Malgré les interdictions, les rave parties envahissent la région

Pourtant interdite par la Préfecture, une rave party rassemblant 2 500 à 3 000 teuffeurs s'est tenue ce week-end près de Vire Normandie. Une autre est envisagée dans l'Eure ces prochains jours. Dans la région, le phénomène prend de l'ampleur depuis la fin de la pandémie de Covid.

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Ce lundi, le calme revient peu à peu à Noues-de-Sienne, entre Vire Normandie et Villedieu-les-Poêles - Rouffigny. Durant tout le week-end, les riverains de la Forêt Domaniale de Saint-Sever ont vécu, bien malgré eux, au rythme de la musique techno s'échappant des sept grandes enceintes installées illégalement dans deux champs avoisinants.

48 heures durant, les boums-boum incessants ont ébranlé la quiétude du Gast, commune rurale de 183 habitants, et des animaux nichés dans les bois alentour. Au lendemain de la rave party, les habitants du secteur sont encore choqués par un rassemblement trivial qu'ils étaient loin d'anticiper. 

Le bruit s'entendait à 20 km à la ronde, alors imaginez quand on vit à 100 mètres. On n'a pas pu dormir du week-end. Les bêtes étaient apeurées dans les champs. 

Témoignages d'habitants du Gast, à Noues-de-Siennes (14)

Les riverains n'ont pas été les seuls à être pris de court. Les services de l'Etat, eux aussi, ont été surpris. Ce n'est que lorsque les premiers teuffeurs ont commencé à installer leur matériel, vendredi après-midi, que la Préfecture du Calvados a réagi, publiant un arrêté pour interdire tout rassemblement de type rave party dans le département pendant tout le week-end. Assez tôt pour déclencher d'éventuelles poursuites judiciaires pour les contrevenants, mais trop tard pour empêcher les fêtards d'affluer par milliers.

Afin de sécuriser les lieux, et les alentours, il a fallu déployer 70 gendarmes, des pompiers et une douzaine de secouristes. Sur près de 3 000 participants à l'évènement, 82 ont reçu une amende, 14 ont été pris en charge par les secours, et huit ont été évacués vers l'hôpital de Vire. En outre, une plainte a aussi été déposée par le propriétaire des champs où les organisateurs de l'évènement ont pénétré par effraction. 

Les rave parties en pleine expansion dans la région

La rave party de Noues-de-Sienne était intitulée "Normandy invasion, acte 2". L'acte 1, lui, avait eu lieu il y a un peu plus d'un an, en juillet 2022. Organisé à Boischampré, près d'Argentan, il avait rassemblé 780 teuffeurs. Il s'agissait alors de la troisième free party en trois ans au même endroit, la polémique n'avait pas tardé à enfler

Cette année, en déménageant, les organisateurs ont réussi, d'une, à esquiver les services de renseignements, et de deux, à quadrupler le nombre de participants. D'ailleurs, force est de constater que depuis plusieurs mois, le phénomène prend de l'ampleur en Normandie.

Des rassemblements de plusieurs centaines, voire milliers d'adeptes de sound system ont eu lieu aux Moutiers-en-Cinglais près de Caen le 5 août, à Chambois dans l'Eure, le 14 mai, à Ger dans la Manche une semaine plus tôt, à Saint-Brice-sous-Rânes dans l'Orne en avril. Désormais en alerte, les gendarmes ornais avaient circonscrit de justesse une rave party dans le même secteur, et les nombreux arrêtés dégainés fin juin près de Rouen ont dissuadé les instigateurs d'un Projet X d'organiser l'évènement. 

Mais en dehors de prendre sur le fait les teuffeurs en pleine installation, les forces de l'ordre sont bien souvent désarmées face à des organisateurs au mode opérationnel bien rodé. "Ils passent par des systèmes de messagerie, des réseaux sociaux, la hantise des gendarmes", détaille un amateur de free parties, loin d'être surpris de leur développement dans la région. 

La Normandie, El Dorado des teuffeurs

"Les personnes qui organisent ne sont généralement pas de la région, poursuit-il. Ce sont souvent des 'envahisseurs bretons'. Ils cherchent sur Google Maps des terrains disponibles pour ce genre de rassemblements", à savoir des lieux vastes, reculés, isolés des villes. "Quand ils ont vu le potentiel de la région, ils s'y sont penchés". Une fois la parcelle repérée, le procédé est simple : "soit tu trouves un terrain, tu prends le cadastre et tu recherches le propriétaire. Soit, tu trouves le terrain et tu fais comme chez toi". 

C'est le second scenario qui s'est produit ce week-end à Noues-de-Sienne. Le propriétaire des lieux n'avait pas donné son accord pour accueillir les fêtards, ni même été contacté. Malheureusement pour lui, et ses voisins plus ou moins proches, ce ne sont pas une barrière, une clôture et un cadenas qui allaient empêcher les teuffeurs de se rassembler pour profiter deux jours durant de la puissance du sound system. 

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