L'une des raisons de la gronde des agriculteurs, c'est le retard de versement des aides de la nouvelle PAC 2024. Certains n'ont reçu que le tiers du montant dû cette année et doivent faire face à d'importants problèmes de trésorerie, comme Jérôme Mazeras, éleveur bovin en Haute-Vienne.
Le soleil se lève sur Saint-Sulpice-les-Feuilles, près de La Souterraine. Dans quelques heures, Jérôme Mazeras ira rejoindre le barrage des agriculteurs au rond-point de La Croisière sur l'A20, comme tous les jours depuis mardi 23 janvier.
Des préoccupations financières permanentes
Mais avant cela, il doit s'occuper de ses bêtes. À la tête d'une exploitation de 120 vaches limousines et avec un salarié à mi-temps, les préoccupations financières sont permanentes. D'autant plus que cette année, les aides de la politique agricole commune (PAC), normalement versées entre octobre et décembre, ne sont pas entièrement arrivées.
"Pour ma part, il reste un solde de 30 % à venir. Pour certains de mes confrères, il leur en manque la moitié, voire les deux tiers. [...] Encore une fois, on est tributaire de tout ça, on ne fait que subir", déplore-t-il.
Comment peut-on gérer une trésorerie quand il manque plusieurs milliers d'euros ? Comment peut-on se verser un salaire, nourrir les animaux, payer les annuités à la banque ?
Jérôme Mazeraséleveur bovin
Baisse des aides de la PAC et hausse du prix du GNR
Un retard qui intervient dans un contexte d'explosion des charges, notamment le gasoil non routier (GNR). "Suivant les périodes saisonnières, 1 500 litres en trois semaines ou un mois, il n'y en a plus. Là, on a une facture de 1 872 euros donc ça impacte forcément la trésorerie."
Pour un éleveur bovin, les aides européennes représentent environ la moitié des revenus de l'exploitation. Or la renégociation de la PAC a aussi abouti à une baisse de 30 % des aides aux vaches allaitantes.
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"On avait signé des engagements pour 85 euros par hectare et on nous a donné 62 euros. Et la raison, on ne l'a pas. L'enveloppe est soi-disant vide. Je ne trouve pas ça très correct. Nous, agriculteurs, on subit, on nous donne ce qu'on veut bien nous donner."
Aujourd'hui, Jérôme Mazeras se pose des questions sur la pérennité financière de son exploitation. Comme beaucoup de ses collègues, il se dit prêt à poursuivre la mobilisation aussi longtemps qu'il le faudra.