Après l'abandon de Carentan dans la Manche, l'ancien site de la SMN est évoqué pour implanter le projet de spectacle immersif autour du Débarquement. La maire de Mondeville sort du silence ce jeudi 6 juillet et affiche clairement son opposition.
Le 23 juin dernier, le maire de Carentan, Jean-Pierre Lhonneur, annonçait, la mort dans l'âme, que les promoteurs du projet "Hommage aux héros" renonçaient à s'implanter dans sa commune. L'élu local, qui comptait sur les 250 emplois que devait générer ce spectacle immersif autour du Débarquement, estimait que les différents recours déposés par les opposants (notamment les défenseurs de l'environnement) avaient découragé les porteurs du projet. Ce découragement, on le sentait poindre depuis déjà plusieurs semaines avec la rumeur d'une possible arrivée sur l'ancien site de la SMN (Société Métallurgique de Normandie). "Si on ne nous permet pas d'aller à Carentan, il y a des friches industrielles près de Caen", indiquait, en mars dernier, Richard Lenormand, directeur de "Hommage aux héros".
Le maire de Colombelles (la commune où se situe l'ancien site de la SMN), l'historien Marc Pottier a reconnu avoir rencontré les promoteurs du spectacle et n'a jamais exprimé d'opposition au projet. Depuis l'abandon du site de Carentan, il est resté silencieux. Tout comme Joël Bruneau, le maire de Caen et le président de l'agglomération de Caen-la-Mer dont dépend l'ancien site de la SMN. Hélène Burgat, la maire de Mondeville, est donc la première élue locale à prendre clairement position sur ce sujet ce jeudi 6 juillet.
Une histoire "écrasée par la puissance marketing"
Si l'usine de la SMN était implantée à Colombelles, l'histoire de Mondeville est intimement liée au site industriel. C'est sur le quartier dit du "Plateau" qu'étaient installés les logements dévolus aux ouvriers. Sollicitée par de nombreux habitants, dont plusieurs anciens salariés de la Socitété Métallurgique de Normandie, Hélène Burgat sort du silence et affiche clairement son opposition au "parachutage" de l'Hommage aux héros.
Madame le maire estime tout d'abord que l'histoire du Débarquement est déjà suffisamment bien racontée par bon nombre de musées alentour (musée du Débarquement à Arromanches, Mémorial pour la paix à Caen, Mémorial des civils à Falaise). "À Mondeville, l’histoire du Débarquement et de la Bataille de Normandie, c’est celle des carrières situées sous le Plateau, où jusqu’à 8 000 personnes se terrèrent pendant 5 semaines avant de partir sur les routes de l’exode", rappelle Hélène Burgat, qui craint justement que cette histoire soit "écrasée sous la puissance marketing du projet".
Un "sentiment d'indécence"
Et c'est sur ce point que porte la deuxième attaque de la maire de Mondeville. Surnommé "D-day land" par ses détracteurs, le projet "Hommage aux héros" a, dès son annonce, suscité de nombreuses craintes quant à son approche de l'histoire. Des craintes qui ne sont toujours pas dissipées. "Le véritable moteur du projet Hommage aux héros, trahi par cette vidéo (une vidéo de présentation) qu’il faut impérativement voir pour comprendre, est purement mercantile. Les promoteurs de ce grand barnum semblent ne pas connaître les Normands", dénonce la maire de Mondeville, "Ici, en ces terres de modération, le vrai prix de la Liberté est connu, et je suis convaincue que beaucoup partageront avec moi le sentiment d’indécence qui se dégage du projet."
Enfin, Hélène Burgat estime que les 12 hectares de terrain pressentis pour y installer le spectacle immersif "Hommage aux héros" constituent "une ressource précieuse qu’il faut utiliser à bon escient notamment à l’heure de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Cette sobriété foncière confère à ces terrains une dimension stratégique essentielle pour le développement de projets économiques structurants."
Le 23 juin dernier, les promoteurs du projet "Hommage aux héros" ne semblaient pas jeter l'éponge. "D’autres sites existent en Normandie. Nous annoncerons prochainement notre choix", assuraient-ils après l'abandon de Carentan. Depuis, silence radio.