Trois jours après la dissolution de l'Assemblée Nationale par Emmanuel Macron, le maire de Caen, Joël Bruneau, se lance dans la campagne des élections législatives. À la tête de la ville depuis 2014, le Républicain est candidat sur la circonscription de Caen 1, où Fabrice Le Vigoureux ne se représente pas.
C'est un véritable coup de théâtre dans la vie politique caennaise, Joël Bruneau, maire LR depuis 2014 et président de la communauté d'agglomération de Caen-la-Mer, brigue le mandat de député sur la circonscription de Caen 1. Il est accompagné dans sa quête par Myriam Letellier, maire adjointe de Thue-et-Mue, maire déléguée de Cheux, également conseillère départementale.
Après une longue réflexion, j’ai décidé d’être candidat aux élections législatives, aux côtés de Myriam Letellier, maire-déléguée de Cheux. ⬇️ pic.twitter.com/43O3tpYDHe
— Joël Bruneau (@joelbruneau) June 12, 2024
Un boulevard vers Bourbon pour Bruneau ?
Le sortant, Fabrice Le Vigoureux (Renaissance) a longtemps hésité à poursuivre son aventure commencée en 2017 dans la foulée de l'élection d'Emmanuel Macron à l'Élysée, mais a finalement décidé de jeter l'éponge, mardi 11 juin dans la soirée. "Ma petit personne a peu d'importance car le camp de la raison et de la République doit avoir les meilleures chances de l'emporter (...) Joël Bruneau est le mieux placé pour qu'ici, le pire puisse être contré".
En 2022, le scrutin de sa réélection avait été très serré dans cette circonscription de Caen 1. Le Vigoureux avait conservé son mandat pour 200 voix seulement face à la jeune insoumise Emma Fourreau, 22 ans à l'époque. Côté LR, la candidate Sophie Simonnet était restée à quai dès le premier tour, ne récoltant que 13,9 % des suffrages.
En prenant la décision de se lancer dans la course à la députation, Joël Bruneau vise un sacré coup politique. S'il est élu, il permet à la droite de récupérer une circonscription. Toutefois, alors que sa famille politique est affaiblie depuis dix ans et déchirée depuis l'annonce d'Eric Ciotti d'une alliance avec le RN, le Caennais se présente sous l'étiquette "divers droite" et non sous l'égide des Républicains, un parti "en voie de disparition, obligé de se réformer d'ici peu".
Une opportunité en or, un passage de témoin en douceur
J'ai hésité et j'ai pris cette décision en conscience, en considérant que nous sommes un certain nombre d'acteurs du quotidien avec une relative crédibilité qui devons prendre leurs responsabilités dans cette période d'instabilité.
Joël Bruneau, candidat à la circonscription de Caen 1
La candidature du maire de Caen, apprécié par une forte majorité des habitants, est aussi un coup dur pour La France Insoumise, qui comptait sur la popularité grimpante d'Emma Fourreau pour glaner une circonscription presque gagnée en 2022. L'éventualité de voir une insoumise députée de Caen a d'ailleurs été l'une des principales motivations du maire caennais. "Je pense que Caen mérite mieux que des individus appartenant aux sphères les plus extrêmes de l'échiquier politique français".
Surtout que l'édile caennais ne devrait pas être concurrencé par un candidat de la majorité présidentielle. Emmanuel Macron a annoncé qu'il ne présenterait pas de liste face à des candidats "issus du champ républicain" - comprendre "compatible avec son projet" - ce qui est le cas de Joël Bruneau.
Au-delà des législatives, Bruneau pourrait réussir un joli coup au niveau local. À cause de la loi sur le non-cumul des mandats, il serait forcé de quitter la mairie. Il s'agirait d'une opportunité en or de mettre en orbite son successeur désigné Aristide Olivier, et ce, dès la mi-mandat. Pour ce qui est de la présidence de la communauté urbaine de Caen-la-Mer, il proposera que Nicolas Joyau lui succède en cas d'élection.