« Toi, tu seras le premier que je vais buter », c'est la phrase dont se souvient l'un des deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe pris en otage le 4 janvier 2016 par un détenu. Le preneur d'otage présumé est jugé ce mardi 17 septembre dans l'Orne, aux Assises.
Ce lundi 4 janvier 2016, la prison de Condé-sur-Sarthe est le théâtre d'une double prise d'otages. Il est midi lorsqu'un détenu profite de la distribution des repas pour s'en prendre à deux surveillants. Il agrippe et jette le premier à terre dans sa cellule et le menace d'une lame confectionnée de manière artisanale. Il attire ensuite le second dans la cellule en menaçant de s'en prendre à son collègue.
Cette prise d'otage a duré deux minutes, un laps de temps relativement court en temps normal mais très long pour les agents concernés. "Pendant ces deux minutes, nos collègues se sont vus mourir", expliquait le lendemain Emmanuel Guimaraes, du syndicat SNP F.O. L'intervention d'autres surveillants, qui ont réussi à détourner l'attention du détenu, a permis d'éviter le pire.
L'affaire devait être examinéeen Justice devant le tribunal correctionnel mais elle a été requalifiée et renvoyée aux Assises ce mardi 17 septembre 2019.
L'homme a maintenant 31 ans. En prison depuis l'âge de 15 ans suite à des vols et des violences, il a été condamné à l'âge de 19 ans à 4 ans d'emprisonnement. Mais depuis 2007, il enchaîne les faits de violences et dégradations en prison et a été condamné pour ces faits à 11 ans et 9 mois de prison supplémentaires. Le détenu a déjà connu 23 établissements pénitentiaires.
Agressions et prises d'otages, à Condé-sur-Sarthe
Inaugurée en 2013, la prison de Condé-sur-Sarthe est présentée comme étant "la prison la plus sécurisée de France". Très rapidement, les incidents se multiplient. Au bout d'un an, la moitié des gardiens de Codé-sur-Sarthe demandent leur mutation.Le dernier épisode violent date du 12 juin 2019. Un surveillant et une stagiaire sont pris en otage. L'homme avait déjà à son actif cinq prises d'otages dans des établissements pénitentiaires différents.
Trois mois plus tôt, le 5 mars 2019, c'est un détenu radicalisé qui poignarde deux surveillants dans une attaque qualifiée "d'acte terroriste".
Le 7 février 2018, un surveillant pénitentiaire est agressé par un détenu qui lui porte des coups à la gorge et au visage à l'aide d'un stylo. L'agresseur a dit vouloir "tuer un surveillant" ce jour-là, rapportait le syndicat FO pénitentiaire.
En novembre 2017, un détenu qui voulait être transféré agresse cinq surveillants et en blesse quatre. Récemment condamné pour cette agression, le détenu s'emporte violemment alors qu'il comparait devant la commission disciplinaire du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe. Il a été condamné à 3 ans de prison supplémentaires.
Octobre 2017, un détenu agresse une infirmière. De retour au centre pénitentiaire après un séjour en hôpital psychiatrique, il a rendez-vous avec l'infirmière psychologue, dans l'enceinte de l'établissement. Seul avec la soignante, l'homme la saisit par le cou et sort une arme tranchante réalisée avec une brosse à dents.
Quinze jours plus tôt quatre surveillants sont brûlés au 1er et 2ème degré par un détenu qui leur jette le contenu d'une bouilloire. Ils ont été admis aux urgences pour des "brûlures graves au visage, torse et avant bras".
En juin 2017, un détenu perfore à plusieurs reprises un surveillant avec un pic artisanal de 15 cm de long. L'homme venait de sortir d'un régime surveillé.
Février 2016, un détenu attaque trois surveillants à l'aide d'un pot de nutella d'un kilo placé dans une chaussette.
Juin 2015 un détenu attaque un surveillant avec une fourchette.
Janvier 2014, un détenu blesse un surveillant avec un poinçon artisanal. Les syndicats rappellent alors "qu'une quinzaine d'agressions majeures ont eu lieu en moins de 6 mois".