"Derrière le beau packaging, il y a de la merde" : ces agriculteurs servent un menu du Mercosur pour révéler le goût du libre-échange

La confédération paysanne de la Manche a installé un restaurant éphémère dans un centre commercial à Agneaux (Manche) ce jeudi 28 novembre. Le syndicat qui défend une agriculture paysanne souhaite attirer l'attention sur les conséquences néfastes que pourrait avoir un traité de libre-échange avec les pays d'Amérique du Sud.

De la viande aux hormones, des œufs produits en cage, des poivrons pollinisés... C'est le menu peu ragoûtant imaginé par des agriculteurs manchois de la Confédération paysanne, jeudi 28 novembre, pour alerter les consommateurs sur le traité de libre-échange, en cours de négociation avec les pays du Mercosur.

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Ce repas du libre échange est servi sur une table dans le hall d'une grande surface située à Agneaux (Manche). Sur la nappe blanche sont dressés des couverts en argent, des assiettes et même un chandelier. Les agriculteurs ont pensé à tout pour éveiller la curiosité des passants. "C'est un moyen convivial et joyeux de convier les citoyens à prendre conscience de ce qui se cache derrière le Mercosur", explique Annick Briand, agricultrice.  

Autour de l'installation, des clients s'approchent et certains prennent place à la table. Après avoir consulté le menu du libre-échange, ils ont le plaisir de découvrir le fameux mets caché sous une cloche. Surprise : du crottin de cheval mêlé à de la paille. L'un des organisateurs de la manifestation retient un rire en voyant le visage étonné d'un couple de retraités. Le but recherché est atteint.

De nouvelles opérations à prévoir

"Ce qu'on montre aux consommateurs c'est que derrière le beau packaging qu'ils nous proposent, c'est de la merde. Sous la cloche, il y a aussi un petit agriculteur pendu parce que les conséquences du libre-échange c'est une rémunération moindre et des paysans qui se suicident tous les ans", dénonce Aurélien Marion, porte-parole du syndicat agricole. 

Si le repas est indigeste, le message de la confédération touche la clientèle. "Cela ne fait pas envie... et ça fait réfléchir", commente une consommatrice. "Le monde agricole va disparaître selon moi et la qualité des produits ne sera pas à la hauteur de ce qu'on peut espérer", réagit un autre visiteur du centre commercial.

Face au succès de cette première opération, les agriculteurs de la confédération paysanne de la Manche n'excluent pas de remettre le couvert très prochainement. Parallèment, les syndicats agricoles poursuivent leur mobilisation entamée il y a quinze jours dans toute la Normandie. 

(Avec Florent Turpin et Bastien Odolant)