrinologue.
"Il ne faut surtout pas que ça recommence", implore Angélique. En 2014, elle dépose plainte contre son gynécologue. Elle dit qu'il l'a agressée sexuellement lors d'une consultation mais six ans plus tard, il continue d'exercer en tant qu'endocrinologue dans le même cabinet. Aujourd'hui, elle raconte son histoire.
#Arras Accusé de dizaines de #viols et #agressions sexuelles, un #gynécologue continue d'exercer la médecinehttps://t.co/PS1Or6OJ1i
— Olivier Thomas (@olivier83110) February 16, 2020
Le 10 novembre 2014, Angélique a rendez-vous pour une rééducation du périnée. Elle ne connaît que lui comme gynécologue et lui accorde une confiance sans faille. Atteinte d'endométriose, il lui a permis, via la procréation médicalement assistée, d'avoir ses deux enfants.
Seulement, dès son arrivée, les choses sont différentes. Elle doit s'installer sur un siège, penché de telle manière qu'elle ne voit pas les actes réalisés par le médecin. "Je lui ai demandé si c'était nouveau cette manière de faire, mais il m'a dit qu'il mettait toujours le siège comme ça." Angélique s'installe, et même si elle est mal à l'aise dans cette position, la confiance règne.
La rééducation commence avec quelques exercices, puis, au bout d'un moment, elle dit sentir un souffle près de son vagin puis un coup de langue. "Je me dis, ce n'est pas possible, ce n'est pas ça. Je ne sens plus mes jambes, je ne me sens pas très bien. Je sens sa langue une seconde fois puis une troisième fois."
Tétanisée, elle n'arrive pas à parler. "Je me dis qu'il faut que je fasse un truc mais je me demande ce que je peux dire. Ce qui me passe par la tête, c'est de dire que j'ai des crampes."
Mais malgré cela, le médecin n'arrête pas selon Angélique : "Il continue quand même, je finis par lui dire qu'il faut vraiment que ça s'arrête car j'ai envie de faire pipi".
"J'étais incapable de mettre à nouveau les pieds à Arras"
Cette dernière phrase permet de mettre fin à la séance mais pas au traumatisme qu'elle ressent même des années plus tard. De la culpabilité d'abord. "Je m'en veux de ne pas m'être assise, de n'avoir réellement rien dit."
Puis des sensations qui ne disparaissent pas. "J'ai plaqué plein de choses autour de moi et oui c'est dur. J'ai quitté un travail et des collègues que j'aimais, un super patron, mon CDI car j'étais incapable de mettre à nouveau les pieds à Arras. Quand j'essayais d'y revenir, je ne sentais plus mes jambes, je n'arrivais plus à conduire", témoigne-t-elle.
Quelques jours après son agression présumée, Angélique porte plainte. "Au début, je ne voulais pas porter de plainte. Je l'ai fait pour protéger de futures potentielles clientes. C'est une ancienne collègue qui m'a fait avoir le déclic. J'ai réalisé que j'aurais été capable d'amener ma fille chez ce gynécologue tellement j'avais confiance en lui. Il fallait que je l'arrête pour que ça n'arrive plus à personne."
En 2015, le gynécologue est mis en examen pour "viols par personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions" et "agressions sexuelles". Il est placé sous contrôle judiciaire et a interdiction d'exercer en tant que gynécologue. Lui nie en bloc. Il estime que ses patientes ont mal interprété ses gestes qu'il assure être "scientifiques". Il continue d'ailleurs d'exercer en tant qu'endocrinologue dans le même cabinet à Arras.
Depuis l'enquête judiciaire stagne. L'avocat d'Angélique et de sa soeur, elle aussi victime présumée, a donc décidé de demander des auditions, un moyen pour lui de pouvoir accéder au dossier et d'espérer le faire avancer.