Indonésie, Népal, Turquie... Les pompiers de l'Urgence nationale, ONG fondée à Limoges en 2004, fêtent leurs vingt ans. L'occasion de revenir en images, sur cette histoire, mais aussi de trouver de nouveaux financements pour leurs interventions futures.
Quand une catastrophe se produit dans le monde, ils sont toujours prêts à partir et ne font aucune hiérarchie dans la misère et la souffrance de leurs contemporains.
Car la question du financement de leurs missions ne se pose jamais. L'association "les pompiers de l'urgence internationale" est titulaire d'un compte bancaire bloqué sur lequel elle a toujours au minimum 80 000 euros. De quoi financer immédiatement deux missions sans faire appel à leurs habituels partenaires.
Philippe Besson, fondateur et président de l'ONG, fait appel aux donateurs à postériori. Elle fonctionne sur un modèle d’engagement volontaire et bénéficie de soutiens publics et privés pour financer ses missions.
Les Pompiers de l'Urgence internationale (PUI) ont célébré leurs vingt ans d'existence, ce samedi 9 novembre à l'Opéra de Limoges. Plus de 700 personnes se sont déplacées du monde entier pour remercier les hommes qui ont secouru 21 000 blessés dans 53 missions d’urgence et dans une trentaine de pays.
L'histoire de cette association est à découvrir dans le reportage de Pascal Coussy et Frédérique Bordes.
Solidarité et sauvetage
Créée en 2004 par des pompiers et des spécialistes de l’urgence, l’idée derrière les PUI est simple, mais ambitieuse : créer une force d’intervention rapide, capable de se déployer n’importe où dans le monde en cas de séisme, d’inondation, de tempête, ou de crise humanitaire. Ainsi, une quarantaine d'hommes sont en permanence prêts à partir en 48 heures.
Même si on est bénévoles, il faut qu’on soit absolument carrés et professionnels. D’autant qu’on est la première équipe française reconnue par l’ONU depuis 2010. Et donc, on a aussi cet objectif de garder cet agrément. Et puis on est regardés par de nombreux pays
Philippe BessonFondateur et président des Pompiers de L'Urgence Internationale.
Le colonel Philippe Besson est bien connu à Limoges, où il a accompli une grande part de sa carrière professionnelle. C'est lui qui est à l'origine de l'association : "J’ai toujours voulu être pompier. Je suis issu d’une famille de pompiers : mon père, mon grand-père, mes frères, mes neveux. Le déclic, je l’ai eu quand j’ai eu mon 1ᵉʳ poste d’officier et que nous sommes partis en Roumanie pour apporter des médicaments. Quand je suis arrivé sur place, et que j’ai vu la misère du pays à l’époque, les orphelinats qui étaient dans des conditions déplorables, des enfants qui ne connaissaient même pas le chocolat ou les clémentines, je me suis dit il y a un truc qui ne tourne pas rond là."
Les pompiers de l'urgence internationale sont aujourd'hui 260. Ils sont reconnus par l'ONU qui vient les évaluer tous les cinq ans : "Ce qui frappe souvent les évaluateurs de l’ONU, c’est notre cohésion, notre esprit de famille. Il n’y a pas d’engueulades, pas de grade, pas de salaire, et tout le monde s’entend très bien."
Vingt ans de missions compliquées
Quelques semaines seulement après sa création en 2004, l'équipe des pompiers de l'urgence est intervenue sur le Tsunami qui a fait des dizaines de milliers de morts en Indonésie.
En 2005, l’ONG a été en première ligne pour secourir les victimes d'un séisme dévastateur au Pakistan. En 2010, elle est intervenue lors du tremblement de terre en Haïti, une catastrophe qui restera gravée dans les mémoires tant par l’ampleur des dégâts que par la mobilisation internationale. Les pompiers français ont gagné le respect et l’admiration des populations locales et des partenaires humanitaires.
Parmi leurs interventions notables, on compte également le séisme au Népal en 2015 et l’ouragan Dorian aux Bahamas en 2019, où ils ont assuré la logistique de secours et les soins médicaux, tout en apportant un soutien psychologique aux victimes.
Mais c'est probablement le séisme qui s'est produit en Turquie dans la nuit du 5 au 6 février 2023 qui a le plus marqué Philippe Besson : "On a eu peur, parce qu’il y avait des répliques permanentes. Les dégâts étaient majeurs. J’ai rarement vu des dégâts aussi importants dans une cité d’un million d’habitants. Le centre-ville était totalement rayé de la carte. On était pas du tout à l’aise avec nos personnels. Cette mission a été la plus compliquée en vingt ans".
À lire aussi : TÉMOIGNAGE. Une femme et une jeune fille de 11 ans sauvées par les Pompiers de l'Urgence Internationale en Turquie
Les défis à venir
Les Pompiers de l’Urgence Internationale font face à des défis de plus en plus complexes. Les catastrophes climatiques augmentent en fréquence et en intensité, avec des événements extrêmes touchant des régions autrefois épargnées. L’ONG anticipe également un besoin croissant en ressources pour continuer à offrir ses services et renforcer ses équipes de terrain.
À revoir, notre émission Dimanche en Politique : "On est là, si vous avez besoin, pour déployer des chiens, des drones, de l'eau potable": Philippe Besson, président de PUI, est à la disposition des autorités espagnoles
Pour marquer son anniversaire, l’ONG organise plusieurs événements et activités de sensibilisation à Limoges, avec des conférences, des expositions et des démonstrations de leurs interventions. L'événement sera aussi l'occasion pour l’organisation de faire un appel aux dons et au volontariat. L’ONG espère ainsi attirer de nouvelles recrues et recueillir des fonds essentiels pour continuer son action dans les années à venir.