Avec le retour des beaux jours, les microalgues vont-elles investir le littoral normand ?

C'est un phénomène qui touche particulièrement les côtes bretonnes. Des microalgues qui se développent en grandes quantités et qui colorent l'eau de la mer. D'où viennent-elles ? Sont-elles dangereuses ?

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A plusieurs reprises sur les côtes de la Manche, des promeneurs et des baigneurs ont constaté que l'eau de la mer était étrangement colorée. En 2022, les microalgues ont touché les côtes françaises à 53 reprises.

Cette année, le phénomène est apparu très tot dans la saison en Bretagne. Le 18 février dernier dans la baie d’Audierne, dans le Finistère sud, des eaux mousseuses vertes ont été observées près de Doëlan. Après analyses, elles sont issues de la décomposition de la microalgue Mesodinium rubrum

Les côtes normandes touchées ?

En Normandie, l'Institut français de recherches pour l'exploitation de la mer (l'Ifremer) a recensé quatre signalements d’eaux colorées l'année dernière. A deux reprises dans le Calvados, le 27 juillet 2022, et à deux reprises également en Seine-Maritime, le 13 puis le 25 août de la même année. Les scientifiques soulignent que c'est la microalgue Akashiwo sanguinea (qui donne des efflorescences de couleur brune-orangée) qui avait alors été détectée.

Pour l'heure, pas de traces de prolifération de microalgues sur les côtes normandes en 2023. Chez nos voisins bretons, c’est la première fois que ce phénomène est observé en plein coeur de l'hiver. "Cet épisode exceptionnel rappelle que les efflorescences de microalgues sont imprévisibles et pourraient l’être plus encore dans le contexte du changement climatique", souligne l'Ifremer.

Habituellement, l'Ifremer précise que les algues prolifèrent avec l'arrivée des beaux jours au printemps. L'augmentation des températures de la mer au plein au milieu de l'hiver est un phénomène inédit qui inquiète.

Quelle toxicité ?

L'institut précise qu'il existe des milliers d'espèces de microalgues connues. Parmi elles, seule une vingtaine est toxique. "Ces phénomènes naturels obligent parfois les préfectures à interdire temporairement la consommation d’huîtres, de moules ou d’autres coquillages provenant de zones de production contaminées par les toxines de certaines de ces microalgues", précise l'Ifremer. 

Si malgré tout un consommateur imprudent mange des mollusques contaminés, il s'expose dans les cas les moins graves à des troubles gastriques. Dans des cas plus rares et plus graves, les espèces toxiques peuvent causer des troubles neurologiques. 

Si vous tombez nez-à-nez avec une mer colorée (verte, brune, rouge…), signalez-le vite aux scientifiques le site web phenomer.org ou sur l’application

Ifremer

La prolifération des microalgues peut également gravement dérégler l'écosystème marin. "Lorsqu’elles « blooment », colorant les eaux en rouge, orange ou vert selon les espèces. En se décomposant en grande quantité, elles peuvent consommer tout l’oxygène d’une zone", explique Maud Lemoine, biologiste et coordinatrice des réseaux de surveillance des microalgues dans l'eau de mer et des toxines dans les coquillages.
Sans oxygène, tous les poissons, larves et mollusques d'une aire marine peuvent se retrouver asphyxier.

Ces dernières années, les scientifiques ne constatent pas d'évolution dans la prolifération des microalgues sur les côtes normandes. Dans d'autres régions du monde, où le dérèglement climatique est plus marqué, le phénomène serait plus préoccupant.

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