Même si la nature paraît bien se porter en ce milieu d'été, les spécialistes des forêts s'inquiètent face à la vague de fortes chaleurs qui s'abat actuellement en Gironde. Le risque de sécheresse est élevé et avec lui, celui d'incendie. Pompiers, experts et propriétaires sont sur le qui-vive.
"Restons prudents". Bien que la végétalisation soit verte et que les arbres se portent bien, un risque d'incendie plane sur les forêts girondines. Pour cause, des températures caniculaires atteignent par endroit les 40 degrés dans le département. Pompiers, experts et propriétaires scrutent les forêts pour éviter qu'elles revivent les incendies historiques de l'été 2022.
"Si le couvert végétal est dense, notamment en raison d'un printemps pluvieux, nous ne sommes pas épargnés par les feux, tient à rappeler le commandant Mathieu Jomain du service départemental d'incendie et de secours de Gironde. La saison va encore durer deux mois, si ce n'est plus, et une météo soudaine et violente peut voir le jour, comme nous le constatons ces jours-ci avec la première canicule de l'été."
Les incendies de 2022 en mémoire
Aujourd'hui, "les pompiers s'appuient sur une culture du retour d'expérience", explique le commandant, rappelant les violents incendies de l'été 2022. Pour que de tels feux ne se reproduisent pas, le service départemental d'incendie et de secours de Gironde a mis tous les moyens de son côté en prenant part au pacte capacitaire. Une initiative gouvernementale qui permet aux pompiers de Gironde de recevoir des camions-citerne, des pick-up et autres moyens de lutte contre les incendies, payés en partie par l'État et le département.
En dehors de ces moyens techniques, le volet prévention est aussi assuré. Chaque jour, les 800 bénévoles girondins de la Défense de la forêt française contre les incendies (DFCI) se rendent sur le terrain, en forêt, à l'aide de pick-up ou de voitures personnelles. Le but : sensibiliser et prévenir les passants sur les comportements à risque, dont les barbecues et les cigarettes en forêt. Si toute la Gironde est couverte par cette surveillance, "une attention particulière est donnée à certains lieux, victimes de précédents incendies, à l'image de Landuras et des forêts du Médoc", précise Bruno Lafon, président de l'association DFCI-Aquitaine.
Une coopération nécessaire
Les forêts du littoral sont aussi soumises à l'observation des experts de l'Office national des forêts (ONF). "À l'heure actuelle, nous sommes très vigilants, presque inquiets au regard des hautes températures de la semaine, confie Francis Maugard, expert risques naturels à l'ONF. Même si la forêt n'est pas desséchée et que les arbres ont actuellement un bon état physiologique, explique Francis Maugard, la situation peut changer très rapidement."
Pour éviter tous les risques, les agents patrouillent dans les forêts du littoral depuis le début du mois de juin. "Ils se déplacent avec un pick-up qui a un système d'arrosage intégré, ce qui facilite l'intervention, explique Francis Maugard. Ils sont en relation étroite avec les pompiers qui les préviennent en cas de départ de feu proche du littoral." Pour lui, cette coordination est nécessaire. "Les agents de l'ONF connaissent parfaitement leur terrain et peuvent plus facilement escorter les pompiers dans les endroits difficiles, qui ont du relief."
En dehors de ces dispositifs réglementés, les propriétaires jouent un rôle important dans la lutte contre les incendies. "Les propriétaires fonciers sont au centre du dispositif puisqu'ils font beaucoup d'observation, note Matthieu Cabaussel, vice-président du syndic des propriétaires de la forêt usagère de la Test-de-Buch. Aujourd'hui, notre objectif est d'obtenir des permis de construire pour installer de nouveau des cabanes dans les forêts, dont une cinquantaine a brûlé en 2022. Ce sont des lieux essentiels pour observer les risques et pouvoir alerter les pompiers."